S’il était encore vivant, Lounès Matoub fêterait aujourd’hui le 24 janvier son 59ème anniversaire. Mais les mains de l’intolérance lui ont fauché la vie l’année de ses 42 ans. Il a été ravi aux siens à un âge où il fût au sommet de son art.
Le hasard a fait que, à deux jours de son anniversaire, une petit ville de la banlieue de Paris, en France, inaugure un carrefour qui porte son nom. 11 endroits, entre rues, placette, carrefours et jardins, portent le nom du barde de la chanson d’expression kabyle dans l’Hexagone, le pays où il aimait chanter et parfois vivre lorsqu’il se sentait menacé dans son propre pays, l’Algérie. Car, ici dans son pays, un seul carrefour, à Tizi-Ouzou, porte le nom de Lounès. Le reste du pays ne reconnaît toujours pas cet homme qui reste adulé, voir défié, dans sa région natale.
Rebelle, au vrai sens du terme, Lounès Matoub fut un exemple d’abnégation et de combat. Très jeune, il se soulève contre l’exclusion que vivait son peuple et, surtout, sa langue. Le combat pour la langue et la culture berbère seront, d’ailleurs, les grandes causes du combat de ce chanteur dont la notoriété avait dépassé les frontières du pays.
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« Je suis algérien, laïc et berbère ». Voilà les trois points qui résume les combats de la vie de Lounès Matoub. Interrogé par une chaîne de télévision française quelques mois après avoir été kidnappé par un groupe terroriste fin 1994, le chanteur-poète avait cette phrase prémonitoire : « Je préfère mourir pour mes idées que de mourir de vieillesse », avait-il répondu.
Matub était un chanteur. Mais il était également un défenseur de la modernité et des droits de l’Homme. Il défendait, dans ses chansons et dans ses sorties médiatiques, le droit à la tolérance, à la différence. Mais il était foncièrement opposé aux islamistes qu’il combattait sans relâche et sans hésitation. « Oh, veuves ! Nous avons perdu les meilleurs hommes ! », Chantait dans Hymne à Boudiaf. C’était déjà en 1992. Une vérité qui reste d’actualité plus de 20 ans après !
Essaïd Wakli