Depuis plusieurs mois, les Algériens sont bombardés par des discours rassurants, défendant des thèses économiques insoutenables, comme quoi l’Algérie demeurerait à l’abri de la crise financière et économique internationale. Notre pays serait, selon certains économistes, la seule île à être épargnée par le tsunami mondial car notre système bancaire est totalement «déconnecté» du système financier international.
Cette stratégie, qui n’arrive plus à convaincre grand monde, a été mise à nu, ces trois derniers mois, par la dure réalité des chiffres. Non seulement l’Algérie est concernée par la crise financière et économique internationale, mais, plus grave encore, elle est rattrapée par les affres du marasme économique mondial. Les chiffres sont plus éloquents que les discours. L’économie nationale, largement dépendante des hydrocarbures, a sévèrement souffert, ces derniers mois, des retombées de la récession économique mondiale.
B. Mahmoud
Source: http://www.lefinancier-dz.com/
La première répercussion, et pas des moindres sur notre pays, a été l’effondrement de l’excédent commercial de 72,03% pour le seul mois de janvier 2009 en raison de la chute drastique des cours des hydrocarbures. Notre volume global des exportations a fléchi de 36,4% par rapport à la même période de l’année écoulée. Plus inquiétant encore, l’Algérie semble opter pour un train de vie qui peut être qualifié d’excessif.
En dépit de la baisse de ses ressources financières, les achats du pays sont en hausse de 8,79%. L’Algérie aurait ainsi perdu, en un seul mois, 2,23 milliards de dollars et tous les observateurs prévoient que cette tendance à la baisse va continuer durant au moins deux années.
Chute de 60% des recettes pétrolière
Ce recul sévère des recettes pétrolières préoccupe désormais les responsables du Trésor public qui s’attendent à des années de vaches maigres. Le ministre de l’Energie et des Mines a, d’ailleurs, confirmé, la semaine dernière, que les recettes pétrolières devraient chuter de 60% pour atteindre seulement 30 milliards de dollars en 2009 contre 77 milliards de dollars durant l’exercice précédent.
Avec des importations en nette croissance ces cinq dernières années (30 milliards de dollars en 2008 contre 27,8 milliards dollars en 2007), le commerce extérieur va peut-être enregistrer, pour la première fois en 2009, un déficit. Le gouvernement pourra être ainsi contraint à recourir aux réserves en devise pour équilibrer la balance. Ce repli est assez préoccupant pour le pays d’autant plus que le gouvernement a annoncé un programme de grandes dépenses budgétaires de quelque 150 milliards de dollars, visant à autoriser une relance de l’économie nationale par la demande. Cette «obstination» du gouvernement à favoriser une relance par la demande aux conséquences incertaines et qui, en plus, a prouvé ses limites, risque de prendre en otage l’avenir même du pays.
La relance par la demande est aujourd’hui une stratégie dépassée et surtout ruineuse en raison de la mondialisation qui empêche les pays émergents de barricader leurs économies face aux importations. En Algérie, cette politique de la demande n’avait pas permis une relance de l’économie nationale mais, au contraire, elle avait favorisé une hausse disproportionnée de la facture des importations qui n’a cessé de s’alourdir ces dernières années.
La relance par la demande
Une relance par la demande est une politique économique menée par l’Etat visant à élever le produit intérieur brut (PIB) et réduire le chômage en favorisant la consommation publique ou privée au moyen d’une hausse des dépenses publiques. De nombreux économistes s’interrogent, aujourd’hui, sur les choix économiques de notre pays. D’un coté, le gouvernement opte pour la relance par la demande et, de l’autre, il conclut de nombreux accords de «libre-import» avec les pays européens et des pays asiatiques. Pour corroborer le tout, le gouvernement a même annoncé l’introduction à la zone arabe de libre-échange (Zale).
L’éveil tardif du gouvernement à travers la promulgation d’une réglementation favorable au patriotisme économique n’arrive plus à inverser la tendance. Les groupements étrangers continuent à rafler ainsi les marchés publics l’un après l’autre dans tous les secteurs (hydrauliques, travaux publics, transports…), profitant de l’impuissance des nationaux. Autre argument qui confirme que l’Algérie est en train de s’enfoncer dans une grave crise économique est le taux d’inflation, notamment des denrées alimentaires, qui a sévèrement ébranlé le pouvoir d’achat des Algériens. Officiellement, le taux d’inflation est de 4,5%. En réalité, ce taux officiel n’arrive même pas à convaincre une ménagère, que dire alors des experts en économie.
Selon des centres de recherches indépendants, le taux d’inflation en Algérie est beaucoup plus important. Un autre facteur économique qui semble désormais pousser l’Algérie dans le précipice, est que nos réserves de change commencent à perdre de leur pouvoir d’achat en raison de l’éternuement du billet vert. La dépréciation du billet vert a eu aussi des répercussions sur le pouvoir d’achat du pays qui vend ses hydrocarbures en dollars et achète en euro. Il y a ainsi aujourd’hui autant d’éléments qui convergent vers une installation durable de la crise en Algérie.
L’effondrement des recettes pétrolières ne serait que l’un des prémices qui pourrait être suivie par d’autres retombées plus préjudiciables pour le pays.