Alors que le bilan du pire accident industriel survenu dans le pays dépasse désormais les 1.000 morts, les acteurs du secteur textile ne croient pas à une remise en cause des moyens de production et des méthodes de travail.
Le bilan du pire accident industriel survenu au Bangladesh le 24 avril, qui dépasse désormais les 1.000 morts, a horrifié les pays occidentaux importateurs de ses vêtements, mais les acteurs du secteur doutent que ce drame n’entraîne de réels changements des conditions de travail.
Les victimes de la tragédie du Rana Plaza, un immeuble du secteur textile de neuf étages qui s’est effondré près de la capitale Dacca le mois dernier, étaient des ouvriers qui confectionnaient des vêtements pour des marques occidentales renommées comme Mango ou Benetton.
Moins de deux semaines après le drame, au moins huit ouvriers ont à nouveau péri jeudi 9 mai dans l’incendie d’une autre usine textile. Cinq mois plus tôt, 111 travailleurs avaient déjà perdu la vie dans des conditions similaires.
Difficultés pour imposer des normes de travail
Pour Robert Ross, professeur de sociologie à la Clark University (Massachusetts), ces désastres à répétition montrent l’échec d’un système dans lequel les entreprises sont chargées de la sécurité de leurs employés dans les pays en voie de développement.
« Je ne veux pas dire que toutes sont hypocrites. Je suppose qu’il existe des cadres dirigeants qui veulent croire qu’ils font ce qu’il faut. Mais, au final, cela ne fonctionne pas », dit-il.
Des gouvernements à travers le monde ont tenté de s’impliquer pour imposer des normes de sécurité plus strictes, mais sans beaucoup de résultats.
Les Etats-Unis, qui achètent un quart des vêtements produits au Bangladesh, ont proposé d’aider le pays en le poussant à intégrer un programme international sur les normes de travail dans les usines.
Un marché de 20 milliards de dollars par an
Mais l’une des conditions pour y arriver est que le parlement du Bangladesh, très divisé politiquement, adopte une loi pour faire tomber les multiples barrières limitant le pouvoir des syndicats, dans un secteur textile qui représente près de 20 milliards de dollars par an.
« Nous voulons vraiment travailler (avec les autorités bangladaises), investir de l’argent et notre expertise, mais seulement si la volonté politique est là » de leur côté, explique à l’AFP un responsable américain sous couvert d’anonymat.
Mercredi, le département d’Etat a appelé les acheteurs américains au Bangladesh à travailler avec le gouvernement, les exportateurs, les syndicats et la société civile du pays pour améliorer les conditions de sécurité dans les usines.
Du point de vue des entreprises étrangères, malgré les accidents survenus dans le secteur, le Bangladesh continue d’apparaître comme lucratif en raison de ses coûts de production à bas prix.
60% des vêtements européens y sont produits
Ses exportations textiles, qui ont démarré en 1978, sont désormais les deuxièmes au monde après la Chine. L’Union européenne y achète 60% de ses vêtements…
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Crédit photo : Kevin Frayer-AP