Rencontre avec le chanteur Kamel El-Harrachi

Redaction

À l’occasion de la nuit du Destin, nous avons rencontré Kamel El-Harrachi lors d’un concert organisé par le restaurant la Bague de Kenza. Ce grand artiste modeste et discret dont la forte notoriété est confirmée depuis plusieurs années, évoque son parcours et ses projets. 

Kamel est né à Alger dans les années 70 où il a suivi une scolarité jusqu’à la Terminale. Après avoir passé la majeure partie de sa vie en Algérie il décide de s’installer en France, où il vit depuis 16 ans maintenant.

Il évoque avec beaucoup d’émotion son engouement pour la musique chaâbi, « j’ai été bercé toute mon enfance par cette musique, c’est la seule qui m’inspire vraiment. »

La musique dans les gènes

A l’âge de 6 ans, Kamel débute son apprentissage musical;  » je grattais déjà la guitare à 7 ans et j’ai écris mes premiers textes vers 22 ans. » Je me souviens de ma première scène à l’âge de 16ans. C’était le mariage d’un voisin et il avait choisi un chanteur chaabi qui m’a proposé de reprendre une chanson de mon père. »

L’héritage laissé par son père Dahmane El-Harrachi est immense.  » Je ne l’ai pas beaucoup connu mais il me parlait surtout de l’école ». Son amour pour le chaâbi vient principalement de ses textes. « Dahmane donnait un sens à ses paroles, plus qu’un chanteur, il est resté pour beaucoup un éducateur ». Sa volonté de nous montrer le droit chemin est restée ancrée dans la mémoire collective. Pour lui, la culture musicale en Algérie reste très omniprésente et en mutation permanente.

Après ce jour, il attendra l’âge de 23 ans pour se produire sur scène. « C’est important pour moi de composer et de créer mes propres chansons, aujourd’hui le public me distingue clairement de l’oeuvre de mon père ».

Et tous les thèmes le passionnent, Kamel aime évoquer le social et le vécu.  » C’est parfois difficile pour moi d’écrire, je garde le sentiment profond que mon père a déjà tout dit. » Ainsi, en s’inscrivant dans la mémoire musicale de Dahmane, il conserve sa touche personnelle appréciée par  de tant de fans. Kamel est un artiste libre qui dédie sa vie à son art, « c’est une chance de pouvoir vivre de sa passion comme je le fais, j’ai travaillé pendant longtemps dans le textile et je faisais en même temps des tournées. La difficulté de concilier les deux m’ont poussé à choisir exclusivement la musique. »

Quant à ses sources d’inspirations, elles sont nombreuses. Il écoute tous les styles musicaux mais confère une place prépondérante à deux artistes algériens, Amar Ezzahi et El Hachemi Gerouabi, qu’il a eu l’occasion de rencontrer en France. Lorsqu’il débute sa carrière, de nombreux chanteurs se produisent à Alger dans des soirées privées auxquelles il va assister pratiquement tous les jeudis.

« Celui qui m’inspirera énormément plus tard c’est Ezzahi. Il a apporté un nouveau souffle à la chanson Chaabi, très visionnaire tout en préservant l’essence de cette musique » explique t-il.

Universaliser le Chaâbi

Il débutera les spectacles en France à partir de 1997. Sa notoriété va exploser et lui permettra de se produire dans le monde entier.  » Je suis très fier de faire découvrir cette belle musique, j’ai fais des tournées pratiquement dans toute l’Europe, l’Amérique latine et les pays Scandinaves. En Nouvelle Zélande personne n’écoute de chaâbi, j’ai constaté que les gens étaient impressionnés. Mon travail est de faciliter et d’universaliser cette musique, j’ai réalisé de nombreuses traductions en anglais, en français. Je me produit sur scène avec des instruments acoustiques, cela permet de perpétrer un charme ancestral. »

Kamel se remémore avec émotion sa plus belle scène « c’était il y a deux ans en Angleterre, j’ai fait la première partie de Peter Gabriel, ce jour reste l’un des plus marquants de ma carrière ».  Néanmoins, son plaisir reste de se produire sur des petites scènes;   » il n’y a pas de protocole, l’ambiance est conviviale, je suis toujours présent lorsque l’on me sollicite ». Ce dernier a participé dernièrement à la célébration de la fête nationale en Algérie.

Ses projets vont se multiplier, des tournées au Canada, en Norvège et au Danemark sont prévues avant la fin de l’année. Il enregistre actuellement son troisième album qui comportera une dizaine de chansons.

Myriama Mokdahi