Vie culturelle et artistique aux Émirats Arabes Unis : « Tout ce qui brille n’est pas or »

Redaction

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La 10e biennale de Sharjah aux Émirats Arabes Unis se veut une plateforme de dialogue, d’échanges entre les diverses communautés des Émirats et les 30 artistes mondialement connus, invités à produire une œuvre ou plus.

Cette biennale se veut le film d’une ville avec ses personnages, en l’occurrence les artistes. Les thèmes retenus sont : l’expérience, la trahison, la nécessité, l’insurrection, la corruption, etc. Le fil conducteur étant le rythme de la ville, ses activités centrées sur les échanges et le commerce.

Les œuvres proposées sont de nombreuses « scènes » qui parcourent la ville: installations, sculptures en plein air. De gigantesques cubes ont été construits à l’extérieur du musée pour la projection de films et vidéos.

Performances, danses, théâtres se poursuivent et se répandent à différents endroits de la ville. A noter la présence de Ammar Bourras, artiste algérien avec une œuvre s’intitulant « Tagh’out », une installation multimédia au bâtiment D.

Sharjah, et surtout sa presqu’île dotée de musées et de théâtres, est dédiée à la culture et à l’art, elle attire de nombreux spécialistes du monde l’art. La Biennale a lieu dans le musée d’art moderne situé sur la corniche face ou port de Sharjah.

La biennale a été inaugurée le 16 mars par l’Emir Sheikh Sultan Bin Mohammed Al Qassimi, gouverneur de Sharjah suivi par les notables de la ville sous l’œil médusé des marchands indiens et pakistanais, tenanciers de boutiques de tissus bigarrés et châles pashmina qui font le bonheur des touristes.

En dialogue avec ce paysage, l’œuvre maîtresse de l’artiste Aisha Khalid « Pashmina Shawl », qui consiste en deux châles superposés que traversent des milliers d’aiguilles en plaqué et or, donne un endroit aux motifs traditionnels, étincelant et fin. L’envers, par contre, pointe ses aiguilles menaçantes, le revers de la médaille en quelque sorte et qui met l’accent sur la disparité entre une consommation excessive du textile dans cette région et les réalités géopolitiques et leurs conséquences sur le travail humain.

« Tout ce qui brille n’est pas or » dit-on. C’est le cas de la foire annuelle art Dubai,  » Dubai Art Fair », à Medinat Jumeirah, qui se tient du 15 au 19 Mars. Une foire purement commerciale et qui se veut contemporaine, mais elle est plutôt régionale et « Bling, Bling » : paillettes, cristal de Swarovski couvrent les toiles et autres sculptures, un vrai feu d’artifices. Chercher l’art là-dedans ou l’erreur !

Mais revenons à Sharjah, au bâtiment A de la biennale, et admirons les peintures miniatures de Imran Qureshi. L’artiste réussit une réactivation de l’art miniature dans toute sa splendeur, sans fards et sans artifices. De véritables bijoux ! de petits chefs d’œuvre.

A la foire De Dubai, rendons hommage à une galerie de San Fransisco qui ose présenter des œuvres multimédias époustouflantes de savoir faire technologique mis au service de l’art. Elle apparaît comme un « alien » dans cette foire de peintures/tableaux pour salon que les galeries de Dubai affectionnent.

Aux Emirats, les moyens mis en place pour la présentation « des œuvres d’art » sont colossaux, et dans ce cas, n’importe quel barbouillage devient prétentieux. Une question me vient à l’esprit cependant : est-ce l’argent qui fait l’art ou l’Art qui fait l’argent? On aura beau faire un bel emballage, cela ne fera jamais une œuvre d’art à l’exception peut-être de l’urinoir de Marcel Duchamp.

Mamia Breteshé, galeriste algérienne

A découvrir

Dubai art week : Metropolart des artistes et des villes présente Femlink . Projection de Vidéos d’Art de 50 artistes, 50 pays ! Université Américaine à Dubai du 13 au 19 mars.
Curateur : Mamia Bretesché

Information voir le site web de Sharjah Biennial