Ils ne jurent que par la vengeance. Pas sur le terrain de foot. Mais sur les égyptiens qui feront le déplacement à Khartoum pour supporter leur équipe. « Ils » se sont beaucoup de ces supporters algériens qui se sentent humiliés par l’agression qu’a subi les fennecs et la délégation algérienne au Caire. « J’ai peur quand j’entends mes amis et dans mon entourage les gens parler de « guerre contre les égyptiens » nous confie Krimo un joueur de football amateur dans un club de quartier à Alger. « Je vous préviens ça va dégénérer à Khartoum. Avant d’embarquer dans l’avion, mes amis m’ont dit que ce n’est pas le match qui les intéresse, mais laver leur honneur. Ils me font peur, ils sont décidés de se venger. C’est ce foot violent que je déteste le plus » poursuit-il.
Il n’y a qu’à voir le nombre de vidéos et de commentaires explosifs postés sur internet pour comprendre pourquoi Krimo a si peur. C’est effectivement très chaud, les discours sont durs et suintent la colère. Les mots et les noms sont transformés. Par exemple, on ne parle plus d’égyptiens, mais « d’égypchiens ». Il y a aussi, ces photos qui circulent et s’échangent sur des sites de socialisations comme facebook, où l’on voit le drapeau égyptien frappé d’une étoile de David, une manière de rappeler la position équivoque de l’Égypte lors des bombardements de Gaza, par Tsahal l’armée israélienne. C’est clair, on a dépassé le cadre d’une simple rencontre footballistique pour verser dans la haine réciproque.
Les algériens ne digèrent pas le mauvais accueil qui leur a été réservé au Caire. Ils parlent de « hogra » et comptent renverser la vapeur à Khartoum. Autant dire, que ce match de barrage risque de mal finir. Le président Bouteflika est intervenu pour faciliter le voyage de milliers d’algériens au Soudan en leur offrant des billets d’avions moins chers et des billets de stade gratuits. L’Égypte a pour sa part mis dix avions à la disposition des supporters égyptiens désireux se rendre au Soudan. Pourquoi cette surenchère alimentée par les deux pays ? Comment ne pas voir que beaucoup de supporters sont envoyés au casse-pipe, et qu’il a un risque d’y avoir des morts ? Les autorités des deux pays sont-elles conscientes des risques auxquels elles exposent leurs sujets ?
d’Autant que le Soudan qui connait déjà de sérieux problèmes de sécurité, doit en plus faire face à une ruée humaine déchainée qui déferle sur sa capitale. Les services de sécurité soudanais ont déjà eu à intervenir pour séparer des groupes algériens et égyptiens qui s’affrontent avant le match.
Par ailleurs, il paraît que la population soudanaise est solidaire avec l’Algérie. Elle en veut aux égyptiens d’avoir soutenu le Tchad lors d’un match de foot contre l’équipe soudanaise.
Tout cela participe à alimenter la tension autour du match qui doit départager les deux équipes, mercredi 18 novembre au stade de Khartoum. En attendant, les supporters des deux équipes se regardent en chiens de faïence. La moindre étincelle risque d’allumer le feu. Tout le monde retient son souffle. Le pire est à craindre…
RAF
