Livre. Le chat aux yeux d’or de Fadéla M’Rabet

Redaction

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Djedda. Nana est morte. Des pensées et des images envahissent son linceul de souvenirs, inondant les pages du livre, le chat aux yeux d’or, de lucidité. Cette splendide œuvre est un diamant de flammes réflexives sur la femme, l’homme et l’enfant, sur les possédés et les maîtres de leur destin. Elle met en lumière deux époques différentes : celle de l’Algérie combattante, « souvenir de corps décharnés par la misère, de visages ravagés par le chagrin, mais les yeux grands ouverts », d’êtres « vaincus » mais dont le regard « accusait et révélait un mépris définitif, qui leur conférait une souveraineté impériale, une force surnaturelle », et d’une Algérie de nos illusions et de nos rêves avortés.

Les mailles de lin blanc de Nana refont vibrer ces instants d’espoirs et d’indépendance et la misère noire des femmes privées de liberté. Fadéla M’Rabet décrit aussi le mépris que les tyrans portent sur la femme, en la transformant en monument funéraire.

Il y a deux types de femme dans le regard de l’Algérien : la femme algérienne qu’il considère comme une pâle copie occidentale et la Française « que les maghrébins gratifient. Mêmes s’ils la méprisent moralement et l’assimilent à une pute, ils voient aussi en elle une développée. Paris a plus d’un attrait, dont le plus fascinant est la Française. »« Nana était la seule femme que son mari osait appeler par son prénom. »

Le chat aux yeux d’or dénonce les faux-semblants, les préjugés. Ce magnifique ouvrage démystifie les fausses croyances, mettant en exergue une série de vues lumineuses des méprisantes et inconscientes postures d’hommes qui croient être libérés.
Oncle Ali était à part en donnant un nom à Nana. Il mourut quelques années avant elle, durant son sommeil.
Un fluide est inscrit sur ces pages. On entend la vie, le surgissement d’un monde, un charme difficilement explicable.

Fadéla Hebbadj

Le chat aux yeux d’or de Fadéla M’Rabet, Editions Des femmes, 10 €.