Au temps pour moi est une œuvre pertinente. Un homme aime une femme. Il est de gauche, elle vote à droite. Ils semblent vivre un amour sans obstacle. Mais il y a trop de contradictions dans la créature humaine pour la comprendre à partir d’une relation. L’accomplissement de cet amour ne peut se réaliser sans la totalité, l’absolu, qui inclut aussi les autres. Le duel se joue à plusieurs dans une atmosphère éthylique et joyeuse.
Benabdallah Médiène ne triche ni avec les siens ni avec les autres. C’est un funambule qui danse sur une corde erratique, avec une incroyable liberté, pour nous livrer l’intime voyage de ses sentiments pour Catherine. L’amant sait qu’il ne navigue pas sans filet. Sous son étoupe, par une grâce familiale, il s’abandonne en équilibre, car le narrateur est marié avec Nadia, la mère de ses deux enfants, qu’il aime d’un amour indestructible et indéchiffrable.
Le style est rythmé par des éclairs rapides et glissants dans des lits défaits, des cafés et des paysages de rues de quartiers vivants. Médiène ne fait pas partie de ces auteurs qui cachent l’essentiel pour nous mentir sur la vie. Son livre est d’une hardiesse profonde, fine et originale qui accepte les reviviscences de la fragilité humaine.
Fadéla Hebbadj
Benabdallah Médiène, Au temps pour moi, Éditions Riveneuve.
