Par : Kamel DAOUD
Cette semaine ? Justement, il s’est passé l’essentiel de l’Algérie post années 90 : Rien. Une sorte d’équilibrisme du vide et de l’inertie. La phrase de « on ignore ce qu’il veut », dite par des ministres managés comme des maires sans puissances, a fait le tour des salons et des rédactions algériennes qui s’interrogeaient sur le départ de l’actuel gouvernement. Il existe en effet des dictatures éclairés, d’autres sombres et celles, plus « fines », de dictatures immobilisante. Là, on ne fait rien, avec effort, constance, soupçon et constance. On gère le Pouvoir par sa formule absurde : tant qu’il ne se passe rien, rien de pire ne peut arriver.
Donc des semaines après les dernières législatives, le but de ces élections se révèle absurdement : il s’agissait de sauver le statu-quo national et pas de repousser une attaque de l’OTAN. Il s’agissait d’immobiliser et de paralyser, pas de réformer ou stopper un changement par un autre. L’actuelle formule de gouvernance rappelle une étrange formule qui a valu à Chadli sa présidence : l’homme le plus vieux, dans le grade le plus élevé. Pour l’actuelle décennie, il s’agit de « l’homme le plus immobile dans le sens le plus anesthésique ». Ou de « l’homme le plus indécis sur la chaise la plus fragile ». Ou « l’homme le plus silencieux, dans le palais le plus lointain ». Titre d’un bon roman japonais possible. Bouteflika n’a pas changé, en effet, son gouvernement. Techniquement, il n’en a pas besoin. On est toujours dans la formule FLN majoritaire et ministres selon affinités. On ne change pas une équipe qui ne change rien sauf les chiffres de ses bilans. Le changement de ministres aurait eut un sens dans le cas de l’irruption d’une nouvelle carte politique, d’une nouvelle majorité par exemple. D’où cette absurde attente de la presse algérienne qui attend que l’on change de gouvernement alors que les dernières élections le confirment.
Donc mauvaise piste pour la chronique. Le sujet de la semaine est ailleurs. L’Egypte ? Peut-être. Là, c’est une algérianisation bis qui laisse chez nous le gout du déjà vu. Intéressant pour le reste du monde, mais pas pour nous. Le Sahel ? Oui, si le sujet avait plus de visibilité. « L’Algérie a là l’occasion de réaliser, par son poids régionale, un grand coup diplomatique et d’affirmer son aura et sa puissance » expliquera un politologue à l’auteur de ces lignes. Sauf que là aussi comme ailleurs : Medelci, le ministre des AE gère le domestique comme chacun le sait. « C’est à peine parfois si on lui répond au téléphone à la Présidence quand il demande des consignes » nous assure une source très, très proche.
Reste les fêtes du 05 juillet, cinquantenaire de l’indépendance. Question du jour : comment les plus de soixante dix ans vont-ils fêter leur cinquante ans ? Selon leur folklore post socialiste : big show à Alger, commémoration dans les wilayas, indifférence dans les villages. Il est d’ailleurs inutile de comparer le nombre de livres publiés en France sur le sujet avec le nombre de livres publiés en Algérie. Idem pour les colloques, les films, docs et dossiers. La fête algérienne sera étatique, stalinienne, dans le sens de la Thakafa wataniaya (Culture Nationale Authentique).
Reste du menu ? Au choix : viande de l’Inde, procès contre les militants de droits de l’homme, usine Renault, crise FLN…etc. Autant de faux sujets pour pays au ralentit. Le seul sujet qui en vaille la peine de s’abimer les mains à le creuser, le voici : les importateurs agréés. C’est une formule trouvée par le gouvernement pour créer une caste d’importateurs VIP, destinés à des secteurs dits stratégiques. Ces seigneurs prévus par la nouvelle loi qui va entrer en vigueur, sont exemptés de certaines bureaucraties et son prioritaires dans les ports et auprès des douanes. C’est donc clair : certains vont s’y mettre (en prête-noms) et mettre sous monopole légal certains produits et contrôler « légalement » des secteurs d’importations avec es avantages énormes sur les autres importateurs de seconde catégorie : délais, temps, argents, crédit et exception du Credoc. Qui seront ces seigneurs ? Des noms et des agents au service de certains. Au reste du peuple, on concède quelques filons secondaires mais le plus juteux de l’énorme chiffre des importations sera laissé au soin des patrons du pays. Retour donc à la case départ des années 80-90. Définition exacte de la maffia politico financières, à l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat de Boudiaf, l’homme auteur de l’expression qui l’a tué dans le dos.