Arrêtez de nous raconter des histoires

Redaction

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Avec tout ce que contient l’Algérie comme richesses, la logique voudrait que ce pays devienne un havre de paix où le niveau de vie et d’instruction de sa population seraient à la hauteur de la générosité de sa terre et du formidable potentiel de ses enfants. Avec moins de moyens, d’autres ont réussi à faire beaucoup mieux que nous. Le miracle japonais, pour rendre hommage à ce peuple endeuillé, est là pour nous rappeler combien le travail paye quand il est sincère et sérieux.

Mais malheureusement, les conditions sine qua none à ce progrès sont absentes en Algérie : à savoir une bonne gestion et un savoir faire que nos dirigeants ignorent à défaut de maîtriser. Résultat : le pays sombre dans l’absurde, l’illogique, le dramatique. Il faut être un vrai sadique ou un impénitent alchimiste de la catastrophe- ou les deux à la fois- pour transformer ainsi l’or en plomb.

Le plus triste, c’est que les responsables de ces échecs, toute honte bue, poussent l’outrecuidance jusqu’à nous faire prendre nos vessies pour des lanternes. Sûrs d’eux mêmes, ils s’autoproclament génies de la gouvernance, héros de la nation, gardiens de nos intérêts, en somme une « élite » au service de la patrie, et à la quelle nous devons reconnaissance et obéissance.

Pour s’en convaincre, il suffit de marcher dans les rues d’Alger, d’Oran ou de Annaba, de demander à un jeune désœuvré combien il a de dinars dans sa poche, et ensuite écouter les portes parole du pouvoir ânonner leurs discours à l’ENTV, pour nous dire que finalement tout va bien et qu’ils sont à la hauteur du challenge. Pas de remise en cause ni de mea culpa; que nenni, on a droit qu’à l’autosatisfaction. L’enfer ce n’est pas eux, l’enfer c’est nous, le peuple, qui ne sommes pas assez intelligents pour mesurer l’entendue de leur « sacrifice ».

Certains parmi nous ont fini par intégrer cette contre vérité : victimes du syndrome de Stockholm, ils développent un attachement affectif pour celui qui les retient en otage, se transforment en « baltaguia » pour le défendre, oubliant de fait leur véritable mérite, celui d’avoir le droit d’être des citoyens respectables.

« Il tue la victime et assiste à ses funérailles ». Voilà un proverbe bien de chez nous, qui décrit parfaitement l’état d’esprit du pouvoir algérien. Un pouvoir incompétent, autoritaire, corrompu et coriace, qui s’accroche à ses privilèges comme une tique qui ne veut plus lâcher sa proie.

On ignore combien de temps cette imposture va perdurer en Algérie. Cependant, une chose est sûre : la tromperie et le mensonge ont une date de péremption. Ça peut durer 23 ans, comme en Tunisie, ou 30 ans, comme en Égypte, mais l’histoire rattrape toujours les tricheurs. Vivants ou morts, elle les jugera sans complaisance.

Redwane N