Algérie: Vous avez dit théâtre ?

Redaction

Algérie: Vous avez dit théâtre ?

Le théâtre en Algérie est souvent regardé avec méfiance par les politiques. Aussi, c’est le grand K.O actuellement dans le milieu du quatrième art en Algérie.

La raison évoquée par les responsables pour justifier cet état de fait est toujours la même : ils reçoivent un budget annuel dérisoire, d’où le manque de productions. Or d’après mes dernières informations, le budget destiné aux théâtres nationaux a augmenté de presque 10% depuis les années soixante dix. Mais au-delà de cet aspect financier, je me pose cette question logique : comment faisaient Alloula, kateb Yacine ou Wald abdarahmane Kaki à l’époque pour séduire les tribunes avec leurs productions ?

Pour ma part, je pense que la volonté et la motivation manquent énormément dans ce domaine pour la simple raison, que ceux qui dirigent ont déjà un passé « glorieux » aux cotes des grands metteurs en scène martyrs ou exilé et ils considèrent qui ils ont déjà donné a la culture algérienne son mérite pendant ses pires années.

Oui je pense que quelques figures au sein des directions des théâtres méritent des hommages, mais où est l’héritage ?

Qu’ont-ils fait pour transmettre leur savoir ?

Où est la noblesse d’enseigner l’art de la scène aux jeunes débutants ?

La plupart n’assistent même pas aux lectures des textes de théâtre des nouveaux écrivains. Voilà pourquoi nous sommes pessimistes et nous nous n’attendons pas à un renouveau de la culture de la scène en Algérie.

C’est vrai que l’ouverture des portes aux troupes amateurs commence à prendre de l’ampleur, quoique ce soit souvent pour renflouer les caisses. Les théâtres sont disponibles en location pour des événements commerciaux ou autres. Faut-il préciser cependant que nous avons que sept théâtres nationaux et une seule école d’art dramatique bancale à Borj El Kiffan, et ce pour une Algérie qui fait presque quatre fois la France.

L’ouverture aux troupes amateurs se fait dans un cadre de bouclage de programme vide et pas pour donner une chance aux amateurs.

Les troupes amateurs en Algérie sont en plein expansion, mais sans aucune organisation institutionnelle ni professionnelle. Le seul événement- et je serai indulgent pour le qualifier de valable- c’est le festival D’art Dramatique De Mostaguanem, où les artistes sont hébergés dans des anciens dortoirs de lycées péteux, sans de douche ni toilettes. Les conditions de ce festival sont inacceptables, néanmoins il existe toujours et est à sa 36 ème édition et rassemble toutes les troupes et les jeunes artistes algériens pendant une semaine.

Et puis il reste le problème de diffusion des spectacles après le calvaire du manque des salles pour les représentations et répétitions pendant des semaines. Dans les maisons de jeune, le spectacle ne tourne pas ou sinon faut avoir une subvention. Mais à qui doit-on s’adresser pour les subventions ? Quel organisme s’occupe de ce chapitre ? Ce sont des questions qui demeurent sans réponse, comme beaucoup d’autres questions intrinsèques.

J’espère qu’un jour l’Etat prendra en considération ces jeunes artistes ignorés, en leur donnant les moyens de cultiver l’espoir à travers l’art en Algérie. Cela vaut mieux pour un pays qui se respect, au lieu de se demander pourquoi ces jeunes en sont arrivés à risquer leurs vies dans des traversées clandestines de la méditerrané. La réponse est pourtant simple : il faut avoir les moyens de ses discours. Le populisme seul, ne peut changer les choses ; il faut avoir les moyens de sa politique. Et ne pas se contenter de parler dans le vide…

Azzedine Hakka

Metteur en scène