En Algérie, le soleil et la mer se payent à prix d’or

Redaction

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Aller à la plage : c’est sûrement l’un des loisirs les plus courants des vacanciers algériens. Ce devrait également être l’un des moins coûteux. S’allonger sur une serviette, planter un parasol, s’abriter du soleil, se baigner, bronzer… Autant d’activités théoriquement gratuites et qui, pourtant, peuvent devenir très onéreuses. Accéder à certaines plages en Algérie est presque devenu un loisir de luxe.  Le non-respect de la loi qui assure normalement l’accès gratuit à la plage, ou le contournement de la législation par des voies détournées sont des problématiques récurrentes depuis des années.

Depuis des années, l’accès à de nombreuses plages est devenu payant. Que ce soit de façon directe à travers la demande de s’acquitter d’un droit d’entrée ou de façon indirecte en faisant payer toute une série de prestations qui conditionnent de fait le droit de s’installer à un emplacement. Des pratiques qui s’opposent normalement à la loi qui garantit l’accès gratuit à la plage.

Accès payant : le coût de la plage ou des services ?

Au fil des ans, plusieurs officiels algériens ont reconnu que l’accès payant à la plage était devenu une pratique courante mais ils affirment qu’elle a considérablement diminuée. Déjà en juillet 2010, par exemple, Abdelkader Gouti avait tenu les propos suivants sur les ondes de la Chaine III : « Il y a eu une période où ce phénomène avait pris de l’ampleur. Mais avec l’application de la loi, il a été éradiqué à près de 80%. Aujourd’hui, on impose rarement aux citoyens de payer l’accès à la plage sans qu’il y ait des prestations en retour». En 2013 pourtant rien n’a changé, alors que la loi, plus précisément l’article 5, garantit bien la gratuité de l’accès. Néanmoins, certaines plages surnommées «plages privées» continuent de facturer l’accès à une partie de la plage qui est souvent bien placée, mieux entretenue que le reste de l’endroit, plus propre, plus sécurisée et devant une zone de baignade surveillée. D’autres, en particulier les plages communales, ne facturent pas l’accès en soi à la plage mais font payer toute autre prestation : le droit à un emplacement, un parasol, une chaise, un transat… Et les vacanciers récalcitrants qui viennent avec leur propre équipement sont régulièrement délogés de l’endroit.

Une partie des plages qui facturent, directement ou indirectement, l’accès à la plage sont des concessions cédées par les autorités locales. Des privés obtiennent le droit d’exploiter des parcelles qui ne doivent normalement pas excéder 25% de la surface globale de la plage, le reste étant laissé aux APC. Pour en disposer, il faut répondre à un cahier des charges bien précis, notamment l’entretien, la sécurité et la propreté du lieu. Pourtant l’hygiène est souvent l’un des points qui laisse à désirer et à propos duquel se plaignent de nombreux estivants. «La plupart des plages en Algérie sont sales, il y a des déchets sur le sable et des sacs plastiques qui flottent dans la mer», déplore Mordjane, une étudiante algérienne de 22 ans. «Personnellement ça ne me dérange pas de payer pour avoir une place avec un transat à la plage, à partir du moment où c’est vraiment propre et que le sable est nettoyé».

Le squattage des sables

Outre les parcelles gérées par concession, une autre problématique préoccupe les estivants algériens. Des groupes, notamment de jeunes, s’attribuent la gestion de plages censées être totalement publiques et gérées par les APC. Ils s’arrogent le droit de demander des frais de parking, de location de matériel (parasol et chaise) et même d’entrée. Un sujet de mécontentement qui n’est pas nouveau. «Quoique mis en évidence à l’entrée de chaque site de baignade, les écriteaux de l’APPL assurant que l’accès aux plages est gratuit conformément à la loi, font juste office de décor», constatait déjà El Watan en juillet 2010. Le quotidien algérien avait ensuite relevé «les largesses et le laisser-faire accordés aux jeunes qui exploitent les plages illégalement en imposant des tarifs d’accès exorbitants aux estivants».

Un an plus tard, au cours de la saison estivale 2011, un autre quotidien algérien dénonçait strictement les mêmes agissements, preuve que ce problème n’est pas encore résolu. Liberté qualifiait ainsi les groupes qui accaparent les plages pour en faire des endroits payants de «voleurs de sable». Prenant l’exemple de Cap Djinet parmi tant d’autres, le journal affirmait que «des individus, assurés de l’impunité, plantent des piquets avec du fil barbelé pour cerner la côte dans son ensemble et en faire payer l’entrée».

Coût élevé du parking, de l’accès à la plage ou des prestations, exploitation illégale de parcelles, non entretien, absence de sanitaires, harcèlement des filles en maillot de bain, manque d’hygiène sur la plage et dans les gargotes du bord de mer… Les problématiques nombreuses auxquelles font face les vacanciers algériens en dissuadent certains de se rendre régulièrement sur les plages nationales. Quelques-uns partent à l’étranger tandis que d’autres, de plus en plus nombreux, préfèrent les piscines des hôtels ou les parcs aquatiques. Dans la région d’Alger, des parcs tels que le Kiffan Club ou l’Aquafortland par exemple connaissent un succès grandissant. L’accès est payant mais ces espaces de jeu aquatiques offrent une ambiance familiale et sécurisée avec des prestations claires et précises.