Tantôt joyeuse, tantôt révoltante, tragique à ses heures, l’actualité était encore brûlante en 2014. Elections présidentielles, Coupe du Monde, crash d’Air Algérie au Mali : à la veille de la nouvelle année, Algérie Focus vous propose une rétrospective de cette année riche en émotions.
* FEVRIER *
Emeutes de Ghardaïa : l’année 2014 s’est ouverte sur de nouvelles violences communautaires à Ghardaïa avec la mort d’un jeune mozabite, poignardé le 5 février. Ces affrontements récurrents entre Arabes et Mozabites, qui avaient de nouveau éclaté en décembre 2013, ont émaillé toute l’année 2014. Devant son impuissance à mettre fin à cette crise sécuritaire dans cette région à 600 km d’Alger, l’Etat algérien a déployé près de 2000 militaires dans la vallée du M’Zab au mois d’octobre.
* MARS *
Rachid Nekkaz : Le franco-algérien Rachid Nekkaz, originaire de Choisy-le-Roi dans le Val-de-Marne, se fait connaître des Algériens en disant avoir perdu ses 60 000 parrainages pour l’élection présidentielle d’avril 2014, expliquant que le camion qui les transportait s’est évaporé dans la nature. Ce trublion médiatique avait déjà fait parlé de lui en rendant son passeport français afin de présenter sa candidature aux élections présidentielles algériennes. Fin mars, il annonce la création de son parti « Mouvement pour la jeunesse et le changement ».
* AVRIL *
17 avril : Le président sortant Abdelaziz Bouteflika est largement réélu avec 81,53% des voix pour un quatrième mandat, au terme d’une campagne fantôme où ses ministres se sont relayés pour tenir les meeting à sa place. Quatre mois après cette mascarade électorale, le candidat malheureux Ali Benflis sort son « Livre blanc de la fraude » recensant, preuves à l’appui, plusieurs cas précis de violation du code électoral.
* JUIN *
10 juin : Un grand rassemblement de l’opposition est organisé par la Coordination Nationale pour les libertés et une transition démocratique (CNLTD) à l’hôtel Mazafran. Durant cette rencontre politique historique, des personnalités aussi hétéroclites qu’Ali Benflis, Mouloud Hamrouche, Saïd Saadi (RCD) et même Ali Benhadj (ex-FIS) sont réunis à la même table pour appeler à un « vrai changement qui concrétisera la souverainté du peuple ainsi que sa liberté de choisir dirigeants et représentants ».
Coupe du Monde : Les Fennecs ont fait vivre un moment historique à l’Algérie avec leur qualification pour les huitièmes de finale et le match d’anthologie contre les Allemands. Si les Verts n’ont pu reproduire leur exploit de 1982 contre la Mannschaft, ils ont quitté la Coupe du Monde la tête haute et poussé dans ses retranchements une équipe allemande au meilleur de sa forme.
* JUILLET *
24 juillet : L’avion d’Air Algérie AH 5017 faisant la liaison Ouagadougou – Alger disparaît dans le Nord du Mali avec 116 personnes à son bord. Les enquêteurs français sont en possession des deux boîtes noires retrouvées par les autorités maliennes le 28 juillet dernier. Si les causes du crash ne sont pas encore déterminées, la piste la piste d’un accident causé par de mauvaises conditions météorologiques est privilégiée après la révélation des images radar du contrôle aérien burkinabé.
2014 est une année noire pour l’Algérie, endeuillée par plusieurs tragédies aériennes. Le 11 février, un avion militaire transportant des soldats et leur famille de Constantine à Tamanrasset s’écrase à Oum El-Bouaghi, dans l’est de l’Algérie, faisant 77 morts. Le 30 août dernier, un avion ukrainien transportant des équipements pétroliers s’est lui aussi écrasé sur la piste de l’aéroport de Tamanrasset, quelques minutes après son décollage, tuant les 7 passagers à son bord.
* AOUT *
23 août : Le footballeur camerounais Albert Ebossé, évoluant dans le club algérien de la JS Kabylie, meurt à la fin d’un match contre l’USM d’Alger. Selon les résultats d’une première autopsie effectuée par les autorités algériennes, Albert Ebossé aurait succombé à un « traumatisme causé par un objet contondant et tranchant causant un hémorragie interne ». Mais une seconde autopsie réalisée par le Cameroun vient contredire ses premiers résultats, avançant qu’Albert Ebossé est mort « des suites d’une agression brutale avec polytraumatisme crânien ». Meurtre collectif suite au jet d’un projectile ou passage à tabac dans les vestiaires ? La polémique n’en finit plus, et l’enquête judiciaire pour éclaircir les circonstances de la mort du footballeur est toujours en cours.
* SEPTEMBRE *
21 septembre : Le touriste français Hervé Gourdel est enlevé en Kabylie, dans la wilaya de Tizi Ouzou, dans la commune d’Akbil à hauteur du village d’Ait Ouabane. Après un ultimatum de 24H, sommant le gouvernement français d’arrêter les frappes aériennes sur l’Etat islamique en Irak, le groupe terroriste Junoud-al-Khilafa met ses menaces à exécution et décapite l’otage français. Le groupe terroriste algérien avait prêté allégeance quelques jours plus tôt à Daech et à son chef Abou Bakr Al Baghdadi. Cet événement macabre a un retentissement mondial et rappelle à l’Algérie ses heures les plus sombres.
L’armée algérienne annonce fin décembre avoir abattu Gouri Abdelmalek, le chef du groupe terroriste Jounoud-al-Khilafa, ainsi que deux de ses complices aux Issers, dans la wilaya de Boumerdes.
* OCTOBRE *
Grève des policiers : Le 14 octobre éclatent des manifestations de la police à Ghardaïa, en réaction aux tensions communautaires entre Arabes et Berbères qui règnent depuis novembre 2013. Des manifestations inédites qui se propagent vite à la capitale. Pendant deux jours, les policiers campent devant les Palais du Gouvernement et de la Présidence à Alger pour crier leur colère. Leurs revendications : la démission du président de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) et l’amélioration de leurs conditions de travail. Une situation d’autant plus surprenante qu’en Algérie la police est un corps habitué à réprimer les mouvements sociaux.
* NOVEMBRE *
1er novembre : Projections lumineuses, défilés, expositions : l’Algérie fête le 60 ème anniversaire du déclenchement de sa Révolution, avec force symboles d’une indépendance chèrement gagnée. Une célébration qui a aussi été l’occasion pour l’opposition et des militants des droits de l’Homme de revendiquer leur droit au changement et à la liberté d’expression.
14 novembre : Nouvelle hospitalisation d’Abdelaziz Bouteflika dans un service de cardiologie et de maladie vasculaire à Grenoble. Le Président avait déjà fait un séjour de deux mois en France, à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, après son accident vasculaire cérébral en avril 2013.
27 novembre : Unique candidat à la présidence du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Ali Haddad, patron de l’ETRHB, est élu à la tête de l’organisation.
* DECEMBRE *
16 décembre : Kamel Daoud, chroniqueur du Quotidien d’Oran et auteur du roman « Meursault contre-enquête », sélectionné pour les prix Goncourt et Renaudot cette année, est visé par une fatwa du salafiste Abdelfatah Hamadache. L’écrivain, connu pour ses prises de position courageuses sur l’identité arabe, la société algérienne et son conservatisme religieux, dépose plainte quelques jours plus tard. Soutenu par de nombreux artistes et personnalités, Kamel Daoud ne reçoit cependant aucun appui des autorités algériennes qui s’illustrent, une fois de plus, par leur mutisme légendaire.
23 décembre : Le wali d’Annaba, Mohamed Mounib Sendid, meurt à Paris où il avait été hospitalisé suite à un malaise cardiaque. De nombreuses voix s’élèvent, au premier rang desquelles la secrétaire du Parti des travailleurs Louisa Hanoune, pour demander une enquête et dénoncer les pressions de la « mafia du foncier » qui pesaient sur le wali.
27 décembre : La toute première torche de gaz de schiste enflamme l’horizon du bassin de l’Ahnit, dans la wilaya de Tamanrasset, inaugurant l’exploitation du premier forage de cette énergie en Algérie. La question de l’exploitation du gaz de schiste fait cependant toujours débat, les associations de protection de l’environnement ayant à plusieurs reprises tenté d’avertir du danger de l’exploitation de cette ressource.