Le film « Rachel », de Simone Bitton, sort le 21 octobre dans les salles. Ce film documentaire raconte les dernières heures tragiques d’une jeune américaine, pacifiste, Rachel Cornie en mars 2003. Durant les événements qui opposent Israël à la Palestine, cette jeune femme de 22 ans qui, par conviction, tentera d’éviter la destruction de maisons palestiniennes. Rachel, idéaliste, se lance dans une lutte qu’elle juge juste et tout au long de ce voyage, elle tiendra un journal de bord qu’elle expédie à ses amis et sa famille aux États-Unis. Mais les événements tournent mal et son engagement, sa lutte et son combat se terminent de façon tragique, puisqu’elle se fera écrasée par un bulldozer israélien.
Entretien :
Algerie-Focus.com : Tout d’abord une présentation rapide mais importante pour bien comprendre vos documentaires. Vous êtes née a Rabat au Maroc, pays musulman, vous êtes ensuite parti avec votre famille en Israël où vous avez appris l’hébreu puis vous avez servi dans l’armée israélienne. Suite à cela vous êtes venue à Paris pour vous lancer dans le cinéma. Vous revendiquez cette double culture juive/arabe ?
Simone Bitton : Oui. et même triple culture, car je suis aussi française et cela compte beaucoup pour moi.
Dans votre documentaire «le mur» on a l’impression d’entrée de jeu que vous cherchez à montrer ce mépris des israéliens envers les palestiniens, et ce à travers les paroles d’enfant notamment ?
Non, pas du tout. MUR ne parle pas de mépris, mais de peur. Ces enfants sont élevés dans la peur de l’autre.
Vous allez souvent en Palestine, les checkpoints sont-ils une réalité quotidienne révélatrice de la dureté des conditions de vie des palestiniens ?
On ne saurait mieux dire. Les checkpoints font partie du dispositif répressif de l’occupation militaire. Avec le Mur, le siège de Gaza et les bouclages quasi permanents des villes et villages de Cisjordanie, ils empêchent tout développement économique, et rendent la création d’un État palestinien impossible.
Que répondez vous aux palestiniens s’estimant envahis ? Quelle était votre position durant les bombardements de Gaza l’an dernier? Avez-vous milité ? Si oui comment ?
Je suis solidaire des Palestiniens dans leur quête de liberté et d’indépendance. Je ne suis pas une militante active, je ne suis encartée nulle part, je m’exprime par mes films. Parfois, lorsque la colère est trop forte, comme lors des bombardements de Gaza qui ont fait des centaines de victimes civiles, je participe à une manifestation, ou je signe une pétition. Mais je suis avant tout cinéaste, c’est mon mode de résistance.
Vous êtes résidente française, quel est votre avis sur la polémique naissante au sujet de la burqa?
Je suis citoyenne française, pas seulement résidente. Je n’aime pas la burqa, mais je n’aime pas non plus les lois répressives et je trouve que cette idée d’interdiction et le brouhaha qui l’entoure sont disproportionnés – s’agissant d’un phénomène très marginal.
On ressent de plus en plus en Occident un transfert du conflit israélo-palestinien à travers les dégradations de mosquées ou de synagogues, notamment chez les jeunes. A quoi, selon vous, cela est-il du ? Aux parents ? A une quête d’identité et un manque de repères ?
Ce phénomène m’attriste et me révolte. Il y a beaucoup de pyromanes qui l’attisent, et trop peu d’efforts éducatifs et communautaires pour y mettre fin.
Vos documentaires semblent être des œuvres pour la paix, pensez-vous qu’il existe une solution à ce conflit ?
La solution passe par la fin de l’occupation et de la colonisation israélienne, et par le respect du droit international. Je suis en faveur de pressions politiques et économiques pour le respect du droit international.
Votre film «Rachel», a été diffusé à Haifa devant un public composé de juifs , israéliens, musulmans, palestiniens, c’est finalement déjà une victoire qui vaut bien plus que n’importe quel Oscar?
Le mot de victoire est exagéré. Je parlerai plutôt de joie et d’émotion.
Propos recueillis par Vincent Pouyol
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