Après la Tunisie et l’Egypte, le Maroc entre en crise : Le pouvoir ne réussit pas aux islamistes

Redaction

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Lu sur L’Expression

Le souverain marocain a accepté les démissions des cinq ministres de l’Istiqlal tout en les sommant d’expédier les affaires courantes…

Les révoltes arabes qui ont accouché de gouvernements islamistes n’ont pas accompagné l’espoir fou de plus de liberté, de plus de justice, de moins de pauvreté… caressé par les peuples du Maghreb en particulier et d’Afrique du Nord en général. On leur attribue de surcroît des incompétences à conduire les affaires de leurs pays, notamment en matière économique. Ce dernier reproche représente le dénominateur commun attribué aux partis islamistes qui sont arrivés au pouvoir dans les pays de cette région par la voie des urnes. Il faut le souligner.

Paradoxalement rejetés aujourd’hui par ceux-là même qui les ont portés à la tête de leurs pays respectifs. Une situation inédite? Certainement pas puisque l’Algérie a déjà connu ce type de scénario qui a fini par s’achever par des bains de sang pratiquement quotidiens dans les années 1990. Un phénomène que nos voisins avaient qualifié de spécifique à l’Algérie et qu’ils n’ont donc pas cru contagieux. L’Egypte vient de l’apprendre à ses dépens avec quelques nuances tout de même. Son président, Mohammed Morsi, a été destitué par l’armée après que des manifestants du mouvement Tamarod (rébellion) aient recueilli 22 millions de signatures demandant son départ. Tous ces paramètres combinés ajoutés à des positions rétrogrades affichées surtout en ce qui concerne le statut de la femme (polygamie, autorisation d’unions avec des filles pubères, excision…) ont rendu la situation explosive.

Sur ce dernier point le phénomène est plus perceptible en Tunisie où la femme dispose pourtant d’un statut juridique unique dans le Monde arabe depuis la promulgation du code du statut personnel en 1956 par le président Bourguiba. Les lendemains s’annoncent malgré tout incertains pour elle. Le vent des révolutions qui a soufflé sur les pays du Maghreb et celui du pays des pharaons a ouvert une brèche dans laquelle se sont empressés de s’engouffrer les tenants de la tendance rigoriste de la religion musulmane.

En Tunisie et en Libye considérées comme des fiefs du salafismes, les groupes islamistes armés ont fait leur nid alors que des prédicateurs font la promotion de leur idéologie au sein des universités et des mosquées. Des salafistes avaient envahi, le 15 septembre 2011, la basilique romaine du Kef (nord-ouest de la Tunisie, Ndlr) pour la transformer en mosquée. Le 9 octobre de la même année ils se sont attaqués à une chaîne de télévision privée alors que la veille des intégristes armés ont envahi l’Université de Sousse qui a refusé d’inscrire une étudiante en voile intégral (Niqab)…

Dernier arrivé dans ce cercle infernal : le Maroc dont cinq ministres de l’Istiqlal ont claqué la porte de la coalition gouvernementale dirigée par les islamistes du PJD (Parti de la justice et du développement). Le souverain marocain a accepté leur démission tout en les sommant d’expédier les affaires courantes. «Le Roi, que Dieu l’assiste, a bien voulu accepter les dites démissions et enjoint aux ministres démissionnaires d’expédier les affaires courantes jusqu’à nomination de ministres en charge de leurs départements respectifs et ainsi permettre au chef de gouvernement d’entamer ses consultations en vue de constituer une nouvelle majorité», souligne un communiqué du Cabinet royal. Un premier signe qui indique que la crise est désormais ouverte.

Le chef du gouvernement marocain à qui il est reproché les mêmes «tares» que le président égyptien par son allié d’hier, arrivera t-il à surmonter cette épreuve? Le Maroc connaîtra t-il des troubles du même type que ceux qui ont déstabilisé les islamistes du pays des pharaons? Le secrétaire général de l’Istiqlal qui avait mis en exergue l’incapacité du chef du gouvernement marocain à prendre «en considération la gravité de la situation économique et sociale» lui avait en outre conseillé de prendre acte de l’éviction de son «frère et ami», le chef de l’Etat égyptien, Mohamed Morsi… Benkirane qui a obtenu le feu vert de Mohammed VI pour former un nouveau gouvernement est désormais mis à contribution.

Mohamed Touati

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