Pourquoi et comment accéder aux grandes écoles internationales quand on est algérien ?

Redaction

HEC Paris, Harvard, l’Ecole de Mines, London School of Economics, Science Po Paris… Ces noms font rêver des milliers d’étudiants dans le monde, en Algérie plus encore. Beaucoup d’étudiants algériens auraient le niveau d’intégrer ce type de parcours et prétendre à l’issue de leur formation à des postes clés, mais plusieurs éléments viennent réduire leurs chances de s’asseoir sur les bancs de ces prestigieuses institutions qui forment les élites de ce monde.

Information rare, ressources insuffisantes

La France est sans doute l’une des destinations favorites des Algériens qui veulent poursuivre leurs études supérieures, et pour preuve la nationalité algérienne est la plus représentée à Paris. En revanche si l’on regarde de plus près, la proportion d’étudiants algériens dans les meilleures écoles reste encore très faible : en 2008, seulement 0,5% des 18 780 étudiants algériens présents en France étaient dans les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). Pour les écoles d’ingénieur, il faut compter 1% d’étudiants algériens et 1,4% dans les écoles de commerce.

La plupart préfèrent opter pour le parcours universitaire, à raison de 89 % en 2008, pourtant moins formateur et surtout moins insérant professionnellement.

Tous les étudiants maghrébins ne sont pas logés à la même enseigne, puisque les Marocains et les Tunisiens sont bien plus nombreux dans les parcours d’élite. Pour la même année, les écoles d’ingénieurs comptaient 12 % de la totalité des étudiants venus du Maroc et 8% pour la Tunisie. 6,8% de marocains, et 2,7 % de tunisiens dans les écoles de commerces, quant aux CPGE, ils sont 3,1% et 1,4%. La différence entre les communautés est surprenante, pourtant les pays voisins de l’Algérie ne disposent pas nécessairement de plus de moyens pour favoriser l’entrée de leurs étudiants dans les formations d’excellence. Chez nos voisins, le système éducatif est conçu pour promouvoir les parcours d’excellence sur le territoire national mais aussi à l’international par une information disponible facilement et des bourses d’état. Le ministère de l’éducation marocain œuvre très largement dans ce sens.

Le manque d’Algériens dans les grandes écoles est lié à plusieurs facteurs. Dès le départ, l’information sur ces formations reste trop faible. Beaucoup d’Algériens ne sont pas assez encouragés à tenter leur chance, voire ne connaissent même pas l’existence de ce type de formation.

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Walid, qui a fait HEC Paris, avoue que c’est « la principale difficulté rencontrée dans mon parcours était de trouver les bonnes informations. La formation des écoles de commerce est moins connue en Algérie, moins de personnes ont suivi ce parcours. J’ai dû faire de longues recherches pour voir quelles étaient les bonnes prépas, à quels métiers les écoles de commerce préparaient, quel était le processus d’admission. Ce qui a rendu mon choix beaucoup plus compliqué. »`

Les écoles d’ingénieurs beaucoup plus accessibles que les écoles de commerce

Le financement est également un handicap important pour les jeunes Algériens ambitionnant de suivre ce genre de programme très cher. Leurs moyens financiers restent parfois trop restreints en raison du coût de la vie française, des frais d’installation et surtout ceux de la scolarité.

Par exemple une formation, niveau master à HEC Paris revient au total à 47 000 euros. Si l’on décompose les dépenses, on comptabilise 35 000 euros pour les frais de scolarité, 1 000 euros d’installation et enfin 550 euros de dépenses variées et incompressibles. Et bien entendu vous ne pouvez pas payer par virement bancaire mais uniquement en changeant votre argent par vos propres moyens avec un taux bien supérieur.

Sans l’obtention d’un prêt, ou un solide patrimoine financier il est très difficile d’accéder à ce type d’études. Cependant il existe de nombreuses bourses auxquelles les algériens sont éligibles.

En revanche, les meilleures écoles d’ingénieurs propose des prix très abordable comme les Mines de Paris dont la scolarité revient en moyenne à 450 euros, et offre une véritable formation technique mais également de management où l’on apprend la gestion, la finance et même le marketing ! Ce sont des écoles que les Algériens devraient plébisciter.

Mode d’emploi : comment intégrer les grandes écoles

L’intégration des grandes écoles exige une préparation de longue durée. Nabil, un Algérien qui a fait l’Ecole des Mines avoue que « c’était le parcours du combattant. J’ai  commencé deux ans avant mon arrivée en France à constituer mon dossier, à m’intéresser aux grandes écoles ». Or beaucoup d’Algériens passent près de la réussite car ils ne disposent pas nécessairement de toutes les clés pour prétendre à ces parcours d’excellence tels que la préparation aux oraux : savoir se présenter, convaincre que l’on est le meilleur candidat, présenter son projet professionnel.

Le schéma ci-dessous détaille les étapes indispensables pour postuler dans les grandes écoles, selon les critères internationaux.

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Les trois types de formation présentent plusieurs exigences de base : le TOEFL ou le TOEIC, certifiant d’un bon niveau d’anglais, le dossier de candidature, qui demande les mêmes éléments tels que le CV, la lettre de motivation, des recommandations et les diplômes adéquats à la formation à laquelle on postule. Plusieurs étapes seront donc nécessaires avant d’obtenir le précieux sésame permettant de suivre une formation dans ces prestigieuses écoles. Il faut longuement se préparer aux examens du TOEFL, TOEIC ou encore le TAGE MAGE afin d’obtenir les meilleurs scores et présenter un dossier solide. L’élaboration du dossier de candidature doit ensuite être rigoureuse et enfin il est indispensable de se préparer longuement aux entretiens oraux, épreuve la plus redoutée par les candidats.

Être admis est une chose, encore faut-il pouvoir payer ces études onéreuses. Pour cela des associations se sont mises en place pour aider à trouver des sources de financement. L’association ATLAS (Algerian Talents and Leaders Association) tente justement de promouvoir les talents algériens en les préparant aux concours des grandes écoles mais également en tentant de trouver des solutions de financement concrètes.

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Certaines de ces écoles telle que HEC, Polytechnique, disposent également de programme de financement, ou de fondation visant à aider les étudiants à faibles revenus. Il existe également des bourses spéciales permettant de réduire considérablement les frais de scolarité : les bourses d’excellence, et les bourses au mérite.

Des opportunités professionnelles uniques

L’entrée est difficile, mais la sortie des grandes écoles promet de belles ouvertures professionnelles. Les parcours assurent systématiquement l’obtention d’un emploi de manière rapide, parfois même avant la fin de la scolarité. Pour les carrières à l’international, elles sont également une aide infaillible.

Les carrières et les salaires sont en général à la hauteur de l’enseignement. Pour reprendre l’exemple de HEC Paris, l’école de commerce évalue en moyenne les salaires annuels de ses diplômés à 48 761 euros en France, et 58 840 euros pour l’étranger. L’insertion professionnelle est quasi immédiate pour tous, car 94,8% des diplômés HEC ont trouvé un emploi moins de trois mois après l’obtention du diplôme. La majorité d’entre eux s’orientent en général vers le conseil (36,3%) ou la finance (25,6%).

Nous pouvons également prendre l’exemple de Polytechnique, dont les diplômés peuvent espérer un salaire annuel brut e 41 780 euros. Les polytechniciens quant à eux s’orienteront davantage dans le secteur de l’industrie et la banque.

L’investissement dans ce type de parcours est considérable, mais les retombées des grandes écoles assurent des bénéfices de toute une vie professionnelle.

Kamel Haddar

Co-fondateur de l’association ATLAS,

Fondateur des sites de soutien scolaire iMadrassa.com et SOSousted.com