Belmokhtar a tenté un «deuxième Tiguentourine» au Niger

Redaction

Double attentat. Dizaines de victimes. Prise d’otages et intervention des forces spéciales françaises. Ce sont les événements qu’a connus le Niger depuis l’aube du 23 mai en cours.

A travers ce double attentat ciblant une caserne militaire nigérienne et un gisement d’uranium, contrôlé en grande partie par Areva, Mokhtar Belmokhtar alias Khaled Abou El Abbès alias «Belaouar» (le borgne) fait encore parler de lui.

Un double attentat s’est produit avant-hier à l’aube au Niger contre une base militaire à Agadez et une mine d’uranium d’Areva à Arlit, faisant 21 morts et des dizaines de blessés.

Ces attentats ont été revendiqués par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), pour «venger l’intervention militaire de la France lancée en janvier au Mali».

A Arlit, 14 civils au moins ont été blessés et deux islamistes tués lors de l’explosion d’une voiture piégée à la mine d’uranium de la Somaïr, la plus importante du pays, a-t-il été annoncé. Areva, qui contrôle 63% du capital de la Somaïr, a indiqué qu’un membre de son personnel avait succombé à ses blessures.

Il n’y a pas de Français parmi les victimes, a dit un porte-parole du gouvernement nigérien. En conséquence, le groupe Areva a suspendu ses activités «jusqu’à nouvel ordre».

A Agadez, les terroristes, auteurs d’une attaque contre une base militaire nigérienne, ont pris en otages des étudiants officiers, après avoir tué 21 soldats nigériens.  Les forces spéciales françaises sont intervenues hier pour faire cesser la prise d’otages qui avait commencé la veille après un attentat suicide, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

«A l’heure où je vous parle, la situation est stabilisée, en particulier à Agadez, où nos forces spéciales sont intervenues en soutien des forces nigériennes à la demande du président (nigérien Mahamadou) Issoufou», a-t-il précisé, interrogé par BFM TV.

Toujours selon le ministère de la Défense, au moins deux terroristes ont été tués dans l’assaut qui s’est déroulé «à l’aube», alors que le ministre de la Défense nigérien, Mahamadou Karidjo, avait affirmé que l’opération s’était achevée jeudi soir, est-il noté.

Un peu plus tôt dans la journée, le groupe djihadiste, qui a revendiqué le double attentat de jeudi 23 mai au Niger, assure que le commanditaire de ces attaques est Mokhtar Belmokhtar, leur chef. Pourtant, on le pensait mort depuis mars.

COMME À TIGUENTOURINE…

Selon la revendication faite au nom de «katibate el mouakaïne bidima» (les signataires par le sang), ce double attentat a été «supervisé» par Mokhtar Belmokhtar. Cette brigade créée par Khaled Abou El Abbès peu de temps avant l’offensive militaire française au nord du Mali, avait, rappelle-t-on, revendiqué la prise d’otages du site gazier de Tiguentourine.

A cette époque, rappelle-t-on, les terroristes avaient annoncé que Belmokhtar «supervisait» cet attentat terroriste perpétré à In Amenas. L’attentat de Tiguentourine et celui d’Agadez, revendiqués au nom de la même brigade, présentent, donc, des similitudes dans le modus operandi.

Revendiqué par le Mujao et la brigade des signataires par le sang, le double attentat perpétré avant-hier au Niger démontre une «fusion» entre le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest et cette brigade créée par Mokhtar Belmokhtar qui, rappelle-t-on, avait quitté les effectifs d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

BELMOKHTAR NE PARTICIPE PLUS AUX COMBATS…

Donné pour mort par le président tchadien au cours de l’offensive menée contre les groupes armés au nord du Mali, Khaled Abou El Abbès était toujours en vie, avait, à l’époque, déclaré au Temps d’Algérie un responsable de l’Azawad qui avait ajouté : «Mokhtar Belmokhtar ne participe même pas aux combats.»

Belaouar, comme le démontrent les attentats terroristes de Tiguentourine et ceux perpétrés avant-hier au Niger, se contente de «superviser» ces assauts criminels.

Contrairement à son ennemi juré au sein d’Al Qaïda au Maghreb islamique, Abdelhamid Abou Zeid, émir de katibate Tarek Ibn Ziad qui, lui, avait été abattu dans une offensive militaire franco-tchadienne contre les caches des terroristes sur les monts des Ifoghas.

Il semblerait, par ailleurs, que les groupes armés eurent dépassé leurs «différends» face à l’offensive militaire française au nord du Mali, pour s’unifier et tenter de desserrer l’étau autour d’eux. Le double attentat d’avant-hier est l’une des conséquences de ces tentatives de déploiement des «djihadistes» dans les pays voisins du Mali.