Critique de Mamia. Art et responsabilité artistique: une nouvelle attitude.

Redaction

sadekrahim4

Installé dans un fabuleux atelier d’artiste, clair et lumineux, Sadek Rahim produit une œuvre subtile dont la majeure partie consiste en des installations autobiographiques qui témoignent de la crise politique et morale que traverse l’Algérie.

Les personnages semblent flotter dans un monde qui n’existe pas. Fatalisme et attente en filigranes. Aucun signe, aucun objet en arrière plan sinon un panier omniprésent. Les personnages ont la tête dans « le panier », préoccupés par un quotidien douloureux, c’est la « course aux courses » comme on le voit dans une installation de paniers sur roulettes.

Sadek Rahim observe, son environnement, ses concitoyens frappés par un matérialisme sans limites dans une société qui ne croit plus en l’avenir. Il en découle des œuvres critiques, de facture minimaliste où l’absurde tient une grande place.

L’absurde côtoie le rêve en témoigne son « homme à la tête de panier »

Absurdité d’un monde sans rêves et sans idéal.

Le tour de force que réussit Sadek Rahim est dans la douceur et la volupté de la matière qui caractérise ses toiles, du grand art !

Émanent des œuvres un pouvoir de captation bienveillant.

D’aucuns verraient là une œuvre pessimiste, il n’en ait rien, la maîtrise des médiums par l’artiste, les œuvres abouties qu’il nous donne à voir prouvent le contraire.

Sans cesse renouvelées, les formes et l’esthétique qu’il nous propose nous plongent dans l’admiration. Citons en exemple ses dernières toiles de petits formats avec des bouts de tissus, broderies et autres. Un hommage aux femmes.

Sadek Rahim, par son engagement et son art, renouvelle la démarche de l’artiste responsable et capteur de signes. Il nous pousse ainsi au questionnement et à la réflexion.

MB
Visiter son site avec des images ICI

*Mamia Bretesché, galeriste et critique d’art

Metropolart
B i o g r a p h i e

SADEK RAHIM est né en 1971 à Oran en Algérie.

A 11 ans Rahim Sadek découvre les livres et encyclopédies d’art de la bibliothèque de l’école militaire dont son père était le directeur.

Il poursuit ensuite ses études à l’Université des sciences et des techniques d’Oran l’USTO.
En 1994 il part rejoindre son père Diplomate au Moyen-Orient.
En 1995 il s’installe au Liban où il entame des études d’arts plastiques à l’ALBA.

Il participe à plusieurs expositions puis retourne en Algérie fin 1999 enrichi d’un diplôme d’Etudes Supérieures en Arts Plastiques.
De retour à Oran, son travail devient plus abstrait, il joue avec les matériaux, utilise la résine, la pâte à papier.
Pendant une année il expose dans plusieurs villes algériennes, et commence à s’interroger sur les fonctions potentielles de l’art dans un pays comme l’Algérie.

Fin 2000 il s’installe à Londres et s’inscrit en Master à l’Université des Arts, la London ‘Saint Martins College of Art’.
Il perçoit aussitôt dans les yeux des autres, comme il le dit «l’algérien, l’artiste dévalué… je faisais partie d’une minorité. Mais les minorités deviennent fortes quand elles se servent de leurs propres atouts, leur ‘originalité’ »
Artiste associé à la même université, il rentre finalement en Algérie Master en mains.