Entetien. La première BD arabe inspirée du Coran arrive en France

Redaction

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« Savoir que le monde n’est pas sauvé par Superman, mais par Noora, c’est bien ! »

Distribué par la maison d’édition Raï Media, le premier album francophone de la BD koweïtienne « Les 99″ devrait être disponible au début de l’été. Ce comic retrace les aventures de 99 superhéros arabo-musulmans, inspirés des 99 attributs de Dieu dans le Coran, qui réunissent leurs pouvoir pour faire régner le bien. Le directeur de Raï Media, Idrissi Domar, anthropologue de formation et amateur de comics, nous explique l’intérêt de l’adaptation francophone de cette BD, qui est déjà un succès international.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce Comic ?

Plus jeune, j’ai moi-même baigné dans les lectures de superhéros comme Superman, etc. De ce fait, quand j’ai pris connaissance de « The 99 » il y a trois ans, dans une publication anglaise, je me suis précipité dessus ! Ca m’intéressait mais personne en France ne s’en occupait, j’ai donc pris directement contact avec la maison d’édition Teshkeel, et leur bureau new-yorkais. Raïmédia va donc s’occuper de distribuer la version francophone en Europe, pour la France mais aussi pour la Belgique, le Luxembourg. Dans ce monde post-11 septembre, et je dirais même d’avant 11 septembre, il est intéressant d’offrir des réalités autres, qu’une représentation un peu « glauque » d’une population maghrébine. « Les 99 » s’adresse à tout le monde. Il y a un élément d’ancrage : des superhéros arabo-musulmans, venant de tous les pays du monde. Ce ne sont pas des américains. Notre rôle est d’entrouvrir les portes. Par ailleurs, la BD s’adresse à tout le monde, aux enfants, aux adolescents tout comme aux adultes.

Pouvez-nous présenter l’histoire de cette BD ?

Le premier album de la BD, intitulé « Les origines », sortira en juin prochain, à 7000 exemplaires. Mais dès avril, quatre pages de l’album seront offertes aux lecteurs de Raïmag*, et ce tous les deux mois.
Le premier album raconte comment les 99 gemmes [pierres précieuses, ndlr] se sont dispersées au moment de l’invasion de Bagdad en 1258 [prise par les Mongols, ndlr] et ce qu’elles représentent. Ce premier opus révèle également quelques superhéros, notamment Jabbar. A l’époque, Bagdad est la plus grande ville du monde avec 1 million d’habitants.
Par ailleurs, l’album sera d’abord vendu aux professionnels, avant d’être accessible aux particuliers.

En quoi permet-elle « aux jeunes issus du Maghreb-Machrek de se reconnaitre » ?

Il faut positiver c’est tout ! De manière simple, quand on présente des portraits de belles réussites, de beaux parcours, c’est aussi pour l’exemplarité. Certains personnages présentent même des attitudes solidaires, investis dans des « bonnes » causes.
Si on regarde la BD, elle repose sur des choses universelles, une sorte de bataille du bien contre le mal, où le bien est là pour sauver le monde du mal. Ici, les superhéros des « 99 » sont comme les superhéros traditionnels. Savoir que cela existe, que le monde n’est pas sauvé par Superman, mais par Noora par exemple, avec l’aide de Jabbar, c’est bien ! C’est une histoire de reflet de miroir. Au cinéma, au théâtre, il y a toujours une part d’identification au niveau des personnages. En observant les jeunes d’aujourd’hui, je pense que l’accès à cette identification est plus simple voir flatteur que d’autres identifications. Cela ne veut pas dire pour autant que l’on ne s’identifie pas à d’autres figures.

De plus, ces superhéros portent des prénoms humains…

Oui, il y a tout ça… Ce sont des personnages qui correspondent à la majorité de la population d’aujourd’hui, qui ne renvoient pas une image d’extrémiste barbu ou de femme momie.

Craignez-vous des mauvaises interprétations au moment de la sortie de la BD ?

Je suis un peu comme le chevalier Bayard, sans peur, sans reproche ! Sans peur, parce que je crois qu’il faut être conscient, qu’au delà des imaginaires et des représentations sociales des choses, il y a aussi des réalités, qui plus est, défendables. Je me définis comme un laïque et d’une grande tolérance. Je suis plutôt dans ce que je peux apporter à l’autre et aux autres

Source: saphirnews.com