Alger négocie un gros contrat d’armements avec Washington pour 2010 : course à la domination régionale ? (vidéo)

Redaction

L’Algérie ne cesse de renforcer sa force de frappe militaire depuis 2007, de nombreux contrats de livraisons d’armes se chiffrant à plusieurs milliards de dollars ayant été conclus ces trois dernières années, (détails).

Outre cette course à l’armement, un fait nouveau apparaît dans la politique militaire algérienne : le rapprochement avec les américains, qui consentent désormais à fournir du matériel militaire stratégique à l’Algérie.

En effet, selon le professeur Mehdi Taje, expert auprès de l’Institut Tunisien des Études Stratégiques et membre du CAPRI (centre d’Analyse et de Prévision des Risques Internationaux), Alger négocie depuis le début 2010 un gros contrat d’armements avec Washington, qui, d’après les premières estimations s’élèverait à deux, trois voire quatre milliards de dollars (voir vidéo ci-dessous).

C’est une première, estime l’expert tunisien, d’autant que le fournisseur habituel et historique de l’Algérie en armes, est la Russie.

« C’est une rupture, c’est une nouveauté. L’histoire dans les relations États-Unis-Algérie montrant que les américains ont toujours eu une certaine réticence à fournir du matériel (armes) aux algériens par crainte de connivence avec la cause palestinienne », rappelle le professeur Mehdi Taje, dans une chronique vidéo consacrée à la géopolitique au Maghreb.

Pour lui cette « inflexion majeure » de la position américaine par rapport à l’Algérie sur le plan de livraisons d’armements, intervient entre autres après que Washington ait décidé d’associer Alger à sa guerre contre le terrorisme dans la zone des pays du Sahel, avec le statut de partenaire privilégié.

Après avoir énuméré une liste non exhaustive des types d’armes que l’Algérie achète, le spécialiste s’interroge sur les raisons de ses commandes conséquentes, étant donné qu’elles dépassent largement, selon son analyse, les capacités dont l’armée algérienne a besoin pour faire face aux réels menaces qui pèsent sur sa sécurité dans la région du Maghreb.

Citant le dernier rapport de l’Institut international de recherche pour la paix (SIPRI), le professeur Mehdi Taje, précise que l’Algérie occupe la troisième place au sein du monde arabe en matière de dépenses militaires, après l’Arabie saoudite et le Qatar, et la seconde place en Afrique après l’Égypte. Les chiffres révèlent également que le couple Algérie-Marocain, au Maghreb, se montre particulièrement dépensier ces dernières années en achats d’armements.

En conclusion, l’expert tunisien estime que cette course à l’armement des États pétroliers, notamment l’Algérie et la Libye, obéit à « un calcul de domination et d’hégémonie régionales », ces deux pays voulant, selon son analyse, se hisser au statut de « puissances régionales », ce qui « nécessite un standard militaire ».

Pour atteindre leur objectif, l’Algérie et la Libye, useraient, selon le professeur Mehdi Taje, de manœuvres politiques afin de « paralyser le projet de l’Union pour la Maghreb Unis (UMA ndrl) » et ralentir « le processus d’associations à l’union Européenne ». Une affirmation à prendre avec des pincettes toutefois, particulièrement en ce qui concerne les relations avec l’union Européenne, étant donné que les termes de cette « association » demeurent actuellement flous et davantage profitables aux pays du nord.

Alarmiste, l’expert tunisien prévient que cette politique de course à l’armement, si elle continue sur sa lancée, pourrait à terme déboucher sur « une redéfinition des rapport de force régionaux et du tableau stratégique qui en découlera ».

Synthèse Algerie-Focus.com