Après le réquisitoire violent de Abdelaziz Ziari, le président de l’APN, contre le système parlementaire et sa possible application en Algérie, de nombreuses voix se sont élevées pour défendre ce système politique en affirmant qu’il est le plus approprié pour l’Algérie. Ainsi, pour de nombreux jurisconsultes, le système parlementaire présente nombre d’avantages dès l’instant où il empêche le monopole de la décision et définit la responsabilité politique. Mais pour cela, le sociologue Djabi Nacer pense, à ce sujet, que la culture politique du peuple algérien « impose l’adoption du régime politique semi-présidentiel », c’est à dire la synthèse entre les régimes parlementaire et présidentiel, comme première étape avant le passage éventuel à un régime plus strictement parlementaire.
Le couplage entre les deux régimes, explique Djabi Nacer, confère au Parlement des prérogatives plus larges en matière de contrôle et d’action législative. Dans ce système, le chef du gouvernement est responsable devant le Parlement dans l’élaboration et l’exécution de son programme, le président de la République n »agissant qu’en qualité d’arbitre qui tranche dans les situations de crise. Ce régime accorde au chef du gouvernement de plus larges prérogatives lors de l’exécution de son programme de politique interne, la politique extérieure du pays et de la défense nationale restant du ressort du chef de l’Etat.
Mais si pour ce sociologue, le régime semi-présidentiel présente nombre d’avantages, d’autres spécialistes en droit constitutionnel estiment, quant à eux, que ce genre de régime comporte des lacunes, notamment des risques de conflit d’intérêts entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement lorsque ce dernier est issu de la majorité parlementaire, outre un possible recours arbitraire de la part du président de la République à l’état d’urgence et à la consultation référendaire.
Ahmed Adhimi, professeur en sciences politiques à l’Université d’Alger, estime pour sa part que l’adoption du régime parlementaire est le plus approprié pour la société algérienne, car il offre de plus larges prérogatives aux représentants du peuple pour contrôler l’action du gouvernement dans différents domaines outre la responsabilité du chef du gouvernement et de sa formation devant le Parlement. Ce régime, ajoute cet enseignant, est de nature à créer un équilibre des pouvoirs et instaure une certaine rigueur partisane. En parallèle, le chef du gouvernement dont la formation gouvernementale est issue du parti vainqueur aux législatives, est chargé de l’élaboration et de l’exécution de la politique intérieure, alors que le président ou le souverain est politiquement irresponsable, car il « règne mais ne gouverne pas ».
Partageant cet avis, le professeur de droit constitutionnel à la faculté de Droit d’Alger, Boubekeur Idriss relève la souplesse qu’offre le système parlementaire en donnant au peuple l’opportunité d’exercer son pouvoir démocratique par l’intermédiaire de ses représentants dans les assemblées élues comme il assure l’équilibre des pouvoirs. « En plus de l’ancrage de la démocratie, ce système favorise l’interactivité entre les trois pouvoirs, en leur conférant un caractère complémentaire », a-t-il indiqué, tout en soulignant l’importance du mode de scrutin de liste majoritaire pour éviter à la fois le phénomène d’instabilité des gouvernements et le vote à la proportionnelle, source de crises politiques à répétition.
Amine Malik