Tlemcen : Mon patrimoine, ma bataille

Redaction

Ces murs d’histoire qui tracent la ville, des minarets de pierre qui élèvent vers cette cité historique et pieuse. Tlemcen n’a pas volé sa réputation, son patrimoine est sans aucun doute sa plus belle richesse.

Devant l’immensité du Ksar d’El Mansourah ou devant le magnifique bassin du palais royal d’El Méchouar, il est impossible d’être insensible. La beauté ces édifices qui ont traversé les siècles et l’histoire qu’elles recèlent laissent naître un sentiment de fierté. Fierté incommensurable surtout pour les Tlemcéniens qui se prêtent volontiers au jeu de la valorisation du patrimoine. Dans n’importe quelle rue de la cité, vous croiserez forcément un habitant pour vous indiquer votre chemin vers ces merveilles de l’histoire et qui en plus, vous révélera le secret de ces forteresses du passé.

L’amour du patrimoine dès le plus jeune âge

L’histoire a une place prépondérante dans la société tlemcénienne. La ville fait tout pour inculquer cette culture auprès de ses habitants. D’autant plus depuis qu’elle a été « Capitale de la culture islamique en 2011″. La ville a multiplié les manifestations, lancé des plans de restauration mais elle a également fait naître le goût de transmettre au monde entier cette culture arabo-musulmane. Toutes les générations sans exception se sentent concernés par ce patrimoine dans l’ancienne capitale des Zianides. «J’ai tout appris à l’université, j’ai tenu à suivre des cours d’histoire avec la spécialité art islamique. Nous sommes nombreux à suivre cette spécialité», explique Brahim, un jeune guide culturel et touristique de 22 ans rencontré à El Méchouar. Ce choix d’orientation pour Brahim a été motivé par la richesse de sa ville, il a toujours été ébloui par ces siècles d’histoire qui sont restés débout en dépit de l’usure du temps. Il chérit tellement sa ville, qu’il est impossible de lui faire dire quel monument il préfère, «chaque lieu a son histoire, sa beauté esthétique, c’est impossible ce choisir, j’aime tout », affirme timidement le jeune guide.

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Le Palais royal d’El Méchouar, l’un des héritages les plus anciens de la dynastie Zianide

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Au-delà de l’aspect historique, Brahim s’est tourné vers ce métier, car il était sûr qu’il trouverait un débouché à l’issue de cette formation. « Tous les diplômés de ce cursus finissent par devenir guide dans les différents monuments de la ville et de la région. Regardez-moi je n’ai même terminé mes études que j’ai pu décrocher ce poste ici à El Méchouar », confie-t-il. De quoi convaincre plus d’un étudiant à se tourner vers ce domaine. Le jeune homme est très impliqué dans sa mission culturelle, et il s’évertue désormais à prendre des cours d’anglais et de français pour mieux communiquer avec les nombreux touristes qui viennent visiter ces lieux indissociables de l’identité tlemcénienne.

Histoire des aïeux et de leurs descendants

Indépendamment de la transmission effectuée par la ville de Tlemcen, son histoire est surtout une culture orale. De père en fils la tradition et les mythes se transmettent, et c’est ce qui permet de faire vivre le patrimoine de la ville. « Ma grand-mère m’a tout appris », affirme Zinou, un guide tlemcénien qui fait voyager les curieux du site de Sidi Boumediene. Il connaît l’histoire du lieu par cœur, et même s’il l’a déjà racontée des milliers fois, il a toujours une lueur dans les yeux, preuve de son admiration pour ces lieux enchanteurs. « Nos ancêtres nous ont tout appris et j’espère que nous laisserons à nos enfants et aussi à nos invités », plaisante-t-il. Cela fonctionne puisque même les touristes venus des autres wilayas ont retenu la leçon. «J’étais vraiment surpris par ce que j’ai vu aujourd’hui. J’ai retenu qu’il s’agissait de la maison du sultan comme nous l’a expliqué le guide. C’est incroyable ces sites historiques. Les Algériens ne pensent pas à découvrir leur pays, et j’espère qu’ils verront l’importance de ce site », explique Abdallah, un jeune blidéen venu pour un court séjour.

Une transmission orale rendue possible car chaque site a toujours son gardien des secrets, si ce n’est pas un guide, il y a toujours un tlemcénien lambda prêt à partager son héritage. Parfois ce sont même eux qui nous font découvrir des pans de l’histoire que les autorités ont tendance à oublier…

Les trésors cachés des Tlemcéniens

Tlemcen ne s’arrête pas à ses immenses monuments islamiques et historiques. La ville recèle encore plus de trésors laissés pas nos descendants, mais que seuls les natifs de Tlemcen connaissent. Si l’on se laisse guider par ses habitants, la ville nous propose découvertes sur découvertes. Comme dans le centre-ville de Tlemcen, près de Jamah El Kébir, dans un immeuble désuet où se cache un arbre millénaire, nous assure Sofiane, un Tlemcénien qui travaille dans le quartier. Ce grenadier qui servait de lieu de réflexion à un saint aurait grandi et survécu par lui-même. Malgré les siècles, il est encore debout et s’étend dans toute une cour. Autour de lui ont été construites des habitations, mais l’arbre ne s’est pas laissé étouffer par la modernité. Il ne fait plus de fruits, mais sa ronce reste solide.

Quelques rues plus loin dans la rue Aissat Adir, c’est une toute découverte avec Kader qui nous emmène dans un hôtel où se cache un merveilleux Hammam qui date des années 40. Jamais restauré le lieu a gardé son charme d’antan. La mosaïque n’a pas pris une ride, et on entend encore les voix des Algériens qui venaient se laver dans le lieu. Bien qu’il soit fermé au public, et n’appartient pas au patrimoine officiel de la ville, il suscite la curiosité des chanceux qui en entendent parler. « Beaucoup de Français viennent visiter le lieu. Ils sont surpris par son état et sa beauté », affirme Kader.

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Leur patrimoine, les Tlemcéniens l’ont dans la peau. L’histoire de leur ville, ils la voient comme un avantage, certes économique dans un premier temps, il permet de faire vivre leur cité, de leur offrir du travail. Mais il représente également une richesse personnelle, sur laquelle s’appuyer pour construire son identité et sa fierté d’avoir des ancêtres algériens qui ont bâti une culture ineffaçable. Un passé en somme qui offre un avenir à l’une des villes  les plus rayonnantes d’Algérie. 

Visitez Sidi Boumediene avec Zinou un Tlemcénien passionné par sa ville

Amina Boumazza – Vidéo et photos Collectif Makkouk

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