Algérie. Tentative de destitution du maire d’Oran

Redaction

Pendant près de deux semaines, la mairie d’Oran a vécu au rythme des nouvelles annonçant le départ de son maire, Sadek Benkada, trahi par le retrait de confiance exprimé par 27 élus qui voulaient ainsi dénoncer «le blocage qui prévaut à l’assemblée, la mauvaise répartition des tâches entre élus, qui sont concentrées entre les mains de quelques délégués proches du maire, et la dégradation de la situation générale au sein de l’hôtel de ville.» Ce qui n’était que rumeurs de couloirs pendant de longues semaines était ainsi devenu réalité le 14 avril – soit quatre jours après les élections présidentielles remportées par le président sortant Abdelaziz Bouteflika.

Ce jour-là, la motion de retrait de confiance, dûment signée par les 27 élus parmi les 33 composant l’Assemblée populaire communale, était déposée sur le bureau du chef de Daïra, représentant de l’administration algérienne : «Les propos désobligeants tenus par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sur la qualité de gestion de la plus importante commune du pays comme ses remarques sur la saleté de la ville, ont également joué dans la décision de retirer notre confiance au maire», ont ajouté les signataires dans la presse locale. Ce qui est réellement reproché au maire d’Oran comme à ses proches est de ne pas faire «réellement» partie du Front de Libération Nationale (FLN) sous les couleurs duquel ils avaient été élus lors des élections législatives de 2007. Manquant cruellement de noms crédibles pouvant composer sa liste de candidatures pour la ville, le FLN avait à alors fait appel à des universitaires connus et des acteurs de la vie associative. Une option que beaucoup de militants du vieux parti avaient dû avaler comme une couleuvre… avec le secret espoir de prendre leur revanche sur ces «parachutés de l’administration»

La motion rejetée

Face au silence méprisant que le maire préféra opposer à leurs gesticulations pendant les cinq jours qui suivent l’officialisation du retrait de confiance, les 27 élus contestataires décident de lui accorder (et de médiatiser) un ultimatum de 24 heures pour la tenue d’une réunion extraordinaire devant valider son départ : «Le quorum étant largement atteint, comme le stipule la règlementation en vigueur, nous sommes en droit d’exiger la tenue d’une réunion extraordinaire. Les affaires de la Commune ne peuvent continuer dans ce climat», ont-ils expliqué déterminés à aller jusqu’au bout de leur action malgré l’appel du pied inquiet de la commission de coordination qui condamne la motion de retrait, leur enjoint de réprimer leur ardeur et d’éviter de tomber dans des mouvements qui pourraient générer une instabilité. Par ailleurs, ladite commission ne manque pas d’avertir «contre les intérêts personnels et les desseins claniques de certains élus»…

A l’évidence, la commission a eu le nez fin puisque, le mardi 21 avril, l’Administration rejette la motion de retrait de confiance qui ne répond pas aux conditions fixés par la loi, notamment celle concernant la motivation : «Même s’il est vrai que le quorum a été atteint (deux-tiers), les rédacteurs de la motion se sont contentés de généralités. Or, depuis que les retraits de confiance se sont multipliés sur la base du seul quorum, l’Etat exige des motifs précis et rigoureux», explique une source proche du dossier. Résultat des courses, les élus contestataires se retirent progressivement de la révolution avortée et tentent, selon les termes d’un témoin, de regagner les faveurs du maire.

On ignore si celui-ci aura recours à des représailles mais on sait déjà que des dossiers sur «gestion malsaine de certains élus» ont été transmis au ministère de l’Intérieur et des collectivités locales qui s’apprête à envoyer une commission d’enquêter pour vérifier les accusations contenues dans les dossiers.

Affaire à suivre.

Ramdane Ouali

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