Clair Obscur, photographies par Abdelhamid Aouragh.

Redaction

L’exposition que nous propose Abdelhamid Aouragh s’inscrit dans une série de 21 photographies en noir et blanc d’un format de 40x60cm et se déroule au centre culturel français d’Oran (CCF) du 7 au 30 janvier 2010.

Un parcours de deux ans (2007 à 2009) a permis au photographe de capturer, avec détermination et passion, des images qui interrogent le quotidien, la mémoire et l’actualité d’une ville qui l’a vu naître, Oran.

Ce qui frappe dans les photographies de Abdelhamid Aouragh, c’est son travail sur la ville elle même, caractère principal et sujet, autant que les personnages qui la composent.

Sonder l’identité propre de cette ville et son caractère particulier est un défi que Abdelhamid Aouragh relève avec brio, il en résulte une mise en perspective en noir et blanc de la ville « la Radieuse , Oran El Bahia », une ville contrastée avec ses quartiers pauvres, son centre ville paupérisé et ses quartiers riches. De ces contradictions, Abdelhamid Aouragh fait surgir des plans contrastés, des surfaces creusées d’ombre et de lumière.

Sa démarche se veut résolument photographique, par opposition aux manipulations des images ; ni filtres, ni représentations mensongères. Il nous met devant les réalités de notre monde, de notre histoire, quelque quelle soit, individuelle ou collective, il est le témoin de notre présence au monde.

Le parti pris de l’artiste pour les tirages en noir et blanc n’a rien d’anodin, l’effet clair obscur procure une certaine douceur et une esthétique nouvelle aux images, sans pour autant amoindrir le message sous jacent.
Ce qu’il cherche, c’est non seulement saisir une réalité et la restituer avec la rigueur et le souci du professionnel mais aussi transmettre son empathie pour les gens et les lieux oubliés, mis de côté.
Photographies et fragments d’identité en clair/obscur, dualité entre forme et fond correspondent à des objectifs fixés. C’est dans sa relation avec la ville à travers l’appareil que le témoignage nous parvient par la seule ingéniosité du photographe.
La ville protagoniste se métamorphose sous nos yeux, une transformation typographique et topographique à la fois. C’est tout l’avenir d’une ville qui se joue sous nos yeux.
La mémoire étant la première fonction de la photographie, Abdelhamid Aouragh nous donne à voir l’histoire d’une ville en plein devenir. Deux sociétés se la disputent l’une plus aisée et l’autre défavorisée.

Cependant, les techniques ne sont pas la première préoccupation du photographe, cadrage, composition se font dans l’urgence, et pourtant, y affleure, dans les images, une connivence entre la cité et ses habitants et par ricochet la passion du photographe pour sa ville, radieuse, ou recroquevillée sur elle même.

Si l’effet de dramatisation est parfois gommé par l’attitude confiante des sujets capturés, le fond remonte à la surface en un message clair. Sourires d’enfants, regards vifs chargés de sens avec, en arrière plan, la fatalité, oubliée en un geste, dans un moment de joie partagée, juste le temps de la photo, l’instant magique !

L’esthétique est dans la véracité de l’instant saisi et dans la décision du photographe au moment de la prise de vue, « l’instantané présent », moment de captation où advient la photographie.

La démarche artistique de Abdelhamid Aouragh est une expression photographique personnelle, construite entre le reportage/témoignage et la photographie d’art.

Mamia Bretesché

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