2010, l'Algérie a les potentialités pour devenir un pays pivot

Redaction

pivot « Éviter des solutions erronées à des problèmes mal posés » Professeur Robert Reich

Le président de la République algérienne entame le lancement de son nouveau programme économique à compter du 01 janvier 2010 de plus de 150 milliards de dollars 2010/2013, après une dépense de 200 milliards de dollars entre 2004/2009. Sommes nous sur la bonne voie ? T- elle est la question qui mérite un débat contradictoire utile loin de toute passion, car engageant l’avenir du pays et donc la sécurité nationale. Aussi, un bilan sans complaisance s’impose afin de corriger les effets pervers de la politique socio –économique actuelle. Telle est l’objet de cette modeste contribution.

I-LA CRISE MONDIALE 2008/2009 ET IMPACTS SUR L’ÉCONOMIE ALGÉRIENNE

L’année 2009 qui se termine a vu les conséquences de la crise d’octobre 2008 qui n’est pas encore terminée du fait que les deux causes sont encore là : la prédominance de la sphère financière sur la sphère réelle et les distorsions entre les salaires en baisse (chômage) et les profits (non ceux de l’entreprise créatrice de richesses) spéculatifs en hausse comme pour la crise de 1929 mais avec cette différence fondamentale, l’interdépendance plus accrue des économies et la naissance de pays émergents , ce qui fait que la crise est mondiale et que la solution ne peut être que globale. Or c’est un élément déterminant de la hausse de la demande des hydrocarbures l’Algérie exportant 98% de cette rente éphémère. Un autre élément l’écroulement du prix de cession du gaz sur le marché spot (marché libre) représentant 1/3 des recettes en hydrocarbures bien que l’Algérie soit régie temporairement par les contrats à moyen terme, qui selon les prévisions des experts durera entre 4/5 années (nouvelles technologies du gaz et abondance des producteurs) – Donc nous avons eu un impact indirect négatif sur les recettes en devises de l’Algérie qui ont baissé globalement d’environ 40/45% en 2009 et pour 2010/2014, tout dépendra du cours du pétrole, le prix du gaz lui étant indexé.

Autre impact sur la valeur de nos placements à l’étranger en bons de trésor américains, euros, livre sterling et yen ( 70/80% de nos réserves, libellées 40% en dollars, 40% en, euros , 5% en livre sterling et 5% en yen ) à la fois du fait du dérapage du dollar ( perte de la valeur d’environ 50% depuis 2000 du dollar) , la baisse des intérêts pour le dollar et les autres monnaies , les taux directeur des banques centrales allant vers zéro. Mais grâce à cette embellie des cours des hydrocarbures, l’Algérie a procédé par anticipation au remboursement de sa dette extérieure qui est actuellement inférieur à 4 milliards de dollars y compris celle à moyen terme , contre plus de 30 milliards de dollars fin 1999 et également sa dette publique intérieure en dinars algériens évaluée à moins de 700 millions de dinars fin 2009 contre plus de 1700 milliards de dinars fin 2006. Mais le problème posé, est ce que l’on s’est attaqué aux causes de ces dettes où est ce un jeu d’écriture grâce aux recettes des hydrocarbures ? Cela a permis également de consacrer 10% du produit intérieur brut aux transferts sociaux dont 1000 milliards de dinars pour la loi de finances 2010, somme importante mais dont l’action est mal ciblée et mal gérée, ne permettant pas aux plus défavorisés et aux secteurs inducteurs d’en bénéficier .

On assiste , en plus de la solidarité familiale, paradoxalement grâce à la crise du logement ( même marmite, même charges), de et de la sphère informelle produit de la bureaucratie et des dysfonctionnement des institutions de l’Etat avec comme conséquence l’extension de la corruption , jouant comme soupape de sécurité employant selon la déclaration récente du Ministre du travail entre 25/30% de la population active en 2009,à une cohésion sociale fictive entretenu par une distribution de la rente, n’existant pas d’ailleurs comme nous le verrons par la suite , une véritable politique salariale encourageant le travail et l’intelligence mais des distributions de rentes à tous les niveaux.

Enfin, l’Algérie a des réserves de change d’environ 144 milliards de dollars permettant au rythme des dépenses (importation de biens plus services environ 40 plus 11 soit 51 milliards non compris les nouveaux investissements projetés sur fonds publics du fait de la nouvelle politique gouvernementale privilégiant les fonds propres) donc de résister à la conjoncture pendant trois années pour un baril à prix constant (1 euro= 1,30 dollar) à environ de 70 dollars, du fait qu’il faille tenir compte des recettes additionnelles à ce cours si l’on maintient le rythme des dépenses et surtout l’actuelle mauvaise gestion comme les années 2004/2009.

II- BILAN DU PLAN DE SOUTIEN A LA RELANCE ÉCONOMIQUE 2004/2009

L’année 2009 verra la fin du programme du président de la république de soutien à la relance économique 2004/2008 qui est passé successivement de 55 milliards de dollars fin 2004, à 100 fin 2005, 140 fin 2006 et dépassera certainement 200 milliards de dollars fin 2009, ces dépenses étant permises grâce au cours élevé des hydrocarbures entre 2006- premier semestre 2008 dont les infrastructures ont absorbé plus de 70% de ce montant. Or la question qu’il convient de se poser : les impacts ont-ils été proportionnels à ces dépenses colossales et sans précédent qui représentent 40% du programme du président US, 35% du programme de la Chine et plus de 50% du programme de l’Europe ? Car le taux de croissance moyenne 204/2009 a été inférieur à 3% selon l’officiel et invoquer 10% hors hydrocarbures en 2009, et comment expliquer par miracle ce doublement par rapport aux prévisions du Ministre des finances il y a de cela seulement 5 mois, est une utopie, c’est un chiffre artificiel, car plus de 80% des segments hors hydrocarbures sont irrigué eux-mêmes par la rente des hydrocarbures restant aux entreprises créatrices de richesses moins de 2/3% hors hydrocarbures alors que le taux de croissance de la population active dépasse 3,5% ‘flux annuel de demande d’ emploi additionnel 450.000/500.000 /an. Pour des dépenses représentant 1/3, des pays similaires au notre ont eu un taux de croissance largement supérieur témoignant à la fois de mauvais choix dans l’allocation des ressources financières et de la mauvaise gestion généralisée ce qui implique de poser les raisons de l‘ inefficacité de la dépense publique car le taux de croissance durable et non fictif hors hydrocarbures aurait du être de plus de 7/8%?

D’abord, l’existence d’un décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles ;-l’absence d’interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d’investissement et le budget de fonctionnement (récurrent) ;-des passifs éventuels potentiellement importants, des écarts considérables entre les budgets d’investissement approuvés et les budgets exécutés ;- des longs retards et des surcoûts pendant l’exécution des projets, ce qui témoigne de la faiblesse de la capacité d’exécution des organismes d’exécution ; la performance de l’Algérie est particulièrement mauvaise à toutes les différentes étapes de la formulation, de l’exécution du budget, de l’établissement de rapports et de la passation des marchés ;les importations ,plus particulièrement celles liées aux projets dans les secteurs du transport et des travaux publics, augmenteront plus rapidement que les exportations, une analyse des coûts démontrant que les projets sont extrêmement coûteux ; de nombreuses décisions de projet ne sont pas fondées sur des analyses socioéconomiques.

Ni les ministères d’exécution, ni le ministère des Finances n’ont suffisamment de capacités techniques pour superviser la qualité de ces études, se bornant au contrôle financier effectué par le ministère des Finances, le suivi technique (ou physique) exercé par les entités d’exécution étant inconnu ou au mieux insuffisant et enfin lié à tous les aspects précédents, les résultats des projets et programmes ne font pas l’objet d’un suivi régulier.

Il n’existe aucune évaluation a posteriori permettant de comparer ce qui était prévu avec ce qui a été réalisé et encore moins de comparer le coût- avantage ou l’efficacité avec la situation réelle. Ce qui fait que le non respect des normes minimales – dans l’analyse du ratio coûts- avantages, rentabilité sociale et profils des projets a de graves conséquences en termes de ressources gaspillées, de duplication des activités et de problèmes de passations de marchés. De nombreuses faiblesses trouvent leur origine dans l’urgence qui accompagne la préparation des projets notamment la myriade de demandes spécifiques auxquelles les projets sont supposés répondre et le chevauchement des responsabilités entre les diverses autorités et parties prenantes (25 commissions ministérielles et 48 commissions de wilaya dans le cas du PSRE).

Ces enjeux institutionnels et de gouvernance qui contribuent largement à limiter la réussite des projets à alourdir les coûts, renvoient à la faiblesse des réformes institutionnelles et micro-économiques, bien que les réformes macro-économiques sont relativement satisfaisantes mais éphémères, l’Algérie possédant l’une des économies les moins diversifiées parmi les pays à revenus intermédiaires et des pays producteurs de pétrole. Le programme de réformes est à la traîne dans les domaines tels que l’accession à l’OMC, la privatisation des entreprises publiques, la modernisation du secteur financier et dans des domaines de la gouvernance tels que la réforme de l’administration fiscale et de l’appareil judiciaire. Ce qui explique les raisons d’inefficacité, de gaspillage et de corruption. Nous aurons ainsi 4 impacts de l’inefficacité de la dépense publique niveau macro-économique :

a- sur le volume des importations car le gonflement est du essentiellement à la dépense publique et ses surcoûts ;

b- sur le processus inflationniste qui est à l’origine essentiel de l’inflation et non les salaires qui représentent moins de 18% rapporté au produit intérieur brut donc sur le pouvoir d’achat de la majorité ;

c- sur la balance des paiements du fait que le doublement de la valeur des services entre 2006/2008 (11 milliards de dollars en 2008) concerne essentiellement le poste infrastructures et le montant sera identique sinon supérieur en 2010 avec ce paradoxe fuite des cerveaux et appel à l’assistance étrangère, l’appel à l’émigration étant un mythe si l’on continue à privilégier les rentiers gravitant autour des sphères du pouvoir.

d- sur le faible taux de croissance ; les exportations hors hydrocarbures indicateur de l‘efficacité économique n’ont jamais dépassé 1,5 milliard de dollars avec une chute inquiétante de 40% en 2009 selon les dernières statistiques douanières, moins de 1 milliard de dollars, 50% étant représentés par des déchets ferreux et semi ferreux.

L’année 2009 a vu aussi la loi de finances complémentaire qui a réorienté toute la politique du gouvernement principalement sur les infrastructures avec une tendance au renforcement du secteur d’Etat et le problème posé à travers cette instabilité juridique est ce la bonne voie ce d’autant plus qu’elle est liée à un Accord de libre échange avec l’Europe applicable depuis le 01 septembre 2005 devant aller vers un dégrèvement tarifaire zéro horizon 2014? Ainsi durant l’année 2009 de profondes divergences rendues publics entre l’Algérie et ses principaux partenaires commerciaux notamment la majorité des pays occidentaux y compris les USA sur leur inquiétude face à l’instabilité juridique et au retour vers le dirigisme étatique des années 1970, à ne pas confondre avec le rôle stratégique de l’Etat régulateur en économie de marché concurrentielle. Et ce après des mesures d’ordre commercial (30%70% pour le commerce nationaux/étrangers avec une période de cacophonie sur la notion de rétroactivité, 51/49% pour l’industrie/services du passage du REMDOC au CREDOC, la suppression du crédit à la consommation, le Ministre du commerce reconnaissant récemment mais avec retard que ce passage sans transition pénalise bon nombre de MI/PME qui n’ont pas assez de trésorerie qui risquent d’aller vers la sphère informelle. Car, hélas les dernières statistiques douanières (les 10 mois de 2009) ne donnent qu’un ralentissement de 3% de la valeur des importations (soit 1,2 milliard de dollars), nous orientant vers 38/39 milliards de dollars contre 40 milliards en 2008, somme dérisoire alors que nous avons assisté à une déflation des prix au niveau mondial (- baisse des prix, donc inflation importée presque nulle) et à une récolte intérieure exceptionnelle (pluviométrie). Qu’en sera-t-il s’il y a retour de l’inflation au niveau mondial entre 2010/2014 ? Donc ces mesures ont eu une portée limitée ne s’étant pas attaqué à l’origine de la hausse des importations qui est l’inefficacité de la dépense publique.

III- L’ANNÉE 2009, RETOUR DE L’INFLATION, L’ÉROSION DU POUVOIR D’ACHAT DE LA MAJORITÉ ETUNE AUGMENTATION DU SMIG DE 3000 DINARS

Autre élément de l’année 2009 l’augmentation du SMIG de 3000 dinars mais là aussi il faut détruire un mythe qui n’a pas de fondement scientifique de l’origine de l’inflation qui est de retour amenuisant le pouvoir d’ achat des Algériens : selon l’ONS , 1,6% en 2006, 2,5% en 207, 4% en 2009, allant vers 6% en 2009, posant d’ailleurs le problème du taux d’intérêt bancaire qui devrait être supérieur de 2 à 3 point par rapport au taux d’inflation et surtout la méthode de calcul de l’indice des prix par l’organisme officiel de la statistique ONS.

Cela revient donc à poser clairement les problèmes de l’impact de l’inflation comme vecteur de concentration du revenu national au profit d’une minorité de couches rentières , la majorité des ménages consacrant entre 2008/2009 plus de 80% de leurs revenus pour les produits de première nécessité ( dont l’indice des prix officiel pour 2009 l’évalue entre 15/20% de hausse, seul taux significatif pou ces ménages ) et donc sur leur pouvoir d’achat . Aussi, l’inflation ne peut être comprise sans l’analyse des mécanisme de la régulation d’ensemble,liant mode d’ accumulation et répartition du revenu par couches sociales et que toutes les études faites jusqu’à présent montrent que l’inflation en Algérie n’est pas d’origine essentiellement salariale, notre pays ayant le taux de salaire le plus faible du MENA (rapport entre masse salariale et PIB avec et sans hydrocarbures) Dans ce cadre, je voudrai apporter les précisions suivantes :

a- Faute d’enquêtes précises renvoyant hélas au système d’information surtout sur la répartition du revenu par couches sociales déterminantes pour toute politique salariale fiable, information qui s’est totalement effritée en Algérie pouvant conduire à des erreurs de politique économique se chiffrant en milliards de dollars, il faut effectivement être nuancée. Mais existent des signes non trompeurs à travers tout le territoire national de la concentration de revenus au profit d’une minorité de couches rentières et une paupérisation de larges couches de la population.

b.- J’ai démontré dans mes différentes contributions que les salaires sont loin d’être à l’origine du processus inflationniste en Algérie si l’on s’en tient aux données de l’ONS et que la raison principale est la faiblesse de la régulation d’ensemble amplifiée par l’inefficacité de la dépense publique. La première raison du retour à l’inflation est la dépense publique clôturée entre 2004/2009 à plus de 200 milliards de dollars US comme rappelé précédemment qui n’est pas du tout proportionnelle aux impacts économiques et sociaux. Car, les infrastructures ne sont qu’un moyen accessoire du développement et les expériences négatives de l’Espagne et la semi faillite récente de Dubaï doivent faire réfléchir le gouvernement algérien.

Cependant je maintiens effectivement du fait du non maîtrise de la régulation, et donc au manque de visibilité et de cohérence dans la politique socio-économique, une augmentation inconsidérée risque de mettre en péril les PMI/PME qui ne peuvent supporter une trop grande augmentation , constituant la majorité du tissu productif et les orienter la sphère informelle, d’accélérer l’importation du fait de la faiblesse de la production locale et d’accentuer le processus inflationniste du fait d’effets psycho sociologiques mis en relief nettement par l’économiste Keynes ( effet cumulatifs d’anticipation). La deuxième raison est l’assainissement des entreprises publiques entre 1991/2008, plus de 3000 milliards de dinars et plus 325 milliards de dinars lois de finances 2009/2010 (plus de trois cent mille milliards de centimes) 70% des entreprises publiques étant revenus à la case de départ selon les rapports officiels.

c- Et vient seulement en troisième position la masse salariale de très loin. Pour preuve les salaires comme l’atteste sa baisse vertigineuse dans le produit intérieur brut depuis 20 ans actuellement inférieur à 20% contre une moyenne de plus de 50% dans les pays développés et pays émergents oubliant que le salaire est créateur de valeur, n’est pas la cause fondamentale de l’inflation comme nous l’avons montré chiffres à l’appui par ailleurs dans le cadre d’une audit que j’ai eu l’honneur de diriger pour le compte des pouvoirs publics entre 2006/2007. C’est surtout l’envolée des dépenses improductives et le gaspillage des ressources financières qui sont les causes essentielles du retour à l’inflation. Selon le professer Mohamed MUZETTE chercheur au CREAD, une récente étude sur le marché du travail en Algérie (2009) indique que l’évolution de la Rémunération totale des salariés (RS) s’est caractérisée par une baisse tendancielle de son poids dans le Revenu national disponible (RND).

La baisse, de près de 6 points de pourcentage entre 2001 et 2006, a bénéficié à l’excédent net d’exploitation, qui constitue la rémunération du capital, dont la part dans le RND a progressé de près de 10 points de pourcentage, pour se situer à 66% du RND. Par rapport au Produit intérieur brut (PIB), les proportions de la RS sont de 23% et 17,7% respectivement en 2001 et 2007. A titre de repère, ce ratio était de près de 50% en 2005 pour toute la zone euro (moyenne). De même, le poids des revenus salariaux dans le revenu brut des ménages (RBM) est aussi sur une tendance baissière (35,5% en 2001 et 34,5% en 2006), baisse qui a profité aux indépendants dont poids des transferts monétaires est resté stable à un peu plus de 20%.

Il me semble qu’il faille comme l’a montré le grand économiste polonais KALECKI dans la dynamique de la croissance de différencier le salaire appliqué à la création de valeur du traitement( T) qui constitue un transfert de valeur, encore que les travaux du PNUD sont plus fins à propos de l’indice du développement humain , les traitements de l’éducation et la santé contribuant à terme à la création de valeur. Nous aurons alors dans le modèle dynamique amélioré de Kalecki T1 (éducation/santé essentiellement) et T2 ce dernier devant être limité au maximum car constitué en majorité de ce que les marxistes appellent des emplois improductifs, encore qu’avec les services qui deviennent de plus en plus marchands, la dichotomie emplois productifs/improductifs traditionnelle doit être dépassée.

Pour le cas Algérie, la problématique des salaires ne peut être isolée de la réforme globale en incluant l’approche institutionnelle et cela renvoie au concept de bureau de Max Weber nécessaire dans toute économie mais dans un sens négatif en Algérie car destructeur de richesses s’autonomisant en tant que pouvoir bureaucratique.

IV-CONCLUSION : LE DÉFI DE L’ ALGÉRIE 2010/2014

La mondialisation dans sa version contemporaine renvoie non seulement à des interactions internationales d’ordre économique mais aussi à des interactions de type religieux et culturel, politique idéologique et militaire, et dont la crise d’octobre 2008 qui est loin d’être terminée préfigure d‘importants bouleversements géo stratégiques et socio-économiques tenant compte du futur défi écologique, horizon 2015/2020.

L’Algérie devra s’y adapter si elle veut éviter sa marginalisation croissante, tant politique qu’économique surtout avec l’épuisement inéluctable des hydrocarbures. C’est pourquoi toute stratégie d’adaptation ou de réponse à ce phénomène doit embrasser l’ensemble de ses composantes et de ses manifestations, notre participation volontaire et active à l’ordre international en construction devant être appréhendée et retenue comme un objectif de toute première importance. Notre adaptation est un problème de sécurité nationale et donc un défi pour les générations futures, évitant le retour suicidaire du volontarisme étatique des années 1970.

Aussi, le défi essentiel est de dynamiser la production et les exportations hors hydrocarbures et passer d’une économie de rente à une économie productive. Cela passe par une plus grande cohérence et visibilité dans la démarche de la régulation globale et donc par la bonne gouvernance. Cela passe par les deux fondamentaux du développement du XXIème siècle tenant compte de l’insertion dans les nouvelles mutations mondiales, une meilleure gouvernance centrale et d’entreprise et le savoir loin des empois rentes.

L’Algérie doit tirer les enseignements de la crise des prêts hypothécaires. Car, il s’agit de réorienter en urgence l’actuelle politique fondée essentiellement sur les infrastructures qui ne sont qu’un moyen du développement souvent clefs en main sans transfert du savoir faire sous le prétexte fallacieux du respect des délais en orientant le financement vers le savoir et les activités productives. Il s’agit de poser les véritables problèmes à savoir l’approfondissement de la réforme globale pour un véritable développement durable tenant compte du nouveau défi écologique et du nouveau modèle de consommation énergétique qui se mettra en place au niveau mondial entre 2015/2020.

Et seules des réformes internes permettront de modifier le régime de croissance pour atteindre une croissance durable hors hydrocarbures condition de la création d’emplois à valeur ajoutée, mettant fin progressivement à cette croissance volatile et soumise aux chocs externes, les dépense monétaires sans se préoccuper des impacts et l’importance des réserves de change, n’étant pas synonyme de développement car fonction, du cours des hydrocarbures. Or, paradoxalement, l’avancé ou l’accélération des réformes en Algérie est inversement proportionnelle au cours du pétrole, paradoxalement étant freinée lorsque les cours s’élèvent. Et nous revoilà au fondement du système rentier au sens toujours négatif car la rente peut être une bénédiction ou une malédiction, voir le déclin de l‘Espagne pendant plus de deux siècles après l’épuisement des découvertes d’or et la rente agricole comme nous l’enseigne l’expérience des pays capitalistes qui a permis par la suite une dynamique de développement.

C’est donc un enjeu vital pour les générations futures d’autant plus qu’il est admis que l’Algérie sera un importateur net de pétrole ans moins de 18 ans et un importateur net de gaz dans moins de 25 ans ayant seulement 1% des réserves mondiales de pétrole et 3% pour le gaz devant tenir compte de la forte consommation intérieure. Or 18/25 ans c’est demain l’Algérie étant indépendante depuis plus de 47 ans. Bonne année 2010 pour notre pays en espérant qu’elle sera meilleure à l’avenir pour l’Algérie qui a toutes les potentialités pour devenir un vecteur actif au sein e l’espace euro- méditerranéen et arabo- africain, son espace social naturel, car le bilan de l’année 2009 est mitigé.

Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d’Université – Expert International

NB- (Voir les interviews dans Chorouk du 20 décembre 2009 des professeurs en sciences économiques de Abderrahmane Mebtoul ex président du conseil algérien des privatisations et Abdelmajid Bouzidi ex conseiller économique à la présidence de la république sur l’inflation et la détérioration du pouvoir d’achat des Algériens)