17 octobre 1961/ Lies Saadi, député FLN : « L’Etat français doit demander des excuses aux Algériens »

Redaction

17 octobre 1961

Lies Saadi est député FLN et fils de moudjahid. Il s’exprime sur les massacres du 17 octobre 1961 à Paris. Il exige des excuses de la France et appelle à l’ouverture des archives. Entretien.

Algérie Focus: A l’occasion de la commémoration des  massacres du 17 octobre 1961, vous appelez l’Etat français à présenter des excuses. Pourquoi ?

Lies Saadi: Tout d’abord, je suis un fils de moudjahid, il est donc tout à fait normal pour moi d’exprimer ce genre de revendications. Ensuite, parce  qu’il s’agit d’un évènement qui est un des plus sombres épisodes de l’histoire de la révolution nationale. La France a  la responsabilité historique de reconnaître et de présenter des excuses pour les crimes perpétrés lors de sa présence coloniale en Algérie. Plus de 40 ans après, on se rappelle encore de la nuit du 17 octobre 1961, ou le colonisateur français a commis l’un de ses crimes les plus sinistres à l’encontre d’Algériens sans défense. Nous nous rappelons aussi du fait que la sanglante répression, qui s’est poursuivie bien au-delà de la nuit du 17, s’était soldée par des dizaines de manifestants jetés dans la Seine, tués par balles ou morts le crâne fracassé par des manches de pioche ou des crosses de fusil.  Il faut dire aussi à ce sujet que j’appelle à ne pas oublier ce crime, perpétuer la mémoire des centaines d’algérien et condamner ce crime d’Etat. Dans le meme ordre d’idées, j’appelle à l’ouverture des archives  pour que toute la vérité soit enfin connue et que justice puisse être rendue

Pourquoi, à votre avis, les archives demeurent-elles  sous embargo ?

Par ce qu’il y a justement une méprise quant à l’importance de ces archives. Mais pas seulement parce qu’il y a aussi la peur des conséquences que pourraient entraîner la connaissance de certaines vérités. Mais dans tous les cas de figure, l’ouverture des archives de cette période de l’histoire du pays permettra de répondre à tous les questionnements que l’on se pose.

Quel impact aura une reconnaissance des crimes coloniaux sur les relations algéro-francaises ?

Nous aurons des relations apaisées et nous permettra d’aborder notre coopération avec beaucoup de sérénité, sans aucune passion. A travers cette reconnaissance, nos relations commerciales, économiques, politiques et culturelles seront empreintes de quiétude et toutes les tensions et passions disparaitront. C’est ce vers quoi sous souhaitons aller.

Pourquoi pensez-vous que la France n’a pas, jusqu’au jour d’aujourd’hui, reconnu les crimes coloniaux ?

Je ne sais pas. Mais, la reconnaissance est un impératif parce que la France est un partenaire de choix dans tous les domaines. Et à chaque visite d’Etat, la question de la reconnaissance se posera et se posera encore, autant la régler dès maintenant.

Entretien réalisé par Karima Sinane