Appel pour l’érection d’un mémorial à Marseille en hommage aux soldats africains qui ont combattu pour la France

Redaction

Dans une tribune publiée ce jeudi par le site français Mediapart, Lounès Chérif, fils d’un ancien combattant de l’Armée d’Afrique, rend hommage aux nombreux soldats venus des colonies pour libérer la France du joug nazi. Et déplore qu’aucun lieu de mémoire ne leur soit consacré à Marseille, qu’ils ont pourtant largement contribué à libérer la ville le 28 août 1944.

70 ans jour pour jour après avoir repris Marseille à l’occupant allemand, aucun musée de la ville n’évoque le rôle incontournable joué par les soldats de l’Armée d’Afrique dans l’opération. Avec plus de 120.000 unités, ceux-ci constituaient pourtant plus de la moitié des troupes de « l’Armée B française », débarquées en Provence le 15 août 1944. Les 3è et 7è régiments de tirailleurs se sont particulièrement illustrés dans les combats près de la basilique Notre-Dame de la Garde de Marseille, moment-clé de la prise de la ville.

Plus de 120.000 Africains mobilisés en 1944

Les contingents de l’Armée d’Afrique ont combattu aux côtés des français lors du conflit avec la Prusse en 1870, avant de participer aux deux Guerres mondiales. Plus d’un million d’Africains y ont laissé la vie. Et pourtant, la reconnaissance par l’ancien colonisateur de cette contribution essentielle est récente et demeure un sujet sensible, comme en témoignent les vives critiques qui ont émaillé la participation de soldats algériens au défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées.

A l’occasion du 60è anniversaire du débarquement de Provence en 2004, l’historien français Benjamin Stora déclarait : « On ignorait en France – on l’ignore toujours – que, en grande partie, ce sont les tirailleurs algériens qui, les premiers, sont entrés à Marseille pour la libérer. » Des propos qui rappellent étrangement ceux, dix ans plus tard, de Lounès Chérif : « Il importe qu’au-delà des anciens combattants, la Nation, tout entière liée par les sacrifices consentis pour sa liberté, enseigne et évoque régulièrement le souvenir de l’Armée d’Afrique. […] Il reste à espérer qu’on ne va pas attendre 90 ans pour le faire, comme on a attendu 2006 pour inaugurer un mémorial musulman à Verdun, en souvenir de la terrible bataille de 1916 et de la forte participation de l’Armée d’Afrique lors de la première guerre mondiale. »