L’Algérie a perdu face au Malawi par un score sans appel, 3-0. Bien évidemment, les langues se délient et les débats s’enflamment. Dans les Forums, dans les cafés comme dans les coins de rues, tous les Algériens s’improvisent experts footballistiques. Chacun y va de son analyse et l’absurde est plus que prédominant dans les discussions cosmiques d’après match.
La réalité est que nous n’avons rien à faire de notre temps et que notre cervelle n’est pas assez grosse pour parler d’autre chose que de foot. Ou plutôt de l’équipe nationale de foot. A peine le match Algérie-Malawi terminé, les Algériens sont sortis occupés l’Algérie, mais cette fois non pas par des klaxons, mais par des discussions enflammées et un excès de colère qu’aucune décision politique n’a provoqué. Mais bon, ça c’est un autre sujet et on se contentera de vous rapporter ce qui s’est dit juste après la déroute des Fennecs.
«One two three, viva Malawi», scandaient certains Algériens qui tentaient de refouler leur déception par un étrange procédé de changement de nationalité. Ça fait rire, mais wellah c’est vrai. Pour les plus intellos d’entre-nous, c’est l’esprit analytique qui a primé. Comme il est de coutume dans ce genre de situation, il nous a fallu vite trouver un coupable. On en a trouvé plusieurs.
D’abord Saïfi et Chaouchi ont été maudits jusqu’au petit matin. Qu’est ce que vous voulez, on est ainsi fait, on oublie vite le meilleur pour n’en garder que le pire. En l’espace de 90 minutes, ces deux hommes sont passés du statut d’idole nationale à celui d’ennemi public. Pourtant on aimait bien les encenser pour leur rôle avéré dans la qualification au Mondial. Il aura suffit qu’ils ne soient pas dans leur peau une heure seulement et les voilà devenus les souffres douleur de tout un peuple. Après ces deux pauvres joueurs, c’est Saâdane le coupable. Alors lui, c’est la meilleure. Il a été traité d’incompétent! De défaitiste! D’auteur de mauvais choix, notamment pour le lieu du stage et de l’équipe alignée. Enfin bref, en gros Saâdane n’y connaît rien en foot et on manque de peu de demander sa peau.
Pourtant, il y a à peine quelques mois, on n’arrivait même pas à marquer au Bénin. Et on s’accrochait fort à notre rêve de participer à une CAN. C’est ce qu’on appelle avoir la mémoire courte, mais c’est très courant chez nous. Vient ensuite le lot de bizarreries que vous n’aurez pas raté bien évidemment. Ça va du climat à l’humidité, de la programmation du match au sponsor Puma, sans oublier la meilleure des meilleurs: la maudite tenue verte. Alors méditant un peu, j’ai trouvé qu’il était tout à fait inutile d’évoquer encore une fois ce sujet, mais s’il le fait c’est pour rappeler que la CAN c’est du foot et le foot c’est du divertissement. Restons en là.
D’autres matchs suivront. Si on gagne c’est tant mieux, si on perd c’est tant pis et ça ne sera pas plus malheureux que la grève de Rouïba ou le ventre vide de Meriem. Et puis, pour être franc, disons-le clairement, si le Malawi a gagné, c’est qu’il a joué mieux que l’Algérie. C’est aussi simple que ça.
Nina A.