« Les portes du soleil » avec Lorie et Mike Tyson: Un navet « hautement patriotique »

Redaction

Lorie Pester et une partie de l’équipe du premier film d’action algérien, tourné à Oran, « Les portes du soleil – Algérie pour toujours », ont assisté à la présentation du long-métrage ce jeudi 5 mars à la salle Ibn Khaldoun à Alger. Le réalisateur, Jean-Marc Minéo a expliqué avoir voulu mettre en scène un « James bond » algérien, « hautement patriotique ».

Les Algériens pourront bien découvrir « Les portes du soleil – Algérie pour toujours », le premier film d’action algérien qui s’est d’abord fait connaître du grand public par son casting improbable, réunissant sur un même écran l’ex-idole des adolescentes, Lorie Pester (surprenante dans son rôle !), l’ancien poids lourd de la boxe internationale Mike Tyson (une apparition aussi brève que surréaliste) et le comédien algérien Smaïn. La sortie officielle du film en Algérie est prévue pour le 18 mars prochain. Il sera projeté, à partir de cette date, à la salle Ibn Khaldoun à Alger et la salle Le Colisée à Oran, où le film a été tourné. « Les portes du soleil » sera également diffusé dans pas moins de « 200 » cinémas français et « un peu partout dans le monde : Russie, Japon, Etats-Unis. On a gagné sur ce point », s’est félicité Zakaria Ramdane, le producteur, qui incarne également le personnage principal, lors de la présentation du film à la presse ce jeudi 5 mars à la salle Ibn Khaldoun àAlger.

« Les portes du soleil -Algérie pour toujours » est une plongée dans le milieu du grand banditisme et de la nuit à Oran. Slimane (Smaïn) un mafieux dangereux et son acolyte sanguinaire Sanya (Lorie) terrorisent un patron de boîte de nuit qui s’est endetté auprès du gang. Dans le même temps, Slimane, sympathisant de l’OAS, la structure clandestine qui souhaitait le maintien du colonialisme en Algérie, prépare un attentat. Mais il doit affronter Jawad, un agent secret algérien venu de France, spécialiste des arts martiaux.

Lorie Pester à Alger ce jeudi 5 mars pour la présentation du film "Les portes du soleil". Crédit photo : AF
Lorie Pester à Alger ce jeudi 5 mars pour la présentation du film « Les portes du soleil ». Crédit photo : AF

« Montrer un héros arabe »

Connu pour son film d’arts martiaux « Bangkok fighter » (sorti en 2011), le réalisateur Jean-Marc Minéo explique s’être servi à la fois des « standards internationaux du film d’action » et d’une « couleur » proprement algérienne pour écrire le premier film algérien du genre. Partant du constat que les héros arabes ou maghrébins sont très peu présents sur les grands écrans, Minéo ne cache pas avoir voulu produire un »James bond » algérien, en donnant la part belle à Zakaria Ramdane, amateur d’arts martiaux depuis son enfance. Pour l’anecdote, l’acteur-producteur est même homologué dans le Guinness des records pour ses performances. « J’en avais marre que là-bas (ndlr en France) on ne montre que les arabes qui posent des bombent. Il y a des héros même de ce côté de la Méditerranée ! », a lancé Jean-Marc Minéo, durant la conférence de presse.

Malgré le virage politique inattendu du mafieux au beau milieu du film et la référence à l’OAS, Minéo se défend d’avoir voulu faire un film politique ou politisé. « Ça me permettait de justifier la folie » du personnage bling-bling incarné par Smaïn, « de le rendre plus méchant », dit-il. « J’ai voulu faire un film hautement patriotique. Les Algériens peuvent être fiers de leur drapeau », a lancé le réalisateur français, dont le père est né à Tizi Ouzou.

Surréaliste

La démarche est louable. Reste que le film est loin de convaincre: Un montage faussement psychédélique, des bruitages assourdissants, une utilisation excessive du zoom … Dire que la mise en scène n’est pas fluide est un euphémisme. Le spectateur sort de la projection avec une drôle d’impression, comme si « Les portes du soleil » n’était qu’un ensemble de scènes surréalistes et maladroitement mises en scène, mises bout à bout presque par hasard. Le film n’a ni queue ni tête, à l’image de la conversion du bandit, joué par Smaïn, en terroriste politique. Aussi improbable que le casting ! On se retiendra d’évoquer la pauvreté des dialogues ou de s’interroger sur l’apparition furtive de Mike Tyson, dans son propre rôle, au beau milieu d’un cabaret oranais. Un personnage tire son épingle du jeu : l’étrange Sanya, incarnée par Lorie Pester, l’ex-star de la chanson française pour adolescentes, qui fait là ses débuts au cinéma. Métamorphosées, les cheveux teints en noirs corbeau et l’allure à la garçonne, dans son long costume rayé, Sanya est le seul personnage doté d’un semblant de consistance.

« Les portes du soleil » a au moins le mérite de montrer l’Algérie telle qu’elle est aujourd’hui, grâce à des plans d’ambiance filmés dans la superbe ville d’Oran.