La situation dans le Sud algérien est très inquiétante et compliquée à la fois. Après les tristes événements qui se sont déroulés récemment à Bordj Badji-Mokhtar, où 25 personnes ont été tuées lors des affrontements tribaux entre Barabiche et Idnane (Touareg), voilà que la grogne a gagné la localité voisine, Timiaouine. Ici, les habitants sont sortis pour protester contre les conditions de vie qualifiées d’insupportables.
En effet, le siège de l’Assemblée populaire communale (APC) a été pris d’assaut hier par des centaines d’habitants de Timiaouine.
Motif de cette grogne : les conditions de vie sont insupportables, affirment les habitants. Femmes, hommes, vieillards et enfants, tous se trouvaient, hier, devant le siège de l’APC avant de décider, carrément, de le fermer pour dire leur colère.
En parallèle, une lettre a été adressée hier par des associations de ladite commune au wali d’Adrar. Dans cette correspondance, les signataires dénombrent plusieurs points de difficultés socioéconomiques endurées par les habitants de Timiaouine.
Parmi les problèmes soulevés, l’alimentation de la commune en énergie électrique car, souvent, des coupures d’électricité surviennent, surtout durant l’été, une période où la demande connaît un boom à Timiaouine.
L’absence d’une prise en charge digne de ce nom a engendré beaucoup de pertes chez les commerçants et de souffrances dans les foyers qui se voient privés d’une alimentation en continu en énergie électrique.
Selon une source locale, «la commune de Timiaouine n’est alimentée en énergie électrique que six heures par jour». «L’électricité est interrompue 12 heures par jour et cela tout au long de l’année», ajoute cette source. Pourtant, les travaux d’installation d’une centrale électrique ont été entamés et sont presque terminés.
On avait annoncé la mise en fonction de cette station pour le mois de Ramadhan de l’année en cours, mais cela n’a pas eu lieu. «Imaginez la situation avec la grande chaleur spécifique au Sud où la température frôle, souvent, les 60 degrés», indique cette source.
Aussi, dans leur correspondance au wali d’Adrar, ces associations demandent la mise en fonction de cette centrale électrique dans les plus brefs délais, car les habitants ne peuvent plus supporter cette situation.
Selon des citoyens que nous avons pu joindre par téléphone, les conditions de vie sont extrêmement difficiles, les gens sont gagnés par une grande colère et c’est devenu insupportable pour eux de continuer à vivre dans des conditions pareilles. En plus du problème de l’énergie électrique, les habitants de Timiaouine font face à d’autres, de taille. Il s’agit, en second lieu, du transport.
Le problème est dû au fait que la route reliant les communes de Timiaouine et de Bordj Badji- Mokhtar n’est, en grande partie, pas goudronnée, et consiste en des pistes dans la majorité des cas.
Pour se déplacer d’une localité à une autre, il n’y a que les toutterrain qui peuvent rouler, sinon il est pratiquement impossible pour les autres véhicules de rouler sur ces pistes rocailleuses. Les propriétaires des tout-terrain exigent la somme de 1 000 DA par place.
Ce qui n’est pas à la portée de tous. Plusieurs autres problèmes sont cités par les habitants dont celui du «manque d’eau et l’insuffisance de structures hospitalières». La colère grandissante des habitants de Timiaouine, une localité distante de près de 2 700 km d’Alger, a également d’autres raisons.
Il s’agit du manque de postes de travail pour les jeunes de cette ville. Avec un taux de chômage qui dépasse les 50%, selon le président de l’APC de Timiaouine, Mohamed Hamza, les habitants arrivent mal à gérer leur quotidien, surtout vu le manque d’un revenu digne de ce nom qui permettrait aux familles de Timiaouine de s’approvisionner en alimentation générale et autres.
Sur ce plan, un SOS a été lancé par le P/APC de Timiaouine aux autorités par une aide financière pour venir à bout du chômage qui fragilise la sécurité et la stabilité, non seulement de Timiaouine mais de l’ensemble de la région, d’autant plus qu’il s’agit d’une ville frontalière jouxtant le Mali.
«Je demande aux autorités de nous aider pour venir à bout du chômage, en particulier en faveur des jeunes», a-t-il expliqué dans un contact téléphonique, ajoutant : «Il n’y a pas de grandes sociétés ici qui puissent recruter les nombreux chômeurs.
Les chances de trouver du travail sont très minimes. Il y a l’entreprise Hydro Technique qui travaille actuellement sur un projet de canalisation d’eau de Bordj Badji-Mokhtar à Timiaouine.
Cette société a recruté 10 chômeurs, mais ce sont des emplois temporaires puisqu’elle quittera la région dès la fin de ce projet. C’est pour vous dire que le problème du chômage se pose avec acuité dans notre commune». Timiaouine, commune frontalière avec le Mali et voisine de la localité de Bordj Badji-Mokhtar, vit bouillonnement dû à la colère grandissante de ses habitants.
Un bouillonnement où l’Etat dit intervenir afin d’éviter le pire, surtout qu’il s’agit d’une région frontalière là où des réseaux de terrorisme, de drogue et de contrebande tentent de mettre le feu aux poudres.
Lu sur le Jeune Indépendant