Depuis son premier album édité en 1995 « Macci d bu melyan, je ne suis pas milliardaire », Lakhdar Sennane est resté fidèle à cette façon discrète de chanter la vie. Il fait partie de ses chanteurs qui tentent tant bien que mal de maintenir cette flamme d’espoir de vivre pleinement une vie débarrassée des pésanteurs.
Sa chanson « Yellis umarkanti, la fille du riche » l’a fait connaître. Et depuis, il a édité d’autres albums qui traitement de sujets divers » D ul iw, c’est mon cœur « , « Tamurt iw, mon pays « , « Adrar iw, ma montagne » et « Asirem, l’espoir ». Ce qui revient comme une constante dans son travail c’est ce désir de faire vivre l’espoir et ainsi de rester vivant. Même au plus profond du désarroi, il n’a cessé de rappeler à l’espérance. C’est le message de son dernier album « Asirem, Espoir « . A l’occasion de la journée de la femme, il se produira dimanche 9 mars à 15h au Le Cheval Noir, 2 Route de Noisy 93500 Pantin à Paris.
Lakhdar Sennane s’est fait connaître avec la chanson « Yellis Umerkanti, la fille du riche ». Les gens ont tendance à réduire votre parcours à cette chanson alors qu’il y a d’autres albums. Quel est votre parcours ?
Lors de la sortie de l’album « Amizab, fontaine », je ne m’attendais pas au succès de cette chanson. Dès le départ, les gens ont aimé cette chanson. Et cela se comprend. Le sujet les a touché donc ils l’ont naturellement apprécié. C’est grâce à cette chanson qu’ils ont découvert d’autres chansons. Ceci dit, j’ai aussi d’autres albums, le tout premier édité en 1995 « Macci d bumrlyan, je ne suis pas le milliardaire », « D ul iw, c’est mon cœur », « Tamurt iw, mon pays », « Adrar iw, ma montagne » et « Asirem, l’espoir ».
Je m’intéresse beaucoup au texte et malheureusement, c’est venu à un moment où la chanson non-stop est devenue une mode. Les médias ont négligé la chanson et les producteurs ont privilégié la chanson fête. Cela se comprend dans la mesure où c’est venu après la décennie rouge. Je dois aussi noter une absence de 2002, date de la sortie de « Tamurt iw, mon pays » jusqu’à 2008, date de la sortie de « Adrar iw, ma montagne » . Je n’ai pas été en Algérie jusqu’en 2013. La chanson m’a permis de rester vivant et fidèle à mon public.
On parle souvent du statut de l’artiste et on a l’impression que ce sont des promesses non-tenues.
Le jour où l’on respecte la culture et l’art, on aura autre idée du monde et de nous-mêmes. Valoriser la culture est une façon d’espérer à changer les choses et de rester vivant. Même dans les pires conditions, les artistes résistent par amour de la musique et par amour à ce public qui les accompagne. Ce que nous donnons, il ne revient pas. Il y a une volonté de faire. Il y a encore du travail à faire et cela ne sera possible que par la valorisation des compétences, l’ouverture sur le monde ; les nouvelles technologies par exemple – qu’on puisse faire avancer les choses. Faire connaître davantage la chanson.
Le regard sur la chanson kabyle est mitigé. Il y a ceux qui disent qu’elle se porte bien et d’autres qui s’alarment. Quelle appréciations vous en faite?
La chanson kabyle n’est pas valorisée à sa juste valeur. Par tradition, elle est contestataire. Elle est comme conditionnée par un vécu qui n’est d’ailleurs pas simple. Cela se répercute sur elle. Il y a beaucoup de belles choses qui se font et qui malheureusement passent inaperçues. Il y a des manques de médiatisations et parfois de désintérêt. Il y aussi d’autres facteurs comme par exemple le manque de prise de risque des producteurs ainsi que le piratage qui ne touche pas uniquement la chanson kabyle, c’est un phénomène mondial. Par rapport aux potentialités existantes, la chanson pourrait bénéficier d’un essor plus intéressant.
Quels sont vos projets ?
Je suis en train de préparer un nouvel album. Il y aura de différentes choses. Je prépare un spectacle le 9 mars à Pantin, Le cheval noir. J’ai d’autres projets que j’espère réaliser en France et dans mon pays, l’Algérie. Je tiens au passage saluer mon public.
Propos recueillis par Khaled Ramdane