Si l’Emir Abdelkader est considéré comme le précurseur de la fondation de l’Etat algérien, c’est Messali Hadj qui fut l’un des créateurs du Nationalisme algérien et du PPA ( Parti du peuple algérien). Ainsi Messali Hadj réclame, dès 1927, l’indépendance de l’Algérie à travers le Mouvement national algérien (MNA).
Lors des deux grandes guerres mondiales, une prise de conscience se fait. Pour faire face aux pertes humaines de la Grande Guerre, la France mobilisa les habitants des départements français d’Algérie : musulmans, Juifs et Européens. 249 000 Algériens furent envoyés sur le front, soit 73 000 mobilisés dans la population française et 176 000 pour les populations dites « indigènes ».
En 1942, après l’appel du général DeGaulle et dans le cadre de l’opération Torch (débarquement des Anglo-Américains en Algérie), de nombreux Algériens s’engagent au sein des forces alliées de l’armée française pour la Libération. D’autres furent envoyés sur les fronts italiens et français. Entre 1942 et 1943, les effectifs mobilisés en Algérie s’élèvent à 304 000. Ils furent mobilisés en Tunisie de Novembre 1942 à Mai 1943, puis , en Italie, en France et en Allemagne jusqu’à Juin 1945. La Guerre d’Indochine (1946-1954), a vu combattre des volontaires et soldats de métiers qu’ils soient légionnaires ou issus des troupes coloniales. On recense près de 35 000 maghrébins (Marocains & Algériens) qui comptent pour 1/4 de l’effectif du corps expéditionnaire. Le 8 mai 1945 alors que la seconde guerre mondiale touche à sa fin en Europe, des manifestations nationalistes sont réprimées par l’armée française à Sétif et Guelma. On dénombre 103 Européens tués et 45 000 algériens.
Suite au « Manifeste du peuple algérien» (1943) de Ferhat Abbas, les élections législatives de 1946 sont un véritable succès pour l’Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA). Le parti remporte onze des treize sièges réservé à l’Assemblée Nationale. La loi sur le statut de l’Algérie est promulguée en septembre 1947 : le pays reste composé de trois départements et le pouvoir est représenté par un gouverneur général nommé par le gouvernement français. Une Assemblée algérienne est créée, composée de deux collèges de 60 représentants chacun. Le premier sera élu par les Européens et une élite algérienne (diplômés, fonctionnaires…) et le second par le reste de la population algérienne. Enfin, l’article 2 précise « l’égalité effective est proclamée entre tous les citoyens français ». En octobre 1947, le MTLD de Messali Hadj obtient une large victoire lors des élections municipales entrainant la répression des autorités françaises. En 1948, trente-six des 59 candidats du MLTD sont arrêtés.
Il est nécessaire de rappeler qu’au début du XXe siècle, plusieurs leaders algériens revendiquent le droit à l’égalité et à l’indépendance. Plusieurs partis vont être crées et plusieurs pamphlets sont écrits pour défendre les droits des Algériens. Certains penseurs algériens vont vilipender les plus importantes personnalités du régime colonial français. La plupart des figures du Mouvement Algérien vont être surveillées de près par les services policiers français, certains seront exilés vers d’autres pays comme l’a été l’émir Khaled El Hassani ben El Hachemi en Egypte puis en Syrie.
Suite à la mort d’Abdelhamid Ben Badis en 1940 et de l’emprisonnement de Messali Hadj en 1948, le Mouvement pour le triomphe des libertés revendique le statut de l’égalité et de l’indépendance des algériens. Les arrestations et les interdictions se multiplièrent. Dès lors, le CRUA est fondé en mars 1954 et organise la lutte armée. Le Parti du Mouvement national algérien est fondé en juillet 1954 par les messalistes. Le Front de Libération Nationale (FLN) lui succède en octobre 1954 par la branche du CRUA (Comité révolutionnaire d’unité et d’action). Par la suite, persistera une divergence d’opinions entre la tendance de Messali Hadj et celle du FLN, suite à l’échec de la médiation de Ben Boulaid. Cela entrainera par la suite des luttes fratricides.
L’action armée va venir du Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA). La naissance de la Révolution Algérienne a démarrée dans la Casbah d’Alger et à Batna sous la présidence de Mostefa Ben Boulaid. Elle sera également appuyée lors de la réunion des 22 cadres du CRUA.
L’une des décisions stratégiques mise en place par le groupe sera le découpage territorial du pays en cinq zones. La première sera coiffée par Mostefa Benboulaïd, la seconde par Didouche Mourad , Krim Belkacem s’occupera de la troisième, Rabah Bitat sera à la tête de la quatrième, enfin Larbi Ben M’hidi sera choisi pour commander la dernière. Mohamed Boudiaf continue d’assurer la coordination et les relations avec l’extérieur.
La déclaration du 1er novembre 1954 est émise de Tunis. Dans la nuit, la caserne de la ville de Batna est attaquée par les moudjahidines. La guerre est déclarée. 100 000 soldats français sont affectés dans les Aurès, et seront plus de 400 000 sur tout le territoire. Le massacre de Skikda (ex philippevillois) provoquant la mort d’une centaine de manifestants algériens, se déroule du 20 au 26 d’août 1955.
L’Assemblée générale de l’ONU inscrit la situation en Algérie comme ordre prioritaire. Le Congrès de la Soummam organisé le 26 aout 1956 par Abane Ramdane, Larbi Ben M’hidi et Krim Belkacem dans la commune d’Ouzellaquen (Kabylie) a été l’élément déterminant et fondateur de l’État Algérien moderne. « La primauté du politique sur le militaire » constitua l’un des fondements du Congrès.
L’Algérie est désormais constituée de six « wilayas » ou états-majors, elles-mêmes divisées en quatre zones puis en régions. Le Conseil National de la révolution algérienne (CNRA) désigné par le congrès de la Soummam se compose de 34 membres : 17 titulaires et 17 suppléants. Les plus connus sont Ferhat Abbas, M’hamed Yazid, Mohammed Boudiaf, Ahmed Ben Bella.
Après la condamnation de Larbi Ben M’hidi et l’issue du Congrès de la Soummam, le FLN intègre des dirigeants du mouvement national algérien (MNA). Plusieurs partis algériens vont adhérer à la cause du FLN. Les Aurès, les Constantinois, l’Ouest de l’Algérie, la Kabylie seront les zones les plus sensibles du point de vue stratégique et logistique. Le Maroc et la Tunisie sont sous protectorat français mais aideront le FLN en hébergeant les deux armées de l’ALN aux frontières.
Les évènements vont s’accélérer. Une délégation composée des principaux dirigeants du FLN (Mohamed Khider, Mostefa Lacheraf, Hocine Ait Ahmed, Mohamed Boudiaf et Ahmed Ben Bella) est arrêtée le 22 octobre 1956, à la suite du détournement de leur avion.
En 1959, Messali Hadj sort de prison et sera assigné à résidence. Durant cette période, des sous-officiers algériens de l’armée française désertent et vont rejoindre les rangs de l’ALN.
Les étudiants algériens et les intellectuels français vont également entrer en action en 1940. Maurice Audin, Franz Fanon, Albert Camus sont autant de défenseurs des droits du peuples qui vont risquer leur vie pour l’indépendance. Dès 1956, Jean Paul Sartre et la revue « Les Temps modernes » prennent parti contre l’Algérie française et soutiennent l’indépendance. La découverte pétrolière dans le sud algérien va exacerber les convoitises et entrainera la création d’un plan de développement économique et social.
Plus connu sous le nom de « Plan de Constantine », il tendra à valoriser l’ensemble des ressources en Algérie et mettra en relief les relations financières entre le pays et la métropole. Ce plan sera surtout destiné à un affaiblissement politique du FLN. En 1960, l’indépendance devient inéluctable et la semaine des barricades à Alger entre la mort de 22 algériens et ainsi que des centaines de prisonniers.
Lors du discours du 4 juin 1958 à Alger, le Général DeGaulle déclarait au peuple algérien « Je vous ai compris ». Par la suite il annoncera la tenue d’un référendum pour l’indépendance de l’Algérie. L’Organisation armée secrète (OAS) est créée le 11 février 1961, suite à une rencontre entre Jean Jacques Susini et Pierre Lagaillarde à Madrid. Cette organisation française, politico-militaire et clandestine s’imposera à Alger le 16 mars 1961 avec le slogan « L’Algérie est française et le restera ».
Des attentats violents éclatèrent un peu partout sur le territoire et s’entendront jusqu’à la Métropole. En 1960, l’ONU annonce le droit à l’autodétermination du peuple algérien. Du coté français, s’organisent des pourparlers avec le gouvernement provisoire algérien; plusieurs réunions à l’extérieur du pays vont aboutir aux Accords d’Evian. Néanmoins, les violences se poursuivent et le 17 octobre 1961 sera marqué par la Nuit Noire plus connue sous le nom de « Bataille de Paris ». Plusieurs Algériens sont tués en métropole lors d’une manifestation du FLN et des milliers seront arrêtés.
Le conflit prendra un tournant décisif avec la signature des Accords le 18 mars 1962, résultat de longues négociations entre les représentants de la France et du Front de Libération Nationale. Un cessez-le-feu est immédiatement appliqué sur l’ensemble du territoire algérien. Dans la foulée, le CNRA se réunit à Tripoli, du 27 mai au 5 juin 1962 pour entériner les termes des accords d’Evian. L’ordre du jour est rapidement débordé et la conférence adopte, après amendements, un programme de gouvernement préalablement élaboré à Hammamet.
Ce document que l’histoire retient sous le nom de « Charte de Tripoli », établit un régime socialiste comme modèle de développement et impose le parti unique comme modèle politique. Lors du référendum sur l’autodétermination de l’Algérie, les électeurs vont voter « OUI » à 99,72% à la question; « Voulez vous que l’Algérie devienne un État indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962″. 5 994 000 sur 6 034 000 votants se sont exprimés et 530 000 se sont abstenus.
La France reconnait officiellement l’indépendance de l’Algérie le 3 juillet et proclamera celle-ci le 5.
Myriama Mokdahi