Alger : les écrivains laïcs indésirables au SILA ?

Redaction

Derrières les belles étagères des exposants au 18ème Salon international du livre d’Alger se cachent des pratiques d’un autre âge : des écrivains et maisons d’éditions sont une nouvelle fois interdits de présence et souvent pour des motifs politiques.

Le premier à porter ce scandale en public est Arezki Aït-Larbi. Le directeur des éditions Koukou, qui éditent notamment des auteurs laïcs et controversés, a décidé de boycotter l’édition du SILA. « (…) Le Commissariat du SILA (…) vient de monter au créneau pour exclure KOUKOU Editions du « Pavillon Central » de la SAFEX, et reléguer son stand au «pavillon Casbah», réservé aux maisons d’édition orientales, dont les raisons sociales revendiquent une ligne éditoriale fortement islamiste », écrit l’éditeur dans un communiqué rendu public. « Alors que des auteurs – notamment Djemila Benhabib, Bélaïd Abane et Hakim Laâlam – aux convictions laïques bien assumées sont annoncés pour signer leurs ouvrages et rencontrer leurs lecteurs, cette opération relève d’une sinistre manipulation dont il reste à percer les objectifs », dénonce-t-il encore.

Outre Koukou éditions, d’autres personnalités seront absentes de ce salon du livre. Des sources médiatiques annoncent que le très controversé écrivain et journaliste Hamid Grine n’est pas non plus le bienvenu à ce rendez-vous culturel. L’homme, qui est loin d’être un opposant, fait les frais, apparemment, d’une chronique publiée dans le quotidien francophone Liberté,  hostile à la ministre de la Culture. Cette dernière aurait agi sur les responsables du Salon  pour empêcher le chargé de communication d’un grand opérateur de téléphonie mobile de dédicacer ses livres.

A cela, il faut ajouter des dizaines de livres, souvent jugés subversifs, interdits d’exposition et de vente. Rappelons enfin que la polémique sur les écrivains et maisons d’éditions interdits revient chaque année au Sila. C’est même devenu une des caractéristiques de ce salon.

 

Essaïd Wakli