Le ministre français des Affaires étrangères et européennes, M. Alain Juppé, a démenti jeudi à Alger toute implication de l’Algérie dans l’acheminement de mercenaires en Libye, qualifiant d' »infondé » ce genre d’accusation.
Dans une conférence de presse conjointe avec son homologue algérien, M. Mourad Medelci, le ministre français a fait savoir que lors des entretiens qu’il a eus avec M. Medelci et avec le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, il avait eu à constater « l’attachement » de l’Algérie aux résolutions de Conseil de sécurité, qualifiant du coup des informations sur une prétendue implication de l’Algérie dans l’acheminement de mercenaires en Libye d' »accusation infondée ».
M. Juppé a expliqué, en outre, que l’intervention française en Libye s’inscrivait dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’Onu, visant non seulement, a-t-il dit, à imposer une zone d’exclusion aérienne mais aussi la protection des populations civiles locales. Il a toutefois souligné que « l’intervention militaire en Libye n’était pas une fin en soi », soutenant, dans ce cadre, que la France était pour « une solution politique ».
Le chef de la diplomatie française a néanmoins estimé que la solution politique passait par un cessez-le-feu « authentique », dans le sens, a-t-il expliqué, où l’Armée du colonel El Gueddafi « doit retourner dans ses casernes » et qu’El Gueddafi « doit s’écarter du pouvoir civil et militaire ». C’est là une condition, a-t-il estimé, pour entamer un processus de dialogue et de réconciliation nationale en Libye.
A une question sur les victimes civiles des frappes aériennes de l’Otan, il a soutenu que « ces frappes visaient les installations militaires ».
« Nous avons évité les dommages collatéraux », a-t-il dit à ce propos, réitérant, à l’occasion, la position de son pays dans la crise libyenne en affirmant que « la France est intervenue dans le cadre d’une coalition internationale en application de la Résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’Onu ».
Si la résolution du Conseil de sécurité n’évoque pas le départ d’El Gueddafi, a souligné M. Juppé, il n’empêche, a-t-il relevé, qu »‘une très grande majorité de la communauté internationale estime qu’El Gueddafi en tant que chef d’Etat a perdu toute légitimité ».
S’agissant du Conseil national de transition (CNT) libyen, il a indiqué que la France entretenait avec ce dernier des « relations très étroites », soutenant, dans le même ordre d’idées, que « sa représentativité était reconnue par un très grand nombre de pays ».
« Nous considérons le CNT, comme un interlocuteur incontournable », a-t-il déclaré à sur ce sujet. M. Juppé a toutefois souligné que l’Unité africaine (UA) avait un rôle « absolument essentiel » à jouer pour trouver une solution à la crise libyenne. M. Juppé était arrivé mercredi soir à Alger pour une visite de travail de deux jours, à l’invitation de son homologue algérien, M. Mourad Medelci.