Des Algériens dépossédés de leurs terres au Maroc, ceci ne laisse pas les autorités algériennes indifférentes. D’autant plus que cette opération d’expropriation a été opérée différemment pour le cas des étrangers européens, eux aussi expropriés en vertu d’une décision datant de 1973 (Dahir royal du 2 mars 1973).
«La question des ressortissants algériens établis au Maroc dépossédés de leurs terres agricoles, représentant des centaines d’hectares et non indemnisés, est au centre des préoccupations du gouvernement algérien, d’autant plus qu’à l’inverse, des ressortissants européens dans la même situation ont pu recouvrer leurs droits», déclarait, récemment, Halim Benatallah, secrétaire d’Etat en charge de la Communauté nationale à l’étranger. Le ton est donné et le non-dit cache bien des surprises. Selon des informations obtenues par «Algérie-Focus», «le Gouvernement algérien envisage sérieusement des mesures de réciprocité».
L’affaire a, en effet, été saisie par le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui vient d’ordonner au ministre des Finances de lancer «immédiatement un recensement de tous les biens fonciers et immobiliers détenus en Algérie par les ressortissants de plusieurs pays arabes, dont le Maroc et la Tunisie». L’information a été confirmée par le quotidien «El Khabar» du jeudi 30 septembre 2010.
Ce dernier, sans motiver l’instruction d’Ouyahia, explique que le ministère des Finances a intimé l’ensemble des Conservations foncières du pays a procédé à ce recensement qui revêt un caractère hautement prioritaire et confidentiel. «El Khabar» rajoute que lesdits Organismes étaient depuis mercredi en état d’alerte maximale puisque les résultats de ce recensement doivent être sur le bureau d’Ouyahia au plus tard dimanche prochain. Ahmed Ouyahia a décidé cette mesure après s’être entretenu avec le secrétaire d’Etat en charge de la Communauté nationale à l’étranger suite à sa visite, mercredi dernier, au Maroc.
Donnant plus de détails à cette démarche, nos sources affirment que «l’Algérie envisage sérieusement une mesure de réciprocité à l’égard des ressortissants marocains, lesquels, devraient être noyés dans un ensemble de communautés incluses dans le recensement pour éviter les accusations de discrimination». «Le recensement concerne aussi bien les Marocains que les Tunisiens, les Libyens et les Syriens. Mais il est clair que les Marocains sont les premiers visés», rajoute notre source.
Cette démarche s’inscrit également dans un pourrissement dans les relations algéro-marocaines survenu récemment. Pour rappel, le Maroc a décidé d’exproprier près de 20.000 hectares de terres agricoles appartenant à des ressortissants algériens détenteurs de titres fonciers. De nombreux ressortissants algériens ayant bénéficié du droit de jouissance sur des terres ne dépassant pas les 10 hectares ont été amenés à renoncer au droit d’indemnisation.
A ce jour, les Algériens n’ont toujours pas été indemnisés, contrairement aux Européens.
Hicham A.