Contrebande : les produits algériens au secours de l’Est marocain

Redaction

L’annuaire économique marocain Kompass, qui s’est intéressé au phénomène de la contrebande entre les deux pays, révèle dans un rapport l’afflux des produits algériens : «Il ne s’agit plus de carburants ni de cheptel, mais bien des produits issus de l’industrie agroalimentaire algérienne.»

Selon la même source, c’est «le déferlement de produits algériens qui arrivent en force, lesquels annoncent le coup de massue pour certaines variétés de produits nationaux. Tel est le cas pour les fromages de la société Bel Algérie qui se vendent à des prix défiant toute concurrence, frais de transport en sus. La boîte de La Vache qui rit algérien de 16 portions est vendus 14 DH contre 17,30 chez l’épicier. Parfois, le prix est même estampillé en dinars, à 95 DA (100 dinars = 7 dirhams). Les professionnels parlent de 5,6% de parts de marché détenues uniquement sur la variété des fromages en provenance d’Algérie».

L’ancien ministre marocain de l’Agriculture et des Pêches maritimes avait confirmé, lors d’une séance parlementaire à la Chambre des conseillers : «Le blé algérien inonde le marché marocain, il arrive en grandes quantités via nos frontières terrestres avec ce pays.» Et de donner quelques chiffres concernant des saisies procédées en une seule journée : «La douane marocaine a procédé à la saisie de six camions chargés de 80 tonnes de blé de contrebande en provenance d’Algérie, près de la ville de Nador, dans le nord-est du pays.»
Un membre du commandement de la Gendarmerie royale reconnaît que «tout est question de profits».

Autrefois limitée à certains produits, la contrebande s’est élargie au trafic du gasoil, qui rapporte plus, selon le même responsable militaire. Le wali de Tlemcen a indiqué, il y a une dizaine de jours, que «l’Algérie a perdu 265 millions de litres de carburant en 2012, l’équivalent de 4 milliards de dinars». Pour information, la wilaya de Tlemcen consomme davantage de carburant qu’Alger. D’où la décision des autorités algériennes de rationner ce produit dans cette wilaya à 500 DA pour les véhicules de tourisme et 2000 DA pour les camions.

Concernant les médicaments qui prennent la route du royaume, selon le wali de Tlemcen, «pour les quatre premiers mois de l’année en cours, des quantités de médicaments, subventionnés par l’Etat algérien, estimées à 100 milliards de centimes, ont été frauduleusement exportés vers le Maroc».

Dans un rapport, la Chambre de commerce, d’industrie et de services d’Oujda confirme l’ampleur de ce trafic en indiquant que «les médicaments en provenance d’Algérie représentent 65% du total des médicaments de contrebande». Le wali de Tlemcen ajoute qu’«en échange, les différents services de sécurité algériens ont procédé à la saisie de 1300 quintaux de résine de cannabis» et que la quantité qui passe entre les mailles du filet est estimée à dix fois plus. Pour les six premiers mois de 2013, près de 50 tonnes de drogue ont été saisies dans la wilaya de Tlemcen.

L’annuaire économique marocain Kompass nous apprend que «la farine et le blé algériens sont des produits qui inondent notre marché. Régulièrement interceptée par les éléments de la Gendarmerie royale, cette farine, de marque Safina, se vend bien en raison de son prix très bas par rapport à la farine marocaine. Où se vendent tous ces produits qui nous viennent d’Algérie ? Généralement, on les trouve un peu partout au Maroc, mais principalement dans le Nord, géographiquement proche du phénomène…»

Mais pour avoir une idée sur les produits algériens vendus au Maroc, il suffit d’aller à Oujda où un marché est appelé Souk El Fellah (cela veut tout dire) ou à Casablanca, au marché populaire souk Chamal, au quartier Derb Soltane, qui proposent tout ce qui est algérien ou importé par l’Etat algérien, même des produits inimaginables comme le lait, le lait en poudre, le café soluble, l’huile de table, les œufs, les yaourts, les flans, les jus, les ustensiles de cuisine…

Dans un rapport de la Chambre de commerce d’industrie et de services d’Oujda (Maroc oriental), il est indiqué que 10 000 familles vivent directement des produits algériens, notamment le carburant…

Chahredine Berriah

Lu sur El Watan

 

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