La journée du 2 mai restera ancrée dans les annales de la vie journalistique algérienne. Ce jour de l’année 1993 succombe le premier journaliste tué par les terroristes intégristes. Il s’appelle Tahar Djaout et il inaugure la longue liste des journalistes et travailleurs des médias que les terroristes assassineront durant la décennie 1990.
Avant de rendre l’âme à l’hôpital de Baïnem, à Alger, Tahar Djaout avait rendez-vous avec son assassin 8 jours plutôt. Nous sommes dans la matinée de 26 mai. Le journaliste, qui résidait dans une cité à Baïnem, dans la banlieue ouest de la capitale, met le moteur de sa Peugeot 309 en marche. Histoire de chauffer le véhicule. Il est debout dans le parking en face de l’immeuble qui abrite son appartement. Un individu sort et tire à bout pourtant sur le journaliste. Djaout, dont le corps est criblé de balles, tombe par terre. Son bourreau prend la fuite. Transporté à l’hôpital, Djaout sombre dans un coma profond. Mais il résiste durant 8 jours. Il succombe le 2 juin laissant derrière lui trois petites filles et une corporation meurtrie. Plus de 150 journalistes et travailleurs de la presse vont le suivre dans une spirale qui ne s’arrêtera que 5 ans plus tard.
Tahar Djaout est, au moment de son assassinat, directeur de la Publication de l’hebdomadaire Rupture. Dans ses écrits, il met surtout en exergue «la famille qui avance». Cette famille qui ne veut pas abdiquer devant l’intégrisme islamiste qui commençait à faire ravage dans le pays à ce moment-là.
La Lige algérienne pour la défense des Droits de l’Homme (LADDH) n’a pas oublié l’auteur des Chercheurs d’os. Elle rappelle dans un communiqué rendu public ce mardi que «le simulacre de procès, qu’a eu lieu en juillet 1994 devant le tribunal spécial d’Alger de l’époque, n’a convaincu personne. C’était l’un des plus tristes épisodes du déni de justice et de vérité qu’ont connus les affaires relatives aux assassinats politiques ». «La LADDH regrette que deux décennies plus tard aucune enquête sérieuse n’ait été ouverte sur les assassinats de journalistes», conclut ce communiqué.
Essaïd Wakli