En Algérie, si les joueurs de football et autres athlètes doivent conserver un emploi du temps chargé durant le mois sacré, tous reconnaissent toutefois que le Ramadan est l’occasion d’atténuer la pression et de se tourner vers la pratique religieuse et vers les actes de bonté.
Taoufik Makhloufi, médaillé d’or en 2012 lors de l’épreuve du 1 500 mètres aux Jeux Olympiques de Londres, évoque librement l’emploi du temps qu’il respecte au cours du mois du Ramadhan.
« Je profite de cette occasion pour féliciter tous les Arabes et les Musulmans en ce mois du Ramadhan, que je considère comme sacré », déclare Makhloufi. « Je m’apprête tôt pour le Ramadhan, en jeûnant durant le mois de Shaaban pour me rapprocher de Dieu. Je fais mes cinq prières à la Mosquée ».
Il ajoute : « Quand je n’ai pas d’engagements sportifs, je passe le Ramadhan entre les prières, les récitations du saint Coran et le sommeil ».
Makhloufi souligne que son entrée sur la scène de la célébrité ne l’a aucunement touché et n’a modifié aucune de ses qualités.
« J’ai la tête sur les épaules et j’aime l’humilité », explique-t-il, admettant qu’il n’a pas jeûné pendant quelques jours lors du dernier Ramadhan grâce à une fatwa religieuse émise sur sa participation aux Jeux Olympiques. Il a rattrapé ces quelques jours de jeûne immédiatement après son retour en Algérie.
Pour sa part, Mahfoud Kerbadj, président de la Ligue Professionnelle de football (LFP), souligne que le mois du Ramadhan l’affecte particulièrement, avouant être gros fumeur et grand amateur de café. Il reconnaît, d’un autre côté, qu’il profite de cette opportunité pour prier et se rapprocher de Dieu. Kerbadj admet aussi que faire les magasins est pour lui une véritable drogue.
« C’est moi qui fait les courses pour répondre aux besoins quotidiens de la famille. Et j’achète pourtant souvent des choses qui ne sont pas nécessaires. Le plus étrange, c’est que cela m’arrive quotidiennement. Je ne m’en rends pas compte avant d’avoir brisé le jeûne », raconte Kerbadj.
L’international algérien Hillal Larbi Soudani, récemment transféré au Dinamo Zagreb, indique être attaché au jeûne pendant le Ramadan. Il souligne le considérer plus important que de jouer au football, et ce malgré les problèmes que cette pratique pourrait entraîner avec les responsables de sa nouvelle formation. Certains officiels, dans les clubs européens, affirment que le jeûne met à mal l’endurance physique, la performance des joueurs et l’équipe en général.
Soudani a annoncé sur le site Internet officiel de son club qu’il « ne renoncerait pas au jeûne du Ramadhan quoi qu’il arrive ».
« J’ai joué aux côtés de l’équipe portugaise du Vitória de Guimarães, j’ai jeûné durant le mois sacré et j’ai fait fidèlement mon devoir. Alors où est le problème ? J’agirai de la même façon en Croatie », a-t-il indiqué.
Son coéquipier algérien Yacine Bezzaz, qui joue pour le C.S. Constantine, se plaint d’avoir vécu la même situation lorsqu’il était professionnel en France.
« Je suis fier de jeûner, même quand je suis à l’étranger. Ma carrière de footballeur a été touchée à cause de ça, les entraîneurs ne voulaient pas compter sur moi parce que je jeûnais », dit Bezzaz. « Dans le milieu du football professionnel, c’est dur pour un joueur de trouver sa place après une absence de plus d’un mois. Tous les entraîneurs avec lesquels j’ai travaillé à Ajaccio, Strasbourg, Valenciennes ou Troyes nous demandaient, à moi et à mes coreligionnaires musulmans, d’interrompre le jeûne ».
Pour sa part, l’entraîneur du MO Bejaia et ancien joueur international Mourad Rahmouni révèle n’avoir jamais fumé ni consommé d’alcool. « Je prends vraiment soin de ma santé et c’est peut-être le secret de ma jeunesse alors que j’atteins la cinquantaine. C’est pour cela que le jeûne ne m’a jamais gêné, ni en tant que joueur, ni maintenant en tant qu’entraîneur », explique Rahmouni.
L’ancien gardien de but international Merouane Abdouni, qui habite actuellement en Norvège après avoir terminé sa carrière à l’apogée de sa jeunesse, déclare que le Ramadhan semble fade en Europe.
« Il n’y a pas de meilleure manière de passer le mois sacré que chez soi, au sein de sa famille et en compagnie des amis qui me manquent beaucoup cette année », dit-il.
Le président de la JS Kabylie Mohand Cherif Hannachi, qui a fait connaître à son équipe de nombreux succès au niveau africain, confie que son emploi du temps quotidien au cours du Ramadhan ne diffère guère de celui de tous les citoyens algériens.
« Je passe la plupart de mon temps au service de mon équipe », indique-t-il, ajoutant : « Mes joueurs ont de merveilleux souvenirs du mois sacré pendant lequel nous avons gagné trois Coupes Africaines au début du millénaire, dans une atmosphère de fête. Personne ne peut oublier cela. Ces souvenirs resteront fermement ancrés dans les esprits des amoureux et des fans du club ».