Pas d' »amalgames »! A l’heure d' »arobase », petite leçon d' »algèbre », car là est la grande « mascarade » : les français sont quand même « mesquins », quand on parle de « chiffres ». Qui aurait dit que cette phrase dans la langue de Baudelaire contient plus de mots arabes que de mots Gaulois ? Tous les mots entre guillemets sont d’origine arabe…
Plus que du pétrole et du gaz, et quelques émigrés, ce sont les mots la vraie richesse que nous envoyons (gratuitement) à la France. Salah Guemriche, essayiste et romancier algérien, nous a expliqué ce samedi que la langue de Molière est souvent rythmée par les mots d’Ibn Khaldoun. A l’occasion de la célébration de la francophonie en Algérie, Salah Guemriche a présenté son ouvrage à l’Institut français d’Alger, Dictionnaire des mots français d’origine arabe (Seuil, 2007 ; « Points », 2012). L’écrivain parle « d’emprunts linguistiques », par la France à la langue arabe fondant ainsi une « langue en partage ».
L’auteur est donc parti à la recherche de la mémoire des mots. Des mots français d’origine arabe insoupçonnés comme « jupe », « chemise », « sorbet », « potiron » ou encore « goudron ». Et, en effet, fait ironique, il y a deux fois plus de mots français d’origine arabe que d’origine gauloise. La plupart de ces mots d’origine arabe sont d’abord passé par l’espagnol, l’italien (par Gênes et Venise) ou encore le provençal.
A l’inverse, l’Algérie a tenté de se débarrasser des restes français, du moins dans son histoire et sa géographie, car au quotidien la langue française reste omniprésente. Lorsque en 1962, le gouvernement algérien a arabisé, ou « algérianisé », le pays, ce processus est bien sûr d’abord passé par l’appellation des lieux et monuments. Du français, la plupart des rues, monuments, hôtels et quartiers a été rebaptisée en arabe. Comme la Madrague, maintenant renommée Djamila. Mais, les autorités savaient-elles que Madrague est un mot français, certes, mais initialement d’origine arabe?