Le parcours d'un militant de la Révolution ou la contribution à l'écriture de l'histoire de l'Algérie

Redaction

Le livre de Mohamed Mechati, un des membres historiques qui ont déclenché la Révolution du 1er novembre 1954 est perçu comme un des rares ouvrages qui renferment une partie très importante de l’histoire de l’Algérie. C’est l’historien algérien, Daho Djerbal qui a recueilli les témoignages de Mechati et les a mis en forme, un travail, selon l’historien, qui a duré de 2000 à 2009, qualifiant le militant d' »un des acteurs de l’histoire et du mouvement national algérien », qui raconte dans son livre « les périodes et les conditions très difficiles » avant et pendant la lutte de libération nationale. L’historien, qui faisait le modérateur lors de la présentation du livre, édité par Chihab, a indiqué que le livre renferme des aspects de la Révolution connus et d’autres moins connus du grand public.

Dans ce livre, Mechati a tenu à éclairer le lecteur et le grand public, en général, sur le nombre des « Historiques » qui se sont réunis cet été 1954, à Clos Salembier (El Madania), au domicile de feu Lyès Derriche, et qui étaient 21 et non pas 22, affirme-t-il, relevant que Hadj Ben Alla évoqué par certains n’a pas pu y participer.

Il a également affirmé que le propriétaire de la maison, où s’est déroulée la réunion, « n’a à aucun moment assisté aux débats », soulignant cependant que Derriche, par le fait d’avoir mis son domicile à la disposition des militants, « avait mis en péril sa vie et celle de sa famille ».

Mechati a également fait savoir que, dans son livre, il rejoint ceux qui ont reproché à Mohamed Boudiaf et ses camarades d’avoir décidé de déclencher l’action armée sans faire participer beaucoup de membres de l’état-major du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), en citant notamment Abderrahmane Gharras, un des adjoints de Boudiaf ou encore Lahoual Hocine, qui était secrétaire général du parti et après un des fondateurs du Comité révolutionnaire de l’unité et de l’action (CRUA).

Pour Mechati, Gharras avait même demandé à Boudiaf de tenir une seconde réunion en présence de tous les membres de l’état-major du MTLD, mais ce dernier ne l’a pas écouté, comme il n’a pas écouté les compagnons de lutte, selon l’auteur, qui avaient craint que le groupe des 21 soit taxé de régionaliste, du fait que 16 membres du groupe étaient originaires de Constantine, alors que 4 seulement étaient d’Alger et un seul d’Oran.

Autre reproche de Mechati, le fait d’avoir nommé des chefs de régions non-originaires de ces régions, en citant le cas de Rabah Bitat, nommé à Alger alors qu’il était de Constantine et de Didouche Mourad qui dirigeait le Constantinois alors qu’il était issu d’Alger.

Pour Mechati, il n’y a que les personnes nées et ayant vécu dans une ville donnée qui peuvent les connaître et, par conséquent, savoir mener des actions militaires efficaces sans risque, du fait qu’elles ont des entourages favorables, notamment familiales, qui les protégeraient et les aideraient. Il a cité l’exemple de Yacef Saâdi, qui a dirigé des actions « spectaculaires » à Alger car, a-t-il dit, « il était un fils de la Casbah d’Alger ».

Mechati a également critiqué le Parti communiste algérien, accusé d’avoir été opposé au mouvement national, d’être un « appendice du Parti communiste français », lequel était dirigé depuis Moscou. Il a aussi dénoncé les pratiques du MNA de Messali El-Hadj, accusé d’avoir « tenté de casser par les armes l’élan de la Révolution à l’intérieur comme en France », expliquant que « toutes les tentatives des dirigeants de la Révolution de faire rallier le fondateur de l’Etoile nord-africaine (ENA) au FLN, y compris en lui proposant le poste de dirigeant suprême ont été vaines ».

L’historien Djerbal a expliqué, en revanche, que « beaucoup de militants communistes et messalistes ont rejoint individuellement le FLN, dirigé des opérations armées et beaucoup d’entre eux sont tombés au champ d’honneur, guillotinés ou emprisonnés », ce que Mechati a approuvé.

L’auteur a, par ailleurs, réservé un chapitre à la vie et aux sacrifices des militants dans la clandestinité, un autre à la naissance de la Fédération de France du FLN, dans un contexte marqué en France par la prééminence des militants du MNA (Mouvement national algérien) et un troisième aux événements du 8 mai

1945, se souvenant que « beaucoup de libérateurs de la France du Nazisme ont été choqués en apprenant ces massacres et ont commencé à militer pour l’indépendance nationale ».

Mohamed Mechati est né le 21 mars 1921 à Constantine. Il prit part à la Seconde Guerre mondiale. Démobilisé en 1945, il intègre le Parti du peuple algérien (PPA), à l’Organisation spéciale (OS), au (MTLD) et au CRUA. Il était responsable d’une zone dans l’Algérois sous l’autorité de Mohamed Boudiaf, avant d’être muté dans le Sud-Ouest.

En France, où il était envoyé pour des soins pulmonaires, il participa à la création de la Fédération du FLN. « La majorité des responsables de l’OS avaient des problèmes pulmonaires et beaucoup ont été amputés d’une partie de leur poumon, selon l’historien Djerbal, à cause des conditions difficiles dans lesquelles ils vivaient notamment durant la clandestinité ».

APS

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