Au lendemain de la proclamation par des touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) de leur indépendance au nord du Mali, Alger vient d’exprimer sa position officielle. Par la voix de son premier ministre, l’Algérie se dit que « la situation est très préoccupante au Mali ».
Dans un entretien paru vendredi sur les colonnes du quotidien français Le Monde, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a soutenu que l’Algérie « n’acceptera jamais une remise en cause de l’intégrité territoriale du Mali. Nous sommes pour une solution qui passe par le dialogue ». Pour Ouyahia cela représente un foyer de tension important aux frontières algériennes et qui a plusieurs dimensions : « Il y a d’abord un problème entre les gens du Nord, les Touareg, et l’autorité centrale au Mali, lié au sous-développement et à la faiblesse d’un État à prendre en charge toute la problématique de son territoire ».
Pour étayer son argumentaire, Ahmed Ouyahia évoquera le terrorisme que l’Algérie condamne, en soulignant que la mouvance Ansar Dine (touarègue) déclare avoir pris les armes pour « instaurer la charia et un État islamique au Mali. c’est le fondement même de ce que l’Algérie a eu à subir et à combattre pendant plus d’une décennie et que nous appelons la tragédie nationale».
Néanmoins, il a reconnu que cette situation qui échappe au contrôle du pouvoir central à Bamako pèse sur l’Algérie. «Sans aucun doute un gros souci. D’abord, c’est notre voisinage immédiat, sur près d’un millier de kilomètres. Ensuite, je le répète, cela se double d’une dimension terroriste. Le MNLA, mouvement porteur des revendications cycliques des populations touarègues du Nord, s’est fait chasser des villes qu’il occupait par les forces terroristes du groupe Ansar Dine».
Plus loin, il indiquera que le terrorisme est une réalité que l’Algérie gère chaque jour, du nord au sud de son territoire. « Cela ne veut pas dire que le terrorisme est encore une démarche puissante en Algérie: il y a très peu de pays dans le monde qui ne soient pas en état de vigilance permanente».
Dans le même registre, Ahmed Ouyahia est revenu sur l’attentat perpétré à Tamanrasset, en faisant un lien avec la situation qui prévaut au Mali. « L’enchaînement des événements -Tamanrasset le 3 mars, puis, un mois plus tard, la situation tragique au Mali- montre qu’il y a un lien et qu’il nous faut redoubler de vigilance au Sud ». Et de conclure : « il faut aider le Mali à faire face à ses problèmes de développement et à renforcer son armée ».
Hocine Raoui