Occulté et effacé des mémoires pendant plus de 50 ans et aujourd’hui encore très peu connu, le 14 juillet est aussi le triste anniversaire du meurtre d’une dizaine de manifestants algériens à Paris par la police française, en 1953, un an avant le déclenchement de la guerre de libération en Algérie.
Alors que la France célèbre la prise de la Bastille le , symbole de la fin de la monarchie absolue, de la société d’ordres et des privilèges, et la Fête de la Fédération du , célébrant la Nation et la Constitution de 1789, nous, Algériens, devons nous rappeler le 14 juillet 1953.
Ce jour-là, la gauche communiste et syndicale célèbre la fête nationale, comme c’est la tradition, par une manifestation à Paris. Y participent, à la fin du cortège, plusieurs milliers de militants du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), le parti nationaliste algérien. Quand ils arrivent place de la Nation, des heurts se produisent et les policiers tirent froidement sur les manifestants algériens. Six d’entre eux sont tués, ainsi qu’un militant de la CGT. Et on compte des dizaines de blessés par balles.
Pendant un demi-siècle, ce drame va être effacé des mémoires et des représentations, en France comme en Algérie. Pour comprendre les raisons de cette amnésie et faire connaître les circonstances de l’événement, le réalisateur et documentariste, Daniel Kupferstein a conduit une longue enquête, pendant quatre ans. Elle lui a permis de réaliser en 2014 un film met en lumière les témoignages inédits de nombre d’acteurs de l’époque ainsi que les ressorts de l’incroyable mensonge d’État qui a permis l’occultation de ce massacre.
Et on comprendra le rôle essentiel de « déclic » joué par ce dernier dans le déclenchement par le FLN de la « guerre de libération » en novembre 1954.
Extrait d’un texte de Philippe Poisson