Les candidats recalés au baccalauréat 2013, exclus pour «tricherie collective» à l’épreuve de Philo, pourront refaire l’année. La sanction d’exclusion de l’examen est levée. C’est une déclaration du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, hier à Alger, en marge de la clôture de la session de printemps de l’APN.
Le Premier ministre n’en dit pas davantage mais une information de cette «importance» ou de cette «gravité», c’est selon, ne peut tomber dans l’oreille d’un sourd. Premièrement parce que c’est le Premier ministre qui en fait l’annonce, de surcroît en présence du ministre Abdelatif Baba Ahmed, le premier responsable du secteur de l’Education nationale.
Une manière de reconnaître la responsabilité de ce ministère dans le chaos général qui a caractérisé l’organisation de cette épreuve : tous les candidats, dans tous les centres d’examen, dans plusieurs wilayas du pays, qui agissent de la même manière, soit par la violence et le recours à la tricherie collective, au même moment, devant le sujet de philo! Difficile de croire en cela bien que l’acte luimême est condamnable et mérite la pire des sanctions.
Deuxièmement, parce que des centaines de candidats continuent d’espérer «une réparation» et un traitement «juste» de leur dossier, après la sanction «lourde et arbitraire» qui leur a été infligée.
Des candidats reconnaissent avoir triché et c’est bien malheureux. Tricher au bac, quelle valeur restera-t-il à cet examen national? D’autres affirment avoir été entraînés dans le scandale sans le vouloir : «Notre faute était de nous retrouver dans les centres d’examen où certains de nos camarades ont décidé de recourir à la tricherie. Nous n’avons pas à payer pour eux.»
Depuis mercredi dernier, des rumeurs d’une éventuelle «grâce» en faveur des «tricheurs», d’autres les appellent «fraudeurs», circulaient dans tout Alger, relayés par des associations des parents d’élèves qui, depuis le début des protestations, n’ont pas cessé d’afficher publiquement leur soutien pour leurs enfants.
Une position décriée par une partie de l’opinion publique qui affirme être scandalisée par pareille réaction des parents qui «au lieu de sanctionner, eux aussi, leurs enfants, les encouragent dans leur dérive».
Des syndicalistes et des syndicats de l’Education nationale, trouvent, eux aussi, la sanction «juste» et «méritée» parce qu’il y a eu copiage collectif, selon leurs dires et violence à l’égard des professeurs surveillants. Interrogé sur ces rumeurs portant sur une éventuelle grâce, un représentant du Cnapest a affirmé que si cela se confirme, ce sera grave et inadmissible.
Voilà que «la grâce» se confirme. Les candidats auront la chance de refaire leur bac, ils sont sauvés…mais pas devant leur conscience, du moins pour certains. Quelle sera donc la réaction des syndicats et autres? C’est une question très sensible mais ce qui vient de se produire doit servir de leçon pour ce qui va venir.
Il y a trop de dérives dans le secteur de l’Education nationale et toutes les parties en sont responsables. Aucune n’est épargnée. A chacune d’assumer sa part de responsabilité. Il y va de l’avenir de toute une génération, de tout un pays. De son côté, le ministre, Baba Ahmed, écarte toute idée d’aller vers une deuxième session, fortement souhaitée par les élèves et leurs parents.
Les associations des parents d’élèves l’ont clairement demandée dans une lettre envoyée au département ministériel. Ainsi, a affirmé le ministre, lui aussi, hier à Alger, en marge de la clôture des travaux de la session de printemps de l’APN : «Il n’y aura pas une deuxième session du baccalauréat 2013.»
Et ce dernier de poursuivre : «La commission chargée d’examiner les dossiers des élèves impliqués dans les cas de fraude relevés dans certains centres d’examens seront étudiés au cas par cas.» Ce n’est pas nouveau, cela a été déjà annoncé par les responsables de l’Onec (Office national des concours et examens).
La nouveauté est que, «un allègement des mesures punitives est possible si des cas de fraude ne sont pas confirmés». Les déclarations des deux ministres, Sellal et Baba Ahmed, ne vont pas dans le même sens. C’est-à-dire levée des sanctions et refaire le bac l’année prochaine. Apparemment, c’est toujours le flou.
Lu sur La tribune