Chérif Abbés : la loi criminalisant le colonialisme n’est pas caduque

Redaction

Le ministre algérien des Moujahidine Mohamed Chérif Abbés a souligné samedi que l’Algérie était « attachée à la loi criminalisant le colonialisme ». Dans un entretien à l’agence APS à la veille de la commémoration du 66e anniversaire des massacres de Sétif le 8 mai 1945, M. Cherif Abbas a estimé que cette revendication n’était « ni caduque, ni nouvelle car elle ne concerne pas une génération donnée ». Un projet de loi criminalisant le colonialisme français a été présenté au parlement il y a plusieurs mois, mais reste pour l’heure dans un tiroir en raison de « considérations diplomatiques et juridiques », selon les termes utilisés en octobre par le président de l’Assemblée populaire nationale algérienne (APN, Parlement) Abdelaziz Ziari. La demande de « criminaliser le colonialisme » et d’obtenir « des excuses » de la France pour son comportement durant ses 132 ans d’occupation de l’Algérie est récurrente de la part de nombreux responsables au gouvernement.

Le ministre Cherif Abbes a également évoqué dans cet entretien les discours qui avaient fait scandale en France il y a quelques mois sur le caractère prétendument positif du colonialisme. « Le fait de glorifier le colonialisme ne saurait que susciter l’indignation de la conscience humaine en général et celle des peuples qui en ont souffert en particulier », a-t-il estimé. Avec des mots très durs, le secrétaire général du Front de Libération Nationale (FLN) et ancien Premier ministre Abdelaziz Belkhadem a réitéré samedi à Kherrata, autre cité de l’est algérien où les manifestants ont aussi péri sous les balles françaises il y a 66 ans, la revendication de son parti, inhérente à la « repentance » de la France de ses crimes. Il a stigmatisé les « ignominies commises » de nature « à conduire leurs auteurs directement au Tribunal pénal international ».

Abordant, les massacres du 8 Mai 45, M. Belkhadem, a mis en garde contre l’amnésie, y compris hors du territoire car « les Algériens et les Africains, en général, ont contribué à la libération de la France de l’emprise du nazisme ». « Leur révolte a participé du même élan », a-t-il précisé.

Le 8 mai 1945, alors que la France célébrait la victoire des démocraties sur le nazisme, des manifestations indépendantistees ont eu lieu à Sétif, Guelma et Kherrata, trois villes de l’est algérien. Elles ont été brutalement réprimées par les forces françaises faisant des milliers de morts. Les Algériens parlent de 45.000 victimes. Les Français de 1.500 à 20.000 morts, dont 103 Européens. L’Algérie a acquis son indépendance de la France en 1962 au terme d’une guerre sanglante.

RAF