Abdelkader Secteur fait son show au Comedy Club

Redaction

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«Vie de chien» est à l’affiche tous les samedis soir au théâtre parisien du Comedy Club. À sa tête, Abdelkader Secteur, qui nous vient tout droit d’Algérie pour jouer ses sketchs hilarants. Repéré par Jamel Debbouze voilà quelques mois, le comédien, connu dans son pays depuis près de douze ans, fait ses premiers pas en France. Le triomphe se profilerait-il à l’horizon? Un constat: il fait salle comble, comme en atteste la deuxième représentation à laquelle Saphirnews a assisté. À l’affiche de son spectacle intitulé Vie de chien depuis le 16 mai 2009, Abdelkader Arrahmane démarre fort au Comedy Club, où son one-man-show en version originale -en d’autres termes, en arabe- fait un carton… Vous avez dit Arrahmane? Appelons-le plutôt Abdelkader Secteur. «C’est comme ça que mes amis m’identifiaient. J’étais connu à travers ce mot que j’utilisais tout le temps pour parler de quartier, de tout, de rien», raconte pour Saphirnews cet Algérien, à l’issue de sa deuxième représentation parisienne. De ce surnom, il en garde, depuis, son nom de scène et, à bientôt 44 ans, Abdelkader Secteur a de l’énergie à revendre. L’inspiration, il la tient de sa vie quotidienne et de celle de ses concitoyens. Lui qui n’a jamais mis un pied en France a observé la vie de ses habitants et en a fait des comparaisons… «hilarantes», selon Kader, 26 ans, qui déclare «s’être marré». Il en va de même pour Sabrina, 29 ans, venue en compagnie de sa mère: «C’était super bien et c’était drôle. Il a adapté son spectacle à sa vie, à sa situation quand il est arrivé en France.» Mohamed Amine, 27 ans, qui connaît Abdelkader Secteur depuis quelques mois, est plus tempéré dans ses propos: «C’était bien, mais il ne se lâche pas autant qu’en Algérie… Mais j’ai quand même apprécié le spectacle!» Quant à un autre spectateur, il a déclaré avoir aimé, mais n’avoir pas tout capté. «Heureusement qu’il y avait quelques bouts de français, sinon j’aurais été perdu.»

Le rire comme pour mieux oublier les difficultés du quotidien

«Je ne peux vous dire quand j’ai commencé. Je considère l’humour comme un don qui m’a été fait », lance Abdelkader. Mais la date de 1997 revient comme le point de départ de son ascension. Tout a commencé dans un petit village de l’Ouest algérien à l’occasion d’un mariage auquel Abdelkader a assisté. Une coupure d’électricité soudaine a plongé tout le beau monde dans le noir. «Je racontais des blagues à un groupe d’amis qui ont tellement rigolé que j’ai fait suivre celles-ci à un autre groupe de personnes, puis à un autre et encore à un autre… jusqu’à ce qu’on me tende un micro. Puis l’électricité est revenue. Je me suis rendu compte que j’avais le potentiel pour faire rire les gens», explique-t-il. Depuis, douze ans se sont écoulés. Entre-temps, d’autres mariages se sont succédé et sa notoriété locale s’est transformée en notoriété nationale. «J’ai été invité à me produire en 2004 à l’occasion du jubilé de Ben Bella, premier président algérien après l’Indépendance», fait valoir l’humoriste comme signe de reconnaissance. Jusque-là, la France, où réside la plus forte communauté algérienne à l’étranger, ne lui a pas offert d’opportunités. C’est au cours de l’année 2008 que tout s’accélère pour Abdelkader Secteur, lorsque Mohamed Hamidi, directeur artistique de Kissman Productions, dirigée par Jamel Debbouze, le remarque.

Jamel Debbouze, propulseur de carrière

Connaissant l’humoriste, car venant lui-même de l’Ouest algérien, Mohamed Hamidi explique: «Abdelkader Secteur est l’une des premières personnes que j’ai présentées à Jamel. C’était en novembre dernier». Lors d’une invitation à se produire pour un show-case privé au Comedy Club, en mars 2009, «ça a collé tout de suite entre Abdelkader et Jamel. On n’avait rien à en redire, il avait déjà fait le travail. Il nous suffisait juste de braquer la lumière sur lui», confirme le frère Debbouze, Karim. En revanche, il a fallu adapter son timing. «En Algérie, je faisais entre trois et cinq heures de spectacle non stop! Ici, on m’a demandé de le faire en une heure et demie. Il a fallu faire un choix dans les sketchs pour que ça tienne la route», explique Abdelkader. Une difficulté que ce dernier a su résoudre en signant Vie de chien, une performance qui tient sur près d’une heure et demie.

Un spectacle tout public

Bien que le spectacle vise un public très ciblé, il reste ouvert à toutes les générations et les familles peuvent parfaitement y assister. Rien n’est dit qui ne porte atteinte aux bonnes mœurs… Et pour accrocher davantage le public, dont un certain nombre ne sont pas Algériens (ni d’origine), «tous les mots qu’on ne connaît pas forcément ou qui posent problème sont traduits en français petit à petit». Le message d’Abdelkader? «Que je n’irai pas dans les stades tant qu’ils resteront non mixtes. Je veux arrêter la violence!» (rires) «C’est vrai que je suis jaloux de la vie qu’ont les Européens par rapport à nous. Quand je suis arrivé en France pour la première fois en 1991, j’ai été épaté par la qualité de vie des chiens. Ils sont habillés, ont des amis, vont au ski, et font des photos avec leurs frères et sœurs!» (rires) «Ils ont même un cimetière!…» « Ce n’est pas pour rien que le spectacle s’appelle « Vie de chien ». Abdelkader a pris le parti d’en rire plutôt que d’en pleurer», ajoute Mohamed Hamidi. Un constat: le succès est aujourd’hui au rendez-vous. S’il se confirme, une tournée dans les grandes villes de l’Hexagone s’organisera. Le spectacle en français pourrait voir le jour. Des projets de film ou de télévision se dessinent même pour Abdelkader et Jamel, nous confie le frère de ce dernier. «Mais rien n’est encore décidé. On va d’abord voir si le bilan dans les prochaines semaines sera positif», prévoit Karim. Pour le moment et ce, jusqu’à fin juin, le rendez-vous est fixé au Comedy Club: ce sera tous les samedis, à 21 h 45.

Par «saphirnews.com»