L’Algérie est-elle sur le point d’assouplir sa position par rapport à la crise malienne ? Tout porte à croire, en effet, que l’Algérie n’exclut plus une solution militaire, en même temps qu’elle prône un dialogue inclusif.
Dans une déclaration accordée jeudi à l’agence officielle APS, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, a en effet estimé que la solution politique n’est pas la seule qui est envisagée par l’Algérie. « Contrairement à ce qui se dit, l’Algérie n’est pas exclusivement pour le tout politique et nous avons toujours affirmé qu’il est légitime de recourir à tous les moyens, y compris la force, pour éradiquer les groupes terroristes et leurs affiliés du crime transnational organisé dans le Sahel », a en effet souligné Amar Belani. «Vous imaginez bien que l’Algérie qui a souffert dans sa chair de ces deux fléaux ne saurait faire preuve de la moindre once de complaisance ou d’indifférence en la matière », a-t-il fait observer. « Nous estimons toutefois, a-t-il ajouté, que l’usage de la force doit être conduit avec le discernement voulu pour éviter l’amalgame et la confusion entre les populations du nord du Mali qui ont des revendications légitimes et les groupes terroristes et les narcotrafiquants qui doivent constituer la cible parce qu’ils sont la source des menaces qui pèsent sur la région », a-t-il dit.
Ce qui s’apparente à une mise au point semble être une réponse directe à une intervention du chef de l’Etat français. François Hollande a exclu, lors d’une intervention télévisée diffusée jeudi, tout préalable à une intervention militaire. « Négocier quoi et avec qui ? », s’est-il interrogé. Cela même si Hollande a dit comprendre la position de l’Algérie. « Personne n’a payé le prix fort dans la lutte contre le terrorisme comme l’ont fait les Algériens. C’est pour cela que respecte la position de l’Algérie », a-t-il dit.
Réponse immédiate de l’Algérie. Un responsable qui s’est exprimé sous le sceau de l’anonymat a déclaré au site d’information TSA que l’Algérie « comprend les motivations françaises » dictées par deux facteurs. « D’une part, par le souci de protéger les intérêts économiques et autres de la France dans la région et d’autre part, par des considérations franco‑françaises de politique intérieure dans le sillage du débat hexagonal sur le leadership du nouvel exécutif français sur la scène internationale ». « La position de l’Algérie n’a rien d’ambigu et nous n’avons jamais exclu le recours à la force contre les groupes terroristes d’Aqmi et de leurs affiliés du Mujao », ajoute la même source qui rappelle que l’Algérie a aussi des intérêts dans la région. « Que les choses soient bien claires, l’Algérie a ses propres intérêts de sécurité et il ne faut pas faire l’erreur de vouloir la préempter comme simple maillon d’un schéma de sécurité collective conclu ailleurs et selon un agenda qui n’est pas forcément le sien », explique la source de Tout sur l’Algérie.
Ces nouveaux développements surviennent au moment où la France s’active au Conseil de sécurité afin de faire admettre une solution militaire dans le Nord du Sahel. A cela, l’Algérie préfère une solution diplomatique. C’est le message qu’a porté Abdelkader Messahel lors d’un récent périple africain.