Algérie : Les hauts et les bas de l’éducation (OBG)

Redaction

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Cette année a été exceptionnelle pour le secteur algérien de l’éducation, dans la mesure où un pourcentage record d’élèves a réussi les examens nationaux et que des initiatives publiques prévoient la hausse des subventions scolaires. Cependant, les enseignants continuent de demander des changements et menacent de faire grève.

En juillet dernier, le gouvernement a annoncé que le pourcentage des élèves qui avaient réussi l’examen national du baccalauréat dès le premier essai avait atteint le chiffre record de 61%, alors que l’année précédente ce chiffre s’élevait à 45% et qu’en 2000, il n’était qu’à 32%. Les autorités étaient également heureuses d’annoncer que, pour la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie, 49 élèves avaient réussi leur examen avec une note supérieure à 18/20.

Cependant, on a également appris de mauvaises nouvelles : les enseignants algériens, qui avaient fait grève au début de l’année, menacent de reconduire le mouvement. En effet, le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF) a demandé une révision générale des systèmes de rémunération, de retraite et des prestations sociales des enseignants, ainsi que le paiement régulier des allocations et des primes. Le syndicat voudrait également « réduire la pression subie quotidiennement par les enseignants » en améliorant les services de santé sur le lieu de travail.

Afin de répondre à ces demandes (et de trouver des solutions à d’autres problèmes connexes), le ministre de l’Education, Boubekeur Benbouzid, a organisé, début septembre à Alger, une conférence nationale regroupant les chefs de file du secteur de l’éducation. M. Benbouzid a profité de l’occasion pour dévoiler un nouveau plan d’action qui vise, selon le ministère de l’Education, « à réduire les disparités intrarégionales et interrégionales et à améliorer la qualité de l’enseignement pour atteindre les plus hautes normes internationales ».

La nouvelle politique comprend des provisions controversées qui ont déjà provoqué la colère de nombreux enseignants. En effet, afin de lutter contre l’absentéisme, le gouvernement voudrait mandater des directeurs régionaux pour qu’ils surveillent toutes les institutions scolaires et qu’ils rendent des rapports sur la présence au quotidien des enseignants au travail. Ainsi, un enseignant qui cumule trois absences injustifiées sera licencié.

Le plan d’action comprend également des provisions pour surveiller et réduire l’absentéisme des élèves. Un nouveau système administratif permettra d’améliorer la coordination et le suivi des élèves, et une attention particulière sera accordée à ceux d’entre eux qui redoublent une classe ou qui abandonnent l’école. Le ministre Benbouzid a non seulement répété qu’il était interdit d’exclure les enfants de moins de 16 ans du système public, mais il a également insisté pour offrir aux élèves dont les résultats étaient médiocres la possibilité de redoubler leur classe ou de suivre une formation professionnelle.

De plus, l’Etat prévoit de fournir une assistance spéciale aux régions qui ont de mauvais résultats dans le domaine de l’éducation. Pendant l’année scolaire 2010/11, ces régions bénéficieront de nouveaux projets d’infrastructure, dont 570 cafétérias, 258 unités de logement de demi-pension et 13 dortoirs. Le gouvernement a également décidé d’offrir des primes pour encourager les enseignants à travailler dans les régions sous-développées du pays.

Le gouvernement est ainsi déterminé à offrir les mêmes possibilités et les mêmes ressources à toutes les écoles et à tous les élèves, et ce programme est conçu de façon à poursuivre ce but. L’Etat a notamment mis l’accent sur la nécessité d’améliorer le taux de scolarisation au primaire dans la campagne algérienne, un chiffre qui se trouve actuellement en deçà de la moyenne nationale de 98%.

Ces mesures suivent de près les efforts récemment déployés pour aider les élèves dans le besoin. En effet, en 2010, le gouvernement a dépensé 6.5 milliards de dinars algériens (63.8 millions d’euros) en livres scolaires qu’il a offerts gratuitement à environ la moitié des huit millions d’élèves du pays. Il a également augmenté les subventions scolaires qui atteignent maintenant les 3 000 dinars algériens (29.5 euros) par élève et a fourni du soutien scolaire gratuit aux élèves qui préparaient les examens nationaux.

L’Algérie a fait des progrès depuis l’an 2000, lorsque le gouvernement a effectué une évaluation nationale du système scolaire. En effet, le pourcentage des enfants de six ans inscrits à temps complet à l’école est passé de 93% en 2000 à 98% en 2010, ce qui correspond à la norme internationale. De la même façon, le taux de redoublement parmi les élèves du primaire se trouve actuellement à 13.6%, soit presque quatre points de pourcentage de moins que celui de l’année 2003/04.

Afin de consolider ces succès et de continuer sur sa lancée, le gouvernement a annoncé qu’il dépenserait 420 milliards de dinars algériens (4.1 milliards d’euros) dans l’éducation entre 2010 et 2014. M. Benbouzid l’a lui-même reconnu, il reste beaucoup à faire. Le secteur doit faire face à une population qui croît rapidement, à des disparités régionales, à des classes surpeuplées et à des enseignants insatisfaits. Cependant, comme l’a si bien dit le ministre de l’Education lors d’une déclaration marquant le début de l’année scolaire 2010/11 : « le tiers de la population algérienne étant à l’école, notre avenir est prometteur ».

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