L’attentat : L’adaptation au cinéma du roman de Yasmina Khadra boycottée par la Ligue arabe

Redaction

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Ziad Doueiri, le réalisateur libanais qui a dirigé l’adaptation au cinéma du roman de Yasmina Khadra, L’attentat, aurait du présenter dans son pays et dans le reste du monde arabe son œuvre le 29 mai. C’était sans compter sur le bureau de boycottage d’Israël de la Ligue arabe qui a décidé d’interdire le film. 

La décision est tombée comme un couperet : le bureau de boycottage d’Israël de la Ligue arabe demande aux pays membres d’interdire la diffusion du film L’attentat, adapté du roman éponyme de Yasmina Khadra. En cause, la nationalité de l’actrice principale. L’héroïne d’origine palestinienne est incarnée par une actrice israélienne, Reymonde Amsellem. Mais des Palestiniens, à commencer par le premier rôle masculin, complètent le casting, rétorque Ziad Doueiri, le réalisateur libanais.

La Ligue arabe lui reproche également de s’être rendu à Tel Aviv pour tourner une grande partie de son film. « J’ai choisi d’installer mon plateau de tournage entre Tel Aviv et la Cisjordanie pour rester fidèle au roman de Yasmina Khadra. Je n’allais quand même pas tourner à Tizi Ouzou ! », ironise Ziad Doueiri. C’est grâce à son passeport américain que le cinéaste libanais a été autorisé à entrer en Israël pour mener à bien son projet. Et sur le plateau de tournage régnait une ambiance « conviviale et professionnelle » où les accents algériens, libanais, palestiniens et hébreux se mêlaient.

Consterné, Ziad Doueiri ne comprend toujours pas l’acharnement de la Ligue arabe contre son long-métrage. Les raisons avancées sont « lamentables et archaïques », attaque-t-il. « Elle est restée dans la logique des années 1960 », critique le cinéaste libanais, qualifiant aussi cette décision « d’embarrassante ». Au moment où des massacres se déroulent en Syrie, la Ligue arabe n’a-t-elle pas d’autre chat à fouetter que de s’en prendre à un artiste arabe, s’interroge Ziad Doueiri. Furieux, le cinéaste libanais dénonce même une discrimination contre les artistes libanais. « Parce qu’on est Libanais on doit porter plus haut le drapeau palestinien que les Palestiniens eux-mêmes », s’indigne Ziad Doueiri.

A ce jour, 22 pays membres de la Ligue arabe, dont le pays du cèdre, ont décidé de suivre les instructions du bureau installé au Caire. Le régime libanais, qui avait initialement validé la diffusion du film après visionnage, est revenu sur sa décision. Pour ses proches et sa famille, le cinéaste libanais a alors tenté d’organiser une projection privée à Beyrouth. « Habituellement, au Liban, ce genre de projection est permis mais sous la pression des autorités étatiques elle n’a pas eu lieu », regrette Ziad Doueiri, qui se console en espérant que l’ambassade de France organise, comme prévu, une projection du film adapté du roman de Yasmina Khadra. « Là, au moins, les autorités libanaises n’ont pas leur mot à dire », lance Ziad Doueiri.

Mais le metteur en scène libanais ne compte pas en rester là. Pour sa défense, il a fait appel à Yamina Benguigui, ministre déléguée chargée des Français de l’étranger et de la Francophonie. Ziad Doueiri compte sur cette femme de poigne, également cinéaste, pour persuader les neuf pays francophones membres de la Ligue arabe d’annuler leur interdiction de projection.

Si les habitants des pays arabes boycotteurs sont pénalisés, en Europe, les spectateurs auront la chance de découvrir ce film le 29 mai prochain.

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