Algérie : pourquoi rentrer quand l’avenir est inerte ?

Redaction

Ils sont étouffés, ils s’ennuient. Ils monologuent à l’infini, veulent s’échapper. La faute à qui : à la société, à ses dirigeants ? À eux même ? C’est l’état psychologique « d’un future immigrant » avant de prendre la valise !

Des années après, ils sont souvent interpelés par leur compatriotes : « Quand reviendras-tu ? ». Revenir, mais pourquoi ?

Quand le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter aucun projet d’avenir ne peut être envisagé, l’Algérien vit au jour le jour !

35, 40% de chômeurs ?

A ce jour aucun chiffre sérieux sur le chômage, ni les catégories sociales, sexes, métiers et régions les plus touchés, on se base souvent sur des estimations. Selon ces derniers, la population qui est en chômage varie entre 35% et 40% !

Quand la corruption, le népotisme et le piston sont des pratiques omnipotentes et qui régissent la vie au quotidien, du travail à la simple demande d’extrait de naissance !

Quand les valeurs comme la transparence des procédures d’embauche, reconnaissance du mérite sont galvaudés et devenues des valeurs ringardes, devant l’incompétence, la servitude et le matérialisme avalisant et justifiant les voles, les corruptions…etc.

Nous sommes devant un spectre de médiocrité qui atteint le summum de la fonction de l’état, sans manifester aucune conscience, sauf certaines voix diabolisées par la presse courtisane ! Revenir, mais pourquoi faire !

Quand un journaliste se voit refuser, par les policiers des frontières, de quitter le territoire en faisant fi des lois républicaines !

Où est l’Etat ?

Au même moment certaines personnalités accusées de corruptions circulent comme ils le souhaitent, avec tout le confort nécessaire !

  • Une justice à deux « balles » ! Où loge l’indépendance de la justice ? Est-elle enfermée dans le texte ou dans la pensée ?
  • Quand 22% des médecins exerçant en France sont d’origine algérienne, ceci montre que le problème n’est pas dans l’individu, mais dans les conditions professionnelles et le cadre de vie (environnemental/écologique) où l’individu évolue.
  • Quand 80% des algériens qui quittent le territoire national demandent la nationalité française, il y a matière à méditer !
  • Quand le système de santé est grabataire et qui a besoin de se soigner soi-même avant de soigner les citoyens !

Revenir, pourquoi faire ! Quand vous marchez dans la rue avec une peur, qui vous tenaille d’être agressé ou insulté !

Où est la présence de l’Etat ! Sa mission est-elle réduite à attraper un « casseur de jeûne » qui boit un verre d’eau ? Ou des jeunes couples qui se prennent la main ou qui s’embrassent ! Quand les pratiques étatiques deviennent les sources de violence la suite est connue ! Il n’y a pas pire qu’une République sans autorité éthique !

Revenir, pourquoi faire ! Quand le système éducatif vient d’être contaminé par la fraude au vu et au su de tout le monde !

Quel modèle de société propose-t-on à nos enfants ? Une société ouverte sur le monde, armée par une éthique, la transparence… ou une société où la loi du plus fort règne ! Loi de la jungle ou personne n’assume ses responsabilités ! Où le pouvoir est donné à des personnes incompétentes qui confondent entre le privé et le publique ! La liste est longue.

Finalement, rentrer en Algérie est possible, mais avec un prix à payer, mais si tu le fais tu le fais pour la nostalgie ou pour la famille, mais pas pour l’avenir ! Car l’avenir reste inerte !

Yazid Haddar,

Lu sur Rue 89

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