Mais si volonté il y a de relancer et d’encourager la diffusion en nombre et en qualité, il faudra peut être puiser dans le gisement populaire.
De prime abord, les cafés littéraires se comptent sur le bout des doigts dans la capitale. Et combien même il y en aurait assez, le potentiel d’adeptes n’en serait pas pour autant augmenté. Excepté celui de la bibliothèque nationale du Hamma qui connaissait une affluence respectable du temps où le Docteur Amin Zaoui était Directeur de cette auguste institution, il n’y avait vraiment pas de quoi pavoiser ! Nous venons d’apprendre à son sujet que la commune de Sidi-Mhamed va lui décerner la plume d’or de la pensée et de la créativité.
Juste récompense pour un homme qui a servi et sert encore la culture algérienne. On disait donc que la capitale ne dispose pas de suffisamment d’endroits et de lieux de culture désignés café littéraire. Certes, des efforts se font à l’espace Noun qui reçoit périodiquement des invités de marque ou encore la librairie Socrate dont son gérant Mohamed Bafdel tente tant bien que mal de dynamiser à travers les différents rendez-vous culturels denses en cette période ramadanesques. Parmi eux l’invitation lancée à l’encontre de Hind Caidi auteur de « Saveurs et senteurs » opus édité recemment chez Albin Michel et exclusivement réservé aux recettes de cuisine à travers le monde musulman.
Il y a d’autres espaces comme celui de Bastion 23 ou de Cheraga qui accordent de temps à autres de l’intérêt à la littérature algérienne en particulier puisque bon nombre de jeunes plumes s’engouffrent dans ce domaine. Ils sont qualifiés à tort ou à raison comme étant des auteurs qui versent dans « la littérature de l’urgence ». Yasmina Khadra en personne n’a pas échappé à ce qualificatif et qui l’a fait, du reste, réagir à un moment donné. Si Ali Sakhri gérant de la librairie « Mille feuilles » va officiellement inaugurer à la date du 11 septembre prochain son café littéraire du coté de la rue Hoche et compte même innover en s’inscrivant et dans le temps et dans l’espace grâce notamment à la diversification des activités. Mais si volonté il y a de relancer et d’encourager la diffusion en nombre et en qualité, il faudra peut être puiser dans le gisement populaire comme l’a tenté de le faire une certaine Baya Zengadi.
Cette honorable dame a eu l’idée ingénieuse d’aller organiser un café littéraire dans le café Tantonville, au cœur du square port said. Pour se faire, elle a invité le poètes et maitre de conférences à l’université de Bouzareh, département de Français, Mohamed Ismail Abdoun. Attablés autour des proches et amis, celui-ci avait tenu une mini conférence sur l’œuvre et le parcours de l’écrivain Jean El Mouhoub Amrouche. Une idée que d’aucun trouvent inédite car « changeant leur quotidien morose » et cela « leur apprend un peu plus car ils ont du mal à accepter la mort culturelle qui les pousse à se replier sur eux même ». D’autres diront : « Cette idée doit avancer pour faire revivre la culture en s’adressant en priorité aux jeunes pour les intéresser et à aimer les écrivains algériens, poètes, et chanteurs de quelque bord que ce soit. Car ils se rejoignent tous à un moment donné, c’est beau !». Et à Baya de renchérir : « Il faut donner la possibilité à nos jeunes de créer et innover ». Une culture en jachère et à laquelle elle lance cette parade : « Il faut inonder de culture tous les espaces et cafés de la capitale ».
Rabah DOUIK